Le Snuipp, premier syndicat du primaire, appelle à une grève générale le 5 décembre. Sébastien Sihr, son secrétaire général, justifie cette position par les exigences de véritables avancées pédagogiques alors que le ministère est paralysé par la question des rythmes.
Dans votre appel vous dites que le budget ne donne pas la priorité au primaire. Vous ne trouvez pas qu’il y a un changement radical au niveau budgétaire par rapport à l’époque Chatel ?
Bien entendu il y a du nouveau en matière budgétaire. Personne ne le nie. Mais la rentrée 2014 risque d’être difficile. C’est le résultat de plusieurs années de suppressions de postes. Mais on demande une accélération car il y a trop de retard. On ne peut pas rester dans ce qui relève seulement de la réparation. Il faut enclencher un saut important qui permette des transformations pédagogiques. A la rentrée avec 30 000 élèves en plus les nouveaux postes vont être utilisés pour gérer la hausse démographique. On n’est pas dans la surenchère. On demande juste le respect des engagements sur la priorité au primaire.
Or on marche à l’envers sur les priorités. Fallait-il commencer par la réforme des rythmes ? Personne ne croit qu’on va résoudre l’échec scolaire en faisant uniquement revenir les élèves en classe le mercredi matin. D’autres rythmes avaient été trouvés comme un mercredi travaillé sur trois. Ca faisait consensus. Malheureusement ce n’est plus possible. Cette réforme des rythmes mal faite jette le trouble dans les écoles. Les vraies priorités c’est la formation continue par exemple. Mais la réforme des rythmes a absorbé toute l’énergie de l’action ministérielle.
Votre appel contient une longue liste de revendications. Sont-elles réalisables ?
On rappelle des engagements. C’est ça le but de cette journée. On ne veut pas de retour en arrière. Les questions sensibles dans le premier degré ont été négligées ces dernières années et sont ensevelies sous des tonnes de papiers; de demandes bureaucratiques.
Vous venez d’obtenir une prime de 400 euros. Vous demandez 3 heures de concertation par semaine. Vous allez faire grève le lendemain de la publication des résultats probablement exécrables de PISA. Vous ne craignez pas l’impopularité ?
Je pense qu’une grande partie de l’opinion a des doutes sur les rythmes scolaires et les difficultés des collectivités locales à les mettre en oeuvre. Attention à ne pas faire porter le chapeau aux enseignants des difficultés de l’école ! Ce n’est pas de nouveaux rythmes qui va régler toutes les difficultés de l’école. On sait bien que c’est dans l’éducation prioritaire que va se gagner la bataille de l’école. Or le ministre met sur la table des négociation des propositions de réduction de service des enseignants des collèges prioritaires. Pourquoi ne le propose-t-il pas pour les professeurs des écoles ?
PISA doit surtout nous permettre de dire que les mesures qualitatives de transformation de l’école ont été mises dans le paysage par V. Peillon. Maintenant nous voulons qu’elles s’appliquent. Les engagements doivent être tenus.
Pour la première fois le ministre a amorcé une polémique avec un syndicat, le votre. Comment réagissez-vous ?
Je souhaite que le ministre réponde aux préoccupations des enseignants. On ne cherche pas à attiser des polémiques stériles. On veut sortir l’école de la cacophonie autour des rythmes. Et que le ministre réponde de façon concrète aux préoccupations des enseignants.
Propos recueillis par François Jarraud