Faut-il avoir peur de PISA ? Dans une institution scolaire où on n’aime guère le regard extérieur et encore moins l’évaluation extérieure, on se doute que les résultats de PISA sont accueillis de façon fort variable. A tort ou à raison ?
Les enseignants ne sont pas sans constater que les politiques utilisent PISA. Ainsi Vincent Peillon, depuis deux mois, a multiplié les indications sur les résultats de Pisa 2012. Evidemment si les résultats de Pisa 2012 sont exécrables cela appuie l’idée de la refondation et accuse ceux qui étaient aux affaires avant lui. D’une façon générale, les politiques en France comme ailleurs ne retiennent de PISA que ce qui appuie leurs projets.
Les médias poussent les politiques et réagissent à Pisa. Dans certains pays, PISA a été à l’origine d’un choc collectif poussant à changer de politique. En France il n’en a rien été pour le moment. Mais les médias sont déjà en quête d’interprétation. Louise Tourret interroge les politiques scolaires. Emmanuel Davidenkoff estime qu’il y a des professeurs meilleurs que d’autres et qu’il y a sans doute là une réponse.
Et l’OCDE ? En 2009 elle avait un catalogue de réformes à faire. Parmi elles l’autonomie des établissements, le renforcement du pouvoir des chefs d’établissement, une formation plus poussée des enseignants. Directement ou indirectement l’enseignant se retrouve au centre des recommandations de l’organisation.
Et les profs ? Il y a une tradition de critique des résultats de PISA. On critique à juste titre la comparaison entre des systèmes éducatifs différents. On critique aussi le fait que PISA évalue des compétences alors que notre système fait apprendre des connaissances. Cela ne diminue en rien la comparaison des résultats d’un même pays à 10 ans de distance. Enfin il y a le déni pur et dur par exemple quand on voit dans cette enquête un instrument de la lutte mondiale du capitalisme… Beaucoup apprécient d’avoir une évaluation totalement externe du système éducatif capable de mettre en évidence ses difficultés.
Ce qui est certain c’est que les résultats de Pisa peuvent être dangereux pour les enseignants. D’une part les résultat sont utilisés par les politiques pour faire avancer leurs idées. Ainsi N Sarkozy pensait y trouver un allié pour réduire le nombre d’enseignants. On aura l’occasion de le voir. Dans beaucoup de pays, le PISA choc s’est traduit par une dégradation de la situation des enseignants. Ainsi en Pologne , un pays qui a beaucoup progressé dans PISA, les enseignants mettent des années avant de devenir de vrais titulaires. Au Portugal, la réforme a recréé des directeurs tout puissants. En Allemagne les enseignants ont accepté des changements de ’emploi de rythme avec résignation puisque privés du droit de grève… PISA indique la nécessité du changement. Mais dans chaque état l’opinion publique impose ses solutions. Qu’en sera t il pour la France ?
F Jarraud