« Comment, dans un contexte marqué par la présence massive des écrans et le développement des usages du numérique, les lycéens de Terminale abordent-ils les épreuves scolaires faites de tests et de verdicts ? » Dans Recherches en éducation, Laurence Le Douarin (Ceries Lille 3) analyse cette année hors du commun où les tensions sont au maximum. « L’épreuve de l’année de Terminale oblige à trouver les rythmes nécessaires en vue d’articuler les différentes sphères d’activités tout en maintenant le cap sur l’obtention du diplôme. Quels usages font-ils des écrans et notamment de l’ordinateur, par nature polyvalent, pour s’adonner aux travaux scolaires, à la sociabilité et au divertissement ? », écrit-elle.
C’est que la question se pose différemment avec l’apparition du numérique. » Les TIC contribuent à estomper les frontières entre les différents temps sociaux et permettent de cumuler sur un même support des activités de travail et de loisirs ». Alors, L Le Douarin décrit plusieurs types de lycéens. Il y a le laborieux, plutôt issu des milieux populaires, qui privilégie le travail scolaire. Il y a le pluriactif , plutôt issu des positions sociales élevées, qui font l’expérience du cumul d’activités. Les TIC sont largement mobilisées pour que tout tienne dans un emploi du temps de ministre. Il y a le casanier où les TIC sont utilisées souvent pour « procrastiner »…
« Les nouveaux rythmes sociaux entrent en tension avec ceux de la forme scolaire traditionnelle« , conclue L Le Douarin. « La recherche d’une économie de l’effort, personnel ou en famille, peut se traduire par une scolarisation d’un quotidien dont la productivité augmente dans un principe de cumul, tant en termes de travail scolaire qu’en ce qui concerne les pratiques culturelles, les pratiques documentaires et les loisirs propices à la socialisation. L’ensemble de tous ces temps souvent partagés constitue ainsi une sorte de continuum où le scolaire s’inscrit dans de nouveaux espaces qui ne sont plus cantonnés aux salles de classes ou aux bibliothèques. L’individu moderne, dans ses branchements et ses déconnexions devient lui-même un carrefour de relations et d’une sociabilité électronique qui déplacent le rapport aux autres ».
F. Jarraud