L’épisode de la Journée du retrait bouscule fortement l’Ecole, salit les enseignants et porte préjudice aux enfants à qui on apprend à se méfier de leur professeur. Mais elle a le mérite de sonner comme un ultime avertissement pour ceux qui aiment l’Ecole.
Nous voilà prévenus. Les ultra conservateurs ont des projets pour l’Ecole. Ils associent la haine de l’école publique, le retour à l’ordre moral religieux et la régression pédagogique. Dans la mouvance de la JRE se réunissent tous les traditionalismes y compris l’association Lire-écrire. Son initiatrice est aussi une militante acharnée du conservatisme pédagogique. Mais le mouvement nous invite aussi à aller plus loin dans la réflexion sur la crise de l’Ecole.
Depuis une semaine les affirmations les plus ridicules circulent chez des milliers de parents. Ils recoivent des SMS ou des mails qui leur parlent de masturbation en classe, de garçons habillés en filles par le maître, d’incitation à l’homosexualité prêchée par les maitresses. Tout cela est bien sur ridicule et mensonger. Mais ce qui est important c’est que c’est cru. Pas par tous les parents. Par ceux qui sont les plus éloignés de l’Ecole. Dès le 27 janvier il était clair que c’était dans les communautés turques ou maghrébines que le mouvement JRE avait le plus d’impact.
On sait que l’Ecole a du mal à communiquer avec les parents. Traditionnellement elle s’en méfie. D’Alain à Durckheim, les pères fondateurs de l’Ecole républicaine n’ont cessé de se méfier des parents « obscurantistes » et de les rejeter à la périphérie de l’Ecole. On en paye le prix aujourd’hui. Un minimum de dialogue avec les familles et la meilleure réponse aux rumeurs déraisonnables qui circulent. Mais il faut que le ministre ordonne ces rencontres pour qu’à certains endroits elles aient lieu.
Mais ce qui crédibilise aussi les rumeurs c’est la réalité du caractère discriminatoire de l’école sur le plan social mais aussi sur le plan ethnique. Cette discrimination a suffisamment été mise en évidence depuis une dizaine d’années pour qu’on se limite à rappeler les travaux de Felouzis par exemple, ou simplement les résultats de PISA 2012. Il y a un lien étroit entre ces discriminations, l’écehc scolaire et le rejet par l’Ecole de la diversité culturelle.
En d’autres termes, l’Ecole ne va pas s’en tirer avec simplement des réunions de terrain. elles sont nécessaires mais pas suffisantes. Il va bien falloir qu’elle s’attaque à ses discriminations. et qu’elle ose la diversité culturelle.
François Jarraud