Devant la presse, Vincent Peillon a présenté le 22 janvier ses priorités pour l’année 2014. Après une année 2013 marquée par la conduite, à un rythme effréné, de réforme, 2014 sera l’année de la pause et de l’approfondissement. D’autres priorités se profilent, comme le combat pour les valeurs, en une année qui est d’abord électorale.
Une année « méticuleuse »
« Nous avons à peu près tout mis en oeuvre en un an et demi. Maintenant il faut s’assurer que cela produise ses effets sur le terrain ». Recevant la presse le 22 janvier, Vincent Peillon annonce un tournant et trois priorités pour 2014. A la phase de construction de la refondation, doit succéder celle de la consolidation. « Je suis préoccupé de l’application des réformes », explique-t-il. « L’enjeu c’est une transformation réelle des pratiques en classe…Il y a des résistances, nous devons les lever ». La mise en oeuvre » des réformes de 2013, comme les Espé, les rythmes scolaires, les nouveaux programmes, va occuper le ministère en 2014. « On est dans une année d’accompagnement », annonce le ministre. Il prévoit un grand colloque « pour quitter les programmes encyclopédiques et passer au curriculum ».
Notation, redoublement, évaluation : circulaires en vue
2014 devrait voir l’administration tenter de changer les pratiques pédagogiques par voie de circulaires. Pour Vincent Peillon, il s’agit de promouvoir « le bien être et la bienveillance » à l’Ecole. « Des directives claires seront données par la Dgesco pour faire évoluer la façon de noter les élèves », annonce V Peillon. « Il y a des résistances », explique-t-il. « Je donnerai des consignes pour limiter les redoublements, pour que l’orientation soit davantage choisie ». Le ministre veut ainsi tenter de faire entrer dans la classe les idées inscrites dans la loi d’orientation. Mais peut-on décréter des pratiques pédagogiques ? La dernière tentative de réglementer l’évaluation, en 2000, sous Allègre, n’a pas laissé un bon souvenir. Bien que le ministre n’ait jamais interdit de zéro, cette question avait phagocyté une opposition contre le ministre.
Peillon veut aussi défendre le bien être des élèves et des enseignants. Pour le premier il promet des textes sur la pause méridienne au collège, qui devrait être garantie, et sur les emplois du temps, limitant la charge des journées. Pour les enseignants, il prévoit des textes pour améliorer le système de mutations.
Mener le combat idéologique
Mais 2014 c’est aussi l’année électorale où gauche et droite vont s’affronter. Déjà le débat est lancé par l’UMP sur le terrain scolaire, en début de semaine avec la proposition de loi sur les rythmes scolaires, le 22 janvier avec la proposition Ciotti sur le dépistage du cannabis et d’Estrosi sur l’enseignement de l’histoire nationale. « Il y a dans notre société trop d’incompréhension, d’antagonismes, de racisme, de méconnaissance de nos valeurs », déclare Vincent Peillon. « La refondation de l’Ecole est l’instrument d’une refondation républicaine que nos compatriotes attendent ». Le ministre, candidat dans un sud-est où la droite extrème fait le plein, veut se battre sur le terrain des valeurs. « Le travail d’éducation des esprits, de tolérance, de respect appartient à l’Ecole », déclare Vincent Peillon. Il annonce des ressources pour les enseignants pour évoquer la Shoah ou combattre la quenelle. L’année 2014 est décidément une année politique.
François Jarraud