Les enseignants seront-ils demain des agents territoriaux ? C’est une des trois questions brûlantes auxquelles répond François Bonneau, responsable de l’éducation pour l’Association des régions de France (ARF) et président de la région Centre. Il fait le point sur la mise en place du service régional d’orientation et sur le nouveau partage de compétences qui se met en place avec l’apparition des métropoles.
Le président de l’ARF a évoqué la gestion des enseignants par les régions. Qu’en pensez-vous ?
L’objectif de la décentralisation en matière d’éducation c’est de conforter la place des régions. Elles ne sont plus simplement celles qui paient la facture de gaz . Ce sont des collectivités qui interviennent notamment avec la nouvelle loi pour la carte des formations professionnelles, pour qu’il y ait de bons équipements par exemple pour la maitrise des langues, ou encore pour faciliter les stages à l’étranger. La place des régions c’est aussi faire en sorte qu’on ait des internats qui permettent l’égalité d’accès sur le territoire. On veut la reconnaissance de ces compétences par la loi. Et ça avance bien par exemple pour l’orientation qui sera structurée au niveau des régions. Les enseignants sont ils impactés par cela ? Oui d’une certaine manière par la carte des formations professionnelles. Dans 30 ans notre pays aura-t-il un fonctionnement donnant plus directement le pouvoir aux régions d’intervenir sur le statut des enseignants ? Ce n’est pas notre objectif. Par contre, on souhaite que la gestion des enseignants se fasse par rapport à la carte des formations et à l’égalité des territoires, d’une manière très attentive aux logiques de territoire et pas simplement dans une vision descendante.
Sur le terrain, pour les CIO, on observe un certain flottement dans la mise en place du service d’orientation. Comment voyez vous cette évolution ?
Il n’y a pas de flottement. Il y a dans la loi la concrétisation de ce que nous avons construit en matière de service public régional d’orientation. Ca devrait devenir de droit commun cet automne. S’agissant des CIO, il est vrai que certains départements financeurs interrogent leurs responsabilités. Ca amène l’Etat à réorganiser ses services, parfois en mettant une antenne CIO là ou il y avait un CIO, ou encore à nous demander des locaux dans les lycées. On est dans une réponse pragmatique et en même temps nous développons ce service public régional d’orientation qui est très attendu. Il va intéresser les salariés qui vont avoir de nouveaux droits de formation dans la loi en discussion. Ils vont avoir besoin d’être mieux informés. Il faudra qu’ils puissent rencontrer le bon interlocuteur ce qui implique une vision structurée du service d’orientation.
Vous liez démocratie locale et compétences locales. En même temps les régions demandent des compétences exclusives. N’est ce pas contradictoire ? Les compétences croisées qui existent aujourd’hui sont complexes. Mais ne sont-elles pas plus démocratiques ?
Pour les régions il y a une logique de niveau du bac -3 bac au bac + 3. Car c’est là que se joue la préparation au supérieur ou la formation professionnelle. Pour cet ensemble, on souhaite que le rôle des régions soit confirmé. Certaines intercommunalités importantes ont pris la gestion des collèges. Faut-il aller dans ce sens ? Si ça permet une cohésion, une économie d’échelle c’est au terrain de le dire. La décentralisation en matière d’éducation amène une vraie force. Les départements ont rénové les collèges, les régions l’ont fait pour les CFA et les lycées professionnels par exemple. On constate qu’on a besoin parfois de se rapprocher avec les départements par exemple pour le numérique. On doit pouvoir le faire dans le cadre d’un travail en commun. Je ne pense pas qu’il faille bouger les équilibres de responsabilité des collectivités par rapport aux niveaux d’enseignement.
Propos recueillis par François Jarraud