Comment les élèves de CM2 vivent-ils l’enseignement informatique ? Cédric Fluckiger et Yves Reuter se livrent à une intéressante analyse de cet enseignement dans la dernière livraison de Recherches en éducation.
La particularité de cet enseignement c’est selon eux sa position ancillaire par rapport au autres disciplines et d’être introduite par son évaluation, le fameux B2i. » Définir les contenus par leur évaluation conduit à une autre conception de l’élève et du travail enseignant, qui entre en tension avec les pratiques de classe telles que les enseignants les rapportent… La manière dont les prescriptions envisagent le B2i repose sur une conception particulière de l’élève. S’il n’est pas prévu de temps d’enseignement distinct de l’évaluation, n’est-ce pas parce que les élèves sont supposés développer ces compétences dans leurs pratiques extrascolaires ? En effet, si l’institution se plait à rappeler son rôle indispensable dans la construction des compétences scolaires, elle véhicule elle-même la figure – de sens commun – d’élèves compétents, les « digital natives » (Prensky, 2001)… Les sujets visés seraient donc moins les élèves que les enfants. Comment cette manière de construire des contenus s’articule-t-elle à la manière dont les élèves eux-mêmes les perçoivent, les apprécient, les délimitent ? »
» Le B2i peut être considéré comme emblématique des évolutions curriculaires et des recompositions disciplinaires actuelles (Audigier & Tutiaux-Guillon, 2008), caractérisées entre autres par une institution des contenus par l’aval, c’est-à-dire par leur évaluation (Bart & Fluckiger, 2012). Ce déplacement permet en outre d’éprouver et de discuter la validité de concepts didactiques (« contenu », « discipline », « conscience disciplinaire », « configurations disciplinaires »…) visant à décrire les fonctionnements et l’organisation des contenus scolaires dans un cas où, paradoxalement, les contenus ne sont pas structurés selon
un modèle disciplinaire classique ».