Après les voeux présidentiels, on pouvait craindre que l’Ecole passe au dernier plan des préoccupations du gouvernement. L’allocution de François Hollande, le 14 janvier, redonne à la politique en faveur de la jeunesse sa priorité. Mais comment conjuguer soutien à l’Ecole et économies budgétaires ?
Les inquiétudes du 1er janvier
« Je vous le redis ce soir : je n’ai qu’une priorité, qu’un objectif, qu’un engagement, c’est l’emploi ! » Dans ses voeux aux Français, le président de la République ne faisait plus de l’Ecole une priorité. Tout au plus affirmait-il que » la Nation doit se mobiliser autour de son école » avant de redire « nous devons faire des économies partout où elles sont possibles ». Or l’éducation nationale, premier budget de l’Etat, est un endroit où récupérer des moyens !
Le retour de l’éducation le 14
L’allocution présidentielle du 14 janvier a redonné à la politique pour la jeunesse une place prioritaire. « C’est pour la jeunesse que le Gouvernement poursuivra la revalorisation des bourses universitaires qui ont déjà bénéficié à 100 000 étudiants. C’est pour la jeunesse que nous luttons contre les décrochages scolaires », a annoncé le président. « Demain, en Conseil des ministres, le ministre de l’Education, Vincent Peillon présentera un plan pour l’éducation prioritaire. L’idée est simple : rendre plus attractif pour les enseignants les postes dans les territoires qui concentrent le plus de difficultés, stabiliser les équipes. Des mesures d’une ampleur inédite seront prises pour améliorer leurs conditions de travail, leurs rémunérations et leurs perspectives de carrière. L’école, c’est la République. Et la République, c’est notre héritage mais c’est aussi notre avenir ».
Voilà le budget de l’éducation nationale remis en selle. Et le suspense sur la politique prioritaire fortement alimenté. V. Peillon présentera à la presse son plan pour l’éducation prioritaire le 16 janvier. Les grandes lignes en ont déjà été discutées lors de la négociation sur le métier. On sait que les enseignants des zones prioritaires devraient bénéficier d’une décharge d’environ 2 heures hebdomadaires, chaque heure de cours étant comptée pour 1,1 h. Le ministère a prévu cette mesure pour 100 réseaux Eclair. Ira-t-il au delà ? Avec quels moyens ?
L’Ecole entre pression budgétaire et nouvelle décentralisation
Car la pression budgétaire, dont l’Ecole a été largement exonérée, va se renforcer en 2015. « Entre 2015 et 2017, nous devrons dégager au moins 50 milliards de plus… Plutôt que de procéder à des coupes budgétaires aveugles – comme cela a pu se faire dans le passé – et indifférenciées qui touchent tout le monde et qui sont injustes, je propose de mener des réformes structurelles, de redéfinir les principales missions de l’Etat et de revoir nos mécanismes de redistribution pour les rendre plus justes… Je constituerai donc autour de moi, un Conseil stratégique de la dépense. Il se réunira chaque mois pour évaluer les politiques publiques », a déclaré le président. Il serait souhaitable que le ministre de l’éducation nationale participe à ce super gouvernement…
L’Ecole va également être concernée par l’autre grande mesure présidentielle : la réforme de la décentralisation. « Nous devons.. en terminer avec les enchevêtrements, les doublons et les confusions. Les régions se verront confier, dans une prochaine loi de décentralisation, de nouvelles responsabilités et seront même dotées d’un pouvoir réglementaire local d’adaptation… Les départements, ceux qui sont situés dans les grandes aires métropolitaines devront redéfinir leur avenir… Pour les accompagner, il y aura des incitations puissantes qui seront introduites. Les dotations de l’Etat varieront selon les regroupements qui seront faits ».
Alors que le gouvernement devait lancer un Acte III de la décentralisation confiant notamment aux régions la lutte contre le décrochage et l’orientation, le président n’a pas fait part de ses orientations. Entre région, département et métropole, les cartes scolaires pourraient être rebattues.
La FSU déjà mobilisée contre
Dans une double lettre, au président et aux fonctionnaires, Bernadette Groison, secrétaire générale d ela FSU, a pris position contre la nouvelle politique annoncée par F. Hollande. » La FSU veut sortir de l’opposition stérile du quantitatif et du qualitatif. Réformer la Fonction publique nécessite des moyens, il convient pour cela de sortir des politiques d’austérité qui nous enferment dans une spirale récessive et donc d’engager une réforme fiscale juste et d’ampleur, organisant une redistribution des richesses ». Ses syndicats sont clairement dans l’opposition.
François Jarraud