Doit-on recommencer à chaque quinquennat ? Alors que Vincent Peillon organise un large négociation sur la refonte des métiers de l’enseignement, avec pas moins de 13 groupes de travail, qui ses prédécesseurs voulurent en faire autant ?
Pour bien apprécier la portée de la réforme Peillon, il faut observer ce que firent les ministres précédents. C’est Xavier Darcos qui mena la dernière grande tentative de réforme en réunissant la commission Pochard. En 2008, elle remit un « livre vert » qui déjà devait changer l’Ecole.
La réforme Pochard proposait d’appliquer ce qui fait recette chez nos voisins. D’abord une large autonomie des établissements dans le recrutement des enseignants et même dans la définition d’un dixième des enseignements. La commission recommandait aussi d’augmenter le temps de présence dans les établissements de façon à mieux encadrer les élèves. Elle recommandait la bivalence, de façon à limiter le décrochage. Le rapport Pochard mettait aussi en avant l’annualisation des services.
C’est une vraie rupture que proposait Marcel Pochard. Ou si l’on préfère, un alignement sur la situation dominante en Europe. ‘Nulle part ailleurs on a un système où l’enseignant dans sa classe ne se situe que par rapport à des normes nationales, un programme et des obligations de service définis nationalement », disait-il. « Ça ressemble à la façon dont les révolutionnaires de 1789 concevaient la démocratie : un rapport direct entre les citoyens et la loi. Pas de corps intermédiaire. Il y a un peu de cela chez les enseignants. Dans cette optique, ce qui importe c’est la liberté complète de l’enseignant. Ce modèle là n’existe que chez nous sous cette forme aussi tranchée », nous disait M Pochard en 2008.
C’est à l’aune de cet échec que l’on mesure la modestie de la réforme Peillon. L’annualisation, la bivalence sont écartés, tout comme la hausse du temps de présence dans l’établissement. Alors que la France attend les résultats de Pisa, elle ne semble pas prête à affronter un Pisa Choc.
François Jarraud