Bernard Gerdre dirige le Centre Ressources Rhônalpin pour le Raccrochage des jeunes en Rupture scolaire (C4R). Cet enseignant a de la suite dans les idées. Depuis des années, toute son action tournée vers les élèves laissés pour compte par l’enseignement standard… Dans le contexte de la refondation portée par le Ministre de l’Education Nationale, cet infatigable scolarisateur engage de nouveau toute son expertise dans une nouvelle aventure.
Bernard Gerde, après La Bouture et le Clept vous venez de créer le C4R pourquoi ?
En 1996, la naissance de l’Association La Bouture – pionnière sur le front de la lutte contre le décrochage scolaire – a permis de placer dans l’espace public cette question fortement masquée et euphémisée alors. L’ouverture en 2000 du Collège et Lycée Elitaire pour Tous (Clept) à Grenoble fut le résultat du travail opiniâtre de tous les militants de La Bouture, mais fut aussi la volonté d’un ministre – Jack Lang – désireux de montrer que l’école pouvait être son propre recours. Aujourd’hui, le Centre Ressources Rhônalpin pour le Raccrochage des jeunes en Rupture scolaire (C4R) constitue en quelque sorte la 3ème étape d’une démarche opiniâtre qui ne lâche rien pour combattre les causes du décrochage.
À qui s’adresse le C4R ?
Le C4R fonctionne depuis novembre 2012, il fédère 10 structures à dimensions locales et nationales dont le cahier des charges propre est soit d’offrir des formations, soit d’accompagner des jeunes en déshérence. Le C4R doté d’un conseil scientifique lie actions, formations et recherche, il est destiné à tous les professionnels de l’éducation et de la politique de la ville engagés auprès de jeunes en rupture, il s’adresse à tous ceux qui souhaitent faire évoluer leurs pratiques à partir d’une meilleure compréhension des processus de décrochage et des leviers du raccrochage.
Dans le contexte d’une refondation de l’école … comment jouez-vous votre partition ?
Soutenu par la Région Rhône-Alpes, la Fondation de France et la Ville de Grenoble, le C4R trouve son équilibre : intervenir prioritairement en Rhône-Alpes (8 départements) sans négliger les demandes nationales ou internationales … nouer des contacts avec le ministère de l’Education Nationale, le réseau des villes éducatrices, l’Unesco , la communauté européenne… Privilégier la prise en compte des équipes de terrain confrontées à des difficultés sans négliger l’intervention conseil/aide à la décision auprès des décideurs.
La tâche est – hélas – immense, l’enjeu est capital donc mobilisateur :
-à partir de la parole de décrocheurs perçus comme des analyseurs de l’insuffisance de l’offre scolaire œuvrer à l’avènement d’une école inclusive en débusquant les faux-semblants de la méritocratie républicaine et de l’égalité des chances.
-Démontrer que l’innovation, la formation, la recherche restent les leviers efficaces du changement.
Propos recueillis par G Longhi