« Bond en avant », « Nouvel élan », « bons rails », le plan Peillon pour l’éducation prioritaire réussit un exploit rare : faire l’unanimité des syndicats et des associations de parents en sa faveur. Mais déjà percent, sous le sucre des louanges, l’amertume de la cigüe…
Le Se unsa est peut-être le plus enthousiaste. Evoquant un peu malheureusement un « bon en avant » (l’expression désigne une époque sombre du règne de Mao), le syndicats relève que « les mesures annoncées sont à la fois pédagogiques, indemnitaires, de formation, d’accompagnement ou de carrière…vont dans le sens de l’amélioration des conditions d’exercice, de la stabilité des équipes et de la considération des personnels pour enfin travailler autrement ». Mais « c’est bien dans la mise en œuvre concrète du continuum de la maternelle à la fin du collège que se joue le succès de ce plan… La dimension interministérielle est incontournable ».
Le Sgen Cfdt estime que ces mesures » constituent une étape importante vers la reconnaissance des personnels et l’amélioration de leurs conditions de travail. L‘augmentation de l’indemnitaire, la mise en place de formations spécifiques, la réduction du face-à-face élèves au profit du travail en équipe sont une réponse aux attentes des personnels ». Il demande leur extension à l’ensemble du système éducatif.
La FSU, si acerbe sur la politique gouvernementale, salue également le plan Peillon. » La FSU considère que s’il est effectivement mis en œuvre, ce plan de rénovation est de nature à créer les conditions d’une réelle amélioration des résultats scolaires des élèves. Elle se félicite de ce choix assumé de faire porter l’essentiel de l’effort budgétaire sur ces territoires, pour ces élèves ». Mais, » cette priorité ne doit pas conduire à dégrader les conditions d’études de l’ensemble des élèves non scolarisés dans ces réseaux, pas plus que les conditions de travail des personnels. A cet égard, les remontées concernant la préparation de la rentrée 2014 sont inquiétantes ». Le Snuipp, » sera très exigeant pour que la mise en œuvre de ce plan se décline concrètement dans les écoles. Son financement doit être programmé sous la forme d’une dotation supplémentaire dans le prochain budget pour ne pas qu’elle se fasse au détriment des besoins des autres écoles et de leurs enseignants hors éducation prioritaire ».
Du coté des parents la Fcpe applaudit mais « tient à souligner que c’est l’École dans son ensemble qui doit connaître une profonde transformation pédagogique pour le bien de tous les enfants. Si l’objectif est bien la réussite de tous, le système ne peut continuer à fonctionner pour sélectionner une élite en excluant au passage ceux qui éprouvent le plus de difficultés à y trouver leur chemin. » Du coté de la Peep, le sourire est plus amer. « Ca fait 30 ans qu’on se rend compte que l’éducation prioritaire, malgré la multiplication des refontes et beaucoup de bonne volonté, ça ne fonctionne pas », déclare Valérie Marty, présidente de la Peep à l’AFP. « On espère que cette énième refonte va modifier les choses. Mais elle n’aborde pas la question des contenus pédagogiques et programmes scolaires qu’il faudrait adapter aux élèves en difficulté ». Les parents de la Peep semblent donc toujours en opposition au principe de la refondation du prioritaire qui est de ne pas abaisser les exigences, un des problèmes actuels des réseaux, et de ne pas constituer une « école différente pour les pauvres » comme elle existait sous la IIIème République.
Du coté syndical, le front budgétaire est ouvert. Le ministre parle de transférer des moyens sans donner plus de précision. La Fsu est hostile à ces transferts. Dans el contexte de réduction budgétaire, l’unanimité sur la plan Peillon pourrait bien voler en éclat.
F Jarraud