8 millions de spécimens, 500 000 « types » référentiels, 155 000 casiers, 5,5 millions de planches numérisées…le plus grand herbier du monde est français! L’herbier du Muséum national d’histoire naturelle est unique par le nombre comme par la diversité des végétaux qui le composent. Il attend tous les passionnés, et ceux qui ne le sont pas encore, petits et grands. Le jeune public dispose d’un parcours pédagogique. Il est même possible pour tout un chacun de participer à la constitution de la base de données, de choisir son « domaine », sa mission thématique: devenez Herbonautes, et faites avancer la sciences!
Quatre siècles d’histoire
Tout a commencé en 1635, quand Guy de Labrosse, médecin de Louis XIII, le convainc de créer un « jardin des plantes médicinales ». Ses successeurs encouragent les étudiants en médecine à voyager loin et à rapporter des échantillons de leurs déplacements. En 1683, le botaniste Joseph Pitton de Tournefort réunit déjà un herbier de plus de 9 000 plantes.L’herborisation devient une passion et une véritable activité scientifique Les grands expéditions autour du monde, aux XVIII et XIX siècles, permettent de rapporter des milliers d’échantillons. Le Muséum national d’histoire naturelle est crée en 1793, le grand « Herbier national » voit le jour, regroupant tous les herbiers existants. Pour abriter ces collections, un bâtiment consacré à la botanique et à la minéralogie est construit en 1836. Enfin,l’Herbier national disposera de son propre bâtiment en 1936, dont il ne bougera plus.
Quatre ans de travaux
Soixante-quinze ans après l’installation de l’Herbier dans l’actuel bâtiment classé monument historique, celui-ci s’est révélé progressivement inadapté en termes de fonctionnalités et de conditions environnementales. Sa capacité d’hébergement de collections a été rapidement atteinte puis largement dépassée. Confronté à d’importants problèmes de place, de vétusté et de conservation, le Muséum a donc décidé de rénover le bâtiment et les collections de botanique. Quatre ans de travaux ont été nécessaires pour réussir la rénovation autour de trois enjeux: volonté de préserver le patrimoine, susciter l’intérêt du public par de nouvelles démarches muséographiques et doter les chercheurs de structures modernes.
8 millions de spécimens botaniques conservés!
L’Herbier national conserve 8 millions de plantes, champignons, algues, fruits ..La collection est constituée à 90% environ par des planches d’herbier, mais certains échantillons sont conditionnés et conservés différemment: sous enveloppes rangées dans des boîtes (les champignons par exemple..), en flacons, en « carpothèque », en plaques ou tranches de bois constituants la « xylothèque ». Plus de 10 000 spécimens, environ, s’ajoutent chaque année à la collection. La plante est accompagnée de sa photo et éventuellement d’un échantillon de feuille mis sous pochette avec du gel de silice pour en préserver l’ADN.Toutes ces photos numériques ont été classées et stockées afin d’être accessibles à tous sur internet.
Un nouveau classement
Avant les travaux, les échantillons étaient rangés par zones géographiques: toutes les plantes d’un même continent étaient rangées ensemble. Mais les scientifiques se sont rendus compte qu’il était plus logique de classer les échantillons par grandes familles de plantes. Toutefois les collections « historiques », comme celles de Jean-Baptiste Lamarck, de la famille Jussieu ou de Jean-Jacques Rousseau, ont été maintenues dans leur classement d’origine.
L’ ouverture au public
L’Herbier national est ouvert au public, avec une bibliothèque, une galerie d’exposition permanente de botanique, un herbier virtuel.De magnifiques spécimens accueillent le public, dont une tranche de séquoia d’un diamètre de 2,7 mètres! La première zone d’immersion fait donc office de sas pour acclimater en douceur les « explorateurs ». On découvre d’abord ce qu’est la botanique, et ce que l’on trouve dans un herbier, comment on récolte les échantillons, et les stocke. Une longue galerie lumineuse présente en première partie, les collections botaniques vivantes, les principaux thèmes de recherches scientifiques, et la rénovation de l’Herbier national. La partie suivante est consacrée aux quatre siècles qui nous séparent de 1636, année fondatrice de l’établissement. Une longue vitrine présente des échantillons rares et anciens, des collections prestigieuses comme celle de Jean-Jacques Rousseau.L’exposition de botanique met en lumière les différents aspects de la discipline, grâce à trois temps forts: la vitrine des graines, les dix « grandes fenêtres » consacrées aux voyageurs naturalistes. La dernière partie évoque les rapports entre les plantes et la chimie, les plantes alimentaires, l’illustration et la classification des plantes. Des vidéos relatent la récolte des plantes et les nouveaux moyens utilisés.
Un parcours pédagogique
Un parcours est réservé aux enfants, afin de leur faire découvrir et comprendre la botanique: « A quoi servent les herbes? », « Comment faire un herbier? », Des plantes utiles aux humains », « Les découvertes au XVIII ème siècle », « Les découvertes au XIX ème siècle », cinq étapes aménagées de textes ludiques et pédagogiques, illustrés de gravures et de photographies.
Devenez Herbonautes
Près de 6 millions de planches ont été numérisés, dans le but de les rendre accessibles à tous, en constituant une base de données. Une tache titanesque à laquelle chacun , en devenant Herbonaute, peut prendre part. Le Muséum propose à tout un chacun de contribuer à la création de cette base de données scientifiques, à partir des millions de photos de plantes de l’Herbier national. Chacun peut mettre sa curiosité, ses compétences, à la disposition d’une des six missions scientifiques: « Flore des Antilles », « Au coeur de la forêt », »Les ophrys », « Suivez Benjamen Balansa », « Fruits exotiques », » L’herbier Fenoul » Chaque mission regroupe un ensemble d’images de spécimens correspondant au thème de la mission. Il faut choisir sa mission et… se lancer en n’ayant pas peur de faire des erreurs! Il est demander, entre autre, à ces » nouveaux explorateurs » d’identifier la région de la plante, la date de la récolte, le botaniste-récoltant, le lieu de la récolte…Et si vous n’êtes pas certains de vos interprétations d’étiquettes d’herbiers.. n’ayez pas d’inquiétude..car chaque photo de spécimen est proposée plusieurs fois, les erreurs éventuelles sont donc corrigées. C’est là toute la magie et l’efficacité des herbonautes!
Béatrice Flammang