Par Jean-Pierre Gallerand et Julien Cabioch
Sommaire
L’EISTM au collège Saint Joseph de Bain-de-Bretagne (35)
Le rapport parlementaire sur l’EIST de Julie Sommaruga
Rencontres à Paris autour de l’EIST (juin 2013)
Présentation officielle de l’EIST
Des compléments d’informations
L’EISTM ou le bien-fondé d’une pédagogie préconisée….
Enseignement Intégré des sciences, de technologies et de mathématiques
Maha Richard, chef d’établissement
Expérimenté entre l’année 2006 et 2010 et à l’initiative de l’Académie de sciences et de technologies, l’enseignement intégré des sciences a enfin été lancé par un texte de cadrage du BO du 30 juin 2011. L’expérimentation apparait alors comme une réussite constituant ainsi « un plan phare pour une nouvelle ambition pour les sciences et les technologies à l’école ». Une des portes alors, qui peut permettre au collège de rendre les compétences et les tâches du socle commun visibles et évaluables aux yeux des élèves de 6ème et de 5ème et de leurs parents.
Mais au-delà de ces grands principes, ce dispositif mis en œuvre au Collège Saint Joseph de Bain de Bretagne, constituait une opportunité pour le personnel enseignant de vivre une interdisciplinarité voulue et apprise tout en associant naturellement les mathématiques. Aussi les EIST deviennent EISTM. L’intégration des notions des sciences physiques, parues nécessaires à la compréhension de certains sujets d’étude, coulait aussi de source. Une belle aventure commence, par une volonté, par la soif d’une nouvelle pédagogie, mais surtout portée par une conviction, celle de rendre les enseignements cohérents et compréhensibles car dotés de sens. Un sens construit par l’élève, qui, après avoir quitté sa classe de CM2, et son unique professeur, n’est pas assiégé par un groupe d’experts disciplinaires, mais se retrouve face à un module de sciences enseignés par un seul professeur.
Oser l’innovation pédagogique pour une simple innovation n’était pas l’objectif à atteindre. Mais promouvoir la pédagogie de l’investigation et de l’expérimentation en petits groupes d’élèves, pour un accompagnement à construire un sens, réduire le nombre d’enseignants intervenants en 6ème, et arrêter l’hyper spécialisation d’enseignants au 2nd degré, capables d’enseigner et d’accompagner, tout ceci a construit notre ambition et notre volonté.
Ce projet fut accompagné, par une formation de deux ans, par le corps d’inspecteurs pour rassurer et valider. Le chemin est long mais il est si simple ! Les résultats sont là auprès d’élèves intéressés marquant des progrès dans la motivation, et d’enseignants qui se regroupent chaque semaine pour bâtir ensembles le chemin de la réussite !
Un grand combat reste à poursuivre, celui d’obtenir des moyens pour couvrir les heures de concertation et de travail des enseignants. Mais convaincus qu’un projet n’attend pas les moyens pour être lancé, les enseignants l’ont rêvé et essayent actuellement de le réaliser.
Rencontre avec l’équipe d’enseignants concernés par le projet d’EISTM
A.Godec (SVT), MA Le Bonniec (Maths), J. Le Paih et C.Pelhâte (Technologie)
Je suis collégien EISTM en 6ème , quelles différences avec un élève classique dans le collège ? Quel projet réunit les compétences des uns et des autres et vous porte cette année ?
Cette année, j’ai un seul professeur de sciences (contrairement aux autres 6ième qui ont un professeur de SVT et un de technologie) et un professeur de mathématiques, avec lesquels je travaille sur des projets scientifiques communs. Le projet s’appuie sur 5 grands thèmes : l’environnement, la visite d’une exploitation agricole, la construction de centrales météos, l’énergie, et la météorologie et climatologie.
Comment est venue l’idée de départ pour ouvrir ces classes et se lancer dans le projet ? Comment s’organise votre travail sur l’année ?
L’idée de se lancer dans ce projet fait suite à une formation en interne sur l’interdisciplinarité.
Les élèves ont 3h30 de sciences par semaine dans lesquelles ils sont en îlots pour développer la démarche d’investigation. En mathématiques, ils ont leurs 4 heures hebdomadaires dont 1h est consacrée à l’acquisition des connaissances du programme par le biais des sciences.
Les séances de sciences et mathématiques s’articulent autour des thèmes évoqués plus haut au fur et à mesure de l’année.
Par rapport aux autres classes de 6ème , ressentez-vous des différences sur la perception de l’enseignant par les élèves ? Sur le niveau de curiosité des élèves ? Pourquoi selon vous, l’EISTM améliorerait l’appétence et l’enseignement des sciences ?
Les élèves n’ont sans doute pas encore trop de recul car ils avaient un seul enseignant en primaire et sont habitués à entendre parler un adulte sur différents sujets et disciplines.
En revanche, du côté enseignant, on peut constater que les élèves sont intéressés par cette « matière » car elle est dispensée d’une manière vraiment différente (travail en groupes, concertation entre élèves, mise en commun avec le professeur) et la perception d’un sentiment de faire des choses « concrètes » est visible chez l’élève.
De plus, le fait d aborder les notions mathématiques, non pas parce qu’il faut les aborder et qu’elles sont au programme mais parce qu’ils en ont besoin dans la réalisation et la compréhension de leurs projets donne à la matière un sens que nombre d’élèves remet parfois en cause.
Avez-vous un budget spécifique ? Quelle place prend la direction du collège voire l’inspection académique dans le projet ?
Un budget a été estimé par rapport aux besoins matériels nécessaires (achats d’instruments de mesure divers, matériaux pour la construction de serres et abri météos, peinture pour rose des vents sur la cour, etc…).
La direction du collège nous a soutenu et encouragé dans la mise en place de cette nouvelle expérience et le fera tout au long de l’année avec probablement des visites d’inspecteurs pour suivre l’évolution des projets et nous apporter des conseils.
Quels conseils donneriez-vous à des enseignants qui souhaitent essayer l’EISTM ? (avec seulement quelques semaines de recul pour l’instant)
Il s’agit-là d’un début d’expérimentation, il est aujourd’hui difficile de répondre à cette question, nous sommes très motivés autour de ce module EISTM et ne manquerons pas de faire un bilan auprès des élèves et de l’équipe dès que nous le pourrons.
Pour l’instant, nous avançons avec détermination dans la volonté de donner une culture et un goût pour les sciences et les mathématiques à nos élèves.
Rendez-vous en mars 2014 dans le Mensuel SVT du Café pour suivre ces classes et avoir un retour sur cette nouvelle expérience professionnelle des enseignants.
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L’EISTM au collège Saint Joseph de Bain-de-Bretagne (35)
Le rapport parlementaire sur l’EIST de Julie Sommaruga
Rencontres à Paris autour de l’EIST (juin 2013)
Présentation officielle de l’EIST
Des compléments d’informations
Redonner le goût des sciences : le rapport de Julie Sommaruga met l’accent sur la formation continue et la démarche d’investigation
Comment redonner les goût des sciences aux jeunes français ? L’enjeu est de taille tant les entreprises ont besoin d’ingénieurs et de techniciens et les citoyens d’un minimum de savoir scientifique pour relever les défis du 21ème siècle. Rapporteure du budget de l’enseignement scolaire au nom de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée, la députée Julie Sommaruga (PS) a choisi d’approfondir ce sujet. Elle préconise de revoir les programmes en facilitant les objets communs aux disciplines, de relancer la formation continue en la complétant par des certifications et d’encourager l’EIST.
Pourquoi cet intérêt envers l’enseignement des sciences ?
Il y a d’abord le fait que j’avais déposé un amendement en ce sens lors du débat sur la loi de refondation. Celle-ci reconnait d’ailleurs l’importance de la culture scientifique et je veux que cela se matérialise. Il y a aussi mon expérience de maire adjointe de Bagneux (92) où j’ai pu constater l’action des associations partenaires de l’Ecole dans des quartiers prioritaires. J’ai vu aussi les enseignants se démener et obtenir des résultats. Il y a donc un enjeu social, d’égalité de réussite. Enfin il y a un enjeu de citoyenneté et de compétitivité pour la France.
Le rapport montre aussi que l’enseignement des sciences est lié aux questions de parité ?
Ce qui me parait prioritaire c’est la question de la lute contre les stéréotypes filles – garçons particulièrement dans les choix d’orientation. On voit bien que filles et garçons ont à peu près les mêmes résultats scolaires mais pas les mêmes orientations. Il y a encore des métiers interdits aux filles.
Les sciences servent aussi à la sélection pour accéder aux filières d’élite. Ce système élitiste est soutenu par la société. Ce n’est pas peine perdue de vouloir le changer ?
Je ne crois pas. D’ailleurs V Peillon et N. Vallaud-Belkacem travaillent sur ce sujet. Il faut être capable de redonner du sens aux enseignements scientifiques. Pour cela il faut un vrai travail sur l’orientation de façon à ce que l’élève réfléchisse aux études scientifiques.
Dans votre rapport vous demandez que la démarche d’investigation ait plus de place dans les enseignements scientifiques. Comment faire ?
Cette démarche permet aux élèves de construire des savoirs et d’affronter le droit à l’erreur. On sait bien que c’est un des points faibles des élèves français. Les enseignants disent qu’il faut du temps pour cette démarche donc il faudra alléger ou modifier les programmes. Il faudra revoir l’équilibre entre l’enseignement des fondamentaux et la démarche d’investigation. Il faudra aussi réfléchir à sanctuariser les moyens pour que l’Education nationale ait les outils nécessaires.
Enfin il faudra de la formation continue. C’est indispensable si on veut que les enseignants s’y mettent. On peut s’inspirer de ce que fait La Main à la pâte qui est vraiment excellent. I faudra aussi accompagner les nouveaux enseignants pendant au moins 2 ans. Il ne faut pas que la démarche d’investigation soit imposée aux enseignants mais créer les conditions pour que ceux qui veulent changer puissent le faire.
Mon rapport encourage aussi l’enseignement intégré des sciences et de la technologie (EIST) mais il ne l’impose pas. Je comprends que des enseignants ne veulent pas entrer en bivalence. CE qu’on peut faire c’est faire des programmes qui facilitent les échanges entre disciplines. Pour cela il faut un temps aménagé pour que les enseignants puissent travailler en équipe au collège.
Vous écrivez que la moitié des élèves n’ont pas d’enseignement des sciences au primaire. Comment faire pour y remédier ?
Il y a des raisons à cela par exemple les programmes de 2008 qui sont trop lourds. Il faut les revoir et améliorer la formation des enseignants. Ces modifications de programme c’est au Conseil supérieur des programmes de les expliquer.
C’est le bon moment pour lancer ces idées ?
Oui parce que le Conseil supérieur des programmes (CSP) va se mettre en place. Je propose aussi d’utiliser le temps périscolaire pour la démarche d’investigation. Et là aussi c’est le bon moment. Aujourd’hui les activités scientifiques ne représentent que 10% des propositions. Il faut donc que les collectivités en aient conscience et qu’elles connaissent les ressources existantes. Je suggère que les Dasen et les IEN proposent aux collectivités locales ces activités et les informent des ressources comme les maisons des sciences.
Les maths constituent un cas particulier. Quel bon levier pour faire changer leur enseignement ?
L’expérimentation PACEM montre que avec une approche pédagogique très structurante on peut faire progresser les élèves. J’espère que le CSP s’inspirera de cette expérimentation. Les professeurs de maths ont aussi un gros effort à faire pour désacraliser les maths et donner le goût des maths aux élèves.
Propos recueillis par François Jarraud (novembre 2013)
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L’EISTM au collège Saint Joseph de Bain-de-Bretagne (35)
Le rapport parlementaire sur l’EIST de Julie Sommaruga
Rencontres à Paris autour de l’EIST (juin 2013)
Présentation officielle de l’EIST
Des compléments d’informations
Réunis à Paris les 12 et 13 juin, une centaine de formateurs à l’enseignement intégrés des sciences et de la technologie (EIST) ont échangé savoirs et réflexion, formant une communauté apprenante extrêmement riche. Si l’EIST reste très minoritaire dans les collèges, les professeurs qui y participent sont convaincus de leur démarche.
Changement d’ambiance. C’est ça qui surprend le plus dans ce séminaire. Alors que les salles des profs sont souvent moroses, dans les salles du lycée Jean Zay à paris, la centaine d’enseignants réunis les 12 et 13 juin affichent une bonne humeur communicante. Ils viennent pourtant majoritairement d’établissements d’éducation prioritaire. Mais la flamme est intacte et vivement réchauffée au gré des contacts.
Expérimenté depuis 2006, l’EIST propose une autre organisation des enseignements scientifiques et de la technologie au collège afin de mettre en oeuvre la démarche d’investigation caractéristique des pratiques scientifiques et technologiques et décloisonner les disciplines. Pour Xavier Turion, directeur adjoint à la Dgesco, l’EIST renforce le parcours des élèves au moment où ils passent du maitre unique, au primaire, à la pluralité des professeurs. Avec l’EIST, les élèves n’ont plus qu’un seul enseignant pour 3 disciplines.
Invitées au séminaire national, Fatima Rahmoun et Aube Mangin, professeures au collège Aimé Césaire, un établissement prioritaire du nord-est parisien, ne sont pas près de quitter l’EIST. « L’EIST nous permet de travailler dans de bonnes conditions », nous dit Fatima Rahmoun. « On a plus d’heures et des groupes d’élèves moins nombreux. Du coup on peut enseigner autrement, on faut vraiment des sciences. On a du temps pour réfléchir, manipuler, argumenter, rendre compte ». L’EIST privilégie la démarche d’investigation qui met les élèves en activité devant des problématiques. Lors du séminaire Fatima et Aube ont présenté avec leur collègue de technologie des travaux d’élèves sur les engrenages basés sur les recherches de Léonard de Vinci.
« Au début, arriver à respecter toutes les disciplines, c’est compliqué », reconnait Fatima. « On risque d’en maltraiter une. Mais avec le temps on prend en charge mieux les différentes disciplines dans le projet. Mais ce n’est pas pour autant que les élèves y perdent. Les collègues nous disent qu’ils sont remarquables par leur curiosité, leur engagement et les compétences qu’ils ont acquises ». « On découvre les autres disciplines et c’est comme un sang neuf qui arrive au cerveau. A la fin on finit par envier la discipline de la collègue », affirme Aube.
Et les élèves ? « On travaille en investigation, dans un esprit de recherche en confrontation avec le réel. C’est difficile pour nos élèves de l’éducation prioritaire. La démarche exige un engagement réel, des capacités d’expression. On se rend mieux compte de leurs efforts ici, dans ce stage où on est mis dans la même posture qu’eux. »
Mais est-ce efficace ? Pour l’astronome et académicien Pierre Léna, la question ne se pose plus. « Il y a eu en 2011 une évaluation officielle de la DEPP (ministère de l’éducation nationale) qui montre qu’au niveau des contenus, les élèves qui suivent l’EIST en ont autant que leurs camarades. Sur le plan de la curiosité, de l’attitude envers les sciences, il y a beaucoup de progrès avec l’EIST. On reconnait d’ailleurs ces élèves bien après la 5ème ». Pour lui, « il est urgent de changer l’enseignement des sciences au collège. On sait qu’en fin de 3ème la majorité des jeunes ont perdu le goût des sciences. S’ils demandent à aller en série S, souvent ce n’est pas pour faire des sciences mais pour pouvoir accéder à telle ou telle école. Au final, on manque de scientifiques. On a une école bien faite mais qui ignore les changement dans les sciences et les technologies. Pour l’enseignement des lettres ce n’est peut-être pas grave. Mais pour l’enseignement des sciences ça veut dire que les apports du 20ème siècle restent ignorés ».
Aujourd’hui l’EIST est en progression mais reste ultra minoritaire. 129 collèges y participent, majoritairement en éducation prioritaire. Il n’y en avait que 53 en 2010-2011. Au total, l’EIST concerne 312 classes de 6ème et 26 de cinquième, ce qui est très peu. Certains collèges l’abandonnent. Pour X. Turion cela tient aux mutations qui font éclater les équipes. Mais aussi à la perte des heures de concertation que certaines académies ont supprimé. Tous les recteurs ne semblent pas également convaincus des bienfaits de l’EIST.
Propos recueillis par François Jarraud (juin 2013)
EIST sur Eduscol
http://eduscol.education.fr/cid57927/eist-en-sixieme-et-[…]
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L’EISTM au collège Saint Joseph de Bain-de-Bretagne (35)
Le rapport parlementaire sur l’EIST de Julie Sommaruga
Rencontres à Paris autour de l’EIST (juin 2013)
Présentation officielle de l’EIST
Des compléments d’informations
L’enseignement intégré de science et technologie (EIST) en sixième et cinquième est expérimenté depuis 2006. Il permet de mettre en œuvre la démarche d’investigation caractéristique des pratiques scientifiques et technologiques et favorise le décloisonnement entre disciplines. Les expérimentations à l’École reposent sur l’article 34 de la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École du 23 avril 2005. L’EIST repose sur l’observation, le questionnement et l’expérimentation. Ce dispositif associe les disciplines scientifiques expérimentales (sciences physique et chimique et sciences de la vie et de la Terre) à la technologie. L’EIST vise plusieurs objectifs : stimuler la curiosité et développer le goût des sciences des élèves ; faciliter la transition entre l’école élémentaire et le collège ;donner une cohérence entre les disciplines scientifiques et technologiques, pratiquer la démarche d’investigation telle qu’elle est inscrite dans les nouveaux programmes de sciences.
L’EIST répond aux objectifs du socle commun de connaissances et de compétences : il s’inscrit dans le respect des programmes nationaux.
Entre 2006 et 2010, les évaluations croisées du ministère de l’Éducation nationale et de l’Institut national de recherche pédagogique (INRP) ont montré la pertinence de cet enseignement.
Quelle est la répartition de l’EIST en France ?
Des équipes d’enseignants ont répondu plus favorablement dans certaines académies que dans d’autres.
Quels peuvent être les freins à la mise en place de l’EIST ?
L’EIST touche à l’organisation du collège et complexifie, en particulier, l’emploi du temps de l’établissement ce qui peut inquiéter! C’est aussi une évolution de trois disciplines ce qui provoque des interrogations voire des craintes de la part de certains enseignants très investis dans leur matière.
Qu’est ce qui pourrait faciliter sa mise en place ?
L’EIST était sans doute trop « dirigé » à l’origine, en 2006, avec un cahier des charges assez stricte et sans réelle liberté d’action, l’information ne circulant que dans un seul sens du haut (instructions officielles) vers le bas (les établissements) et pas assez dans l’autre sens. Il serait souhaitable que ce système acquière plus de souplesse pour devenir un véritable espace d’expérimentation avec des remontées permettant à l’EIST d’évoluer.
Que faut-il faire pour favoriser l’EIST ?
Il est nécessaire d’obtenir une convergence entre un groupe d’enseignants et le chef d’établissement ce qui permet d’obtenir les conditions nécessaires à la mise en place de l’EIST, en particulier la dotation horaire indispensable à son bon fonctionnement. L’enseignement de l’EIST en groupes restreints ou du moins avec des temps de travail en petits groupes est bien adapté pour permettre d’atteindre pleinement les différents objectifs propres à cet enseignement. Un temps de concertation entre les enseignants est indispensable. Les enseignants doivent être soutenus et reconnus. Il est souhaitable que les équipes éducatives pensent plus en termes de formation de l’élève que d’acquisition de savoirs disciplinaires et recherchent une plus grande efficacité de l’apprentissage. L’écart entre ce qu’attendent les enseignants de leurs élèves en termes d’acquisition de savoirs et de savoirs-faire et ce qu’ils obtiennent peut être important. Quelques questions à poser aux élèves permettent de mesurer cet écart : Qu’avez-vous aimé ? Qu’avez-vous retenu? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Quels conseils donneriez-vous à votre professeur ? Deux réactions sont possibles de la part des enseignants : ne rien changer ou se poser la question de ce qui pourrait être fait. L’EIST est probablement une des réponses à cette question.
L’après EIST?
L’EIST a sa place en 6ème, voire en 5ème, mais cet enseignement semble plus difficile à concevoir et à organiser en 4ème ou en 3ème , en raison de la difficulté croissante des notions dans chaque matière, ce qui pourrait mettre en difficulté certains collègues dans les disciplines qui ne sont pas les leurs. Plus on avance dans la scolarité plus les notions sont pointues et plus elles ont besoin d’être individualisées et enseignées par un expert de chaque matière.
Mais si l’EIST n’était qu’une première étape et que d’autres disciplines rejoignaient cette expérimentation ! Des lycées de type finlandais ont déjà une organisation proche de celle qui pourrait être mise en place dans les collèges comme l’enseignement disciplinaire le matin et interdisciplinaire, sous la forme de projets, l’après midi. L’important c’est de respecter l’horaire annuel de chaque discipline, mais il faut sans doute quitter l’emploi du temps qui se répète semaine après semaine. Pourquoi ne pas alterner trois semaines avec peu de sciences avec une semaine réservée en grande partie à l’enseignement scientifique, en un mot, « innover ».
Que peut apporter l’EIST aux élèves ?
L’Enseignement Intégré des Sciences et Technologie permet de donner plus de sens à l’enseignement scientifique, en ne cloisonnant pas l’analyse d’une situation concrète en fonction des disciplines SVT, PC ou Technologie. Cet enseignement donne plus de cohérence aux savoirs et savoir-faire de chaque discipline.
Quel est le profil de « l’enseignant d’EIST » ?
L’enseignement de l’EIST est basé sur le volontariat ; il ne doit pas être vécu comme une contrainte et les professeurs concernés doivent avoir envie de s’y investir. Ces enseignants doivent accepter de travailler ensemble et différemment, de partager, d’harmoniser leurs pratiques tout en apportant leur spécificité. Cet enseignement nécessite de prendre du temps pour une ouverture sur le travail des collègues. Il ne s’agit plus d’enseigner spécifiquement les svt, la physique ou la techno mais de proposer un enseignement intégré de sciences et technologie. L’enseignant de SVT n’est pas amené à enseigner de la technologie et des sciences physiques mais de l’enseignement intégré des sciences et technologie. Les 3 disciplines ne sont plus forcément identifiables en tant que telles. C’est le prolongement en 6e de l’état indifférencié de l’école. Chaque enseignant reste un expert disciplinaire dans la mesure où il fait comprendre l’approche spécifique de sa discipline a ses collègues.
L’EIST est-il bien intégré dans la démarche du socle commun des connaissances.
Dans l’EIST, la largeur du champ facilite la démarche d’investigation, l’approche par tâches complexes. Les élèves partent de leurs interrogations sur des situations ancrées dans le réel, le concret. Ils s’interrogent sur un « objet » et doivent découvrir qu’ils ont besoin de connaissances et « compétences » dans chaque discipline pour le comprendre dans sa globalité. Ils devront expérimenter pour acquérir les savoirs et savoir faire du socle commun des connaissances. Cela permet notamment de développer des compétences transversales. En outre, certains objectifs du socle sont tout à fait dans l’esprit spécifique de l’EIST, comme par exemple « comprendre le lien entre sciences et applications technologiques ».
Comment se déroulent les visites et les inspections en cours d’EIST ?
Une inspection est tout à fait possible lors de l’enseignement d’EIST, généralement en accord avec l’enseignant. De simples observations sont également possibles, en complément d’une visite dans un cours plus « classique ». Il peut être intéressant de pratiquer une observation « collective » pour croiser les regards sur cet enseignement, et enrichir l’entretien pédagogique avec l’équipe concernée. Dans tous les cas, c’est l’entretien pédagogique qui donne tout son sens aux observations réalisées.
Quelques remarques apportées par des enseignants d’EIST volontaires :
La dynamique de classe se trouve renforcée, les élèves semble très motivés car l’approche est très naturelle. Au début, ils ne se posent pas des questions de SVT, de techno ou de PC, mais des questions tout simplement. En fait, cela leur permet de découvrir peu à peu ce que sont ces différentes disciplines (SVT, OC, Technologie), au fur et à mesure du travail et ainsi d’appréhender peu à peu la spécificité de chacune.
Les enseignants sont globalement satisfaits même s’ils reconnaissent que cela leur demande un gros travail, notamment la première année ;
Le travail en équipe est bénéfique, il renforce la cohérence des discours et des approches et permet d’éviter des erreurs (erreur qu’un enseignant d’une discipline peut parfois faire lorsqu’il manipule des notions ou des approches d’une autre discipline).
La majorité des enseignants qui ont expérimenté l’EIST ne souhaitent pas revenir en arrière.
L’EIST peut-il être généralisé prochainement ?
A ce jour il n’y pas d’informations permettant de répondre à cette question.
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L’EISTM au collège Saint Joseph de Bain-de-Bretagne (35)
Le rapport parlementaire sur l’EIST de Julie Sommaruga
Rencontres à Paris autour de l’EIST (juin 2013)
Présentation officielle de l’EIST
Des compléments d’informations
L’avis de l’APBG (Association des Professeurs de Biologie Géologie)
L’APBG réaffirme le rôle incontournable que joue chaque discipline dans l’appropriation de la culture commune : ce sont les complémentarités des approches et des contenus des différentes disciplines qui donnent aussi du sens aux savoirs.
Leur croisement dans des travaux interdisciplinaires exigeants contribue à donner du sens aux apprentissages, mais ne peut être efficace que s’il est assuré par des enseignants volontaires qui n’enseignent que leurs disciplines.
Or l’expérimentation de « l’Enseignement Intégré de Science et Technologie » au collège effectuée par le Ministre tourne le dos à une telle approche. Elle doit être abandonnée. L’APBG ne souhaite pas un enseignement des Sciences et technologies avec un seul professeur. L’exemple le plus frappant est la Grande Bretagne qui est en train de faire marche arrière sur cette voie devant les résultats catastrophiques pour la jeunesse et de revenir à un enseignement plus disciplinaire.
Par contre l’APBG est pour un travail en équipe où chacun apporte sa spécificité comme dans les travaux personnels encadrés mais non une pseudo polyvalence qui a conduit à l’abandon des PEGC. Il faut aussi dénoncer la déqualification des enseignants qui est le corollaire de l’EIST.
Or les annonces faites à propos du « plan Science » pour le collège ne portent que sur une augmentation de l’expérimentation de l’EIST. Les expériences déjà faites dans les quelques dizaines de collège et celles prévues avec « le plan Science » sont totalement faussées puisque les élèves travaillent en groupes restreints sur tout l’horaire élève et les professeurs ont des heures de concertation. De ce fait, le coût devient très important avec un enseignement dispensé par les différents professeurs, mais il est « diminué » par la suppression de deux enseignants et la réduction d’horaire global.
Il faut ajouter qu’actuellement tous les groupes restreints pour des travaux pratiques dans les disciplines expérimentales et en technologie sont supprimés. Les enseignants travaillent en classes entières qui peuvent souvent dépasser 30 élèves suite à la suppression des postes dans près de 8000 collèges. (Paris le 16 janvier 2011)
La main à la pâte : Des prix pour soutenir l’enseignement intégré des sciences
Huissiers à chaînes, marbres, sculptures et boiseries, académiciens, ministre. Quoi de plus prestigieux que l’Institut de France ? Mardi 1er février, c’est dans le palais du Quai de Conti que La main à la pâte récompensait les meilleurs projets de 2010. Parmi les lauréats, deux collèges récompensés pour leur mise en place de l’enseignement intégré des sciences…
Mais L’EIST a été supprimé au collège Le Monteil qui a été un des lauréats! Depuis la rentrée chaque discipline travaille à nouveau isolément… » Inquiétant!
L’article de François Jarraud
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/[…]
Enquête nationale sur les démarches d’investigation dans l’enseignement des sciences, des mathématiques et de la technologie.
Cette enquête nationale a pour objet de mieux connaître les opinions des enseignants de sciences de la vie et de la Terre, de sciences physiques et chimiques, de mathématiques et de technologie sur les démarches d’investigation dans la classe. Elle s’adresse à tous ceux qui enseignent ces disciplines dans les collèges et les lycées, qu’ils estiment ou non pratiquer ces démarches.
http://www.inrp.fr/enquetes/index.php?sid=87982
Plus d’informations :
http://eduscol.education.fr/cid53892/enseignement-inte[…]
http://science-techno-college.net/?page=284
Deux guides :
http://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_306877/guide-de[…]
Présentation (diaporama de l’INRP) :
www.inrp.fr/formation-formateurs/catalogue…/eist-b.-salviat[…]
La conférence de presse de Luc Chatel
http://www.education.gouv.fr/cid54824/page.html
http://www.education.gouv.fr/cid54824/une-nouvelle-ambition-[…]
Interview de Luc Chatel
http://www.lejdd.fr/Societe/Education/Actualite/Luc-Chat[…]
l’EIST sur Eduscol
http://www.eduscol.education.fr/pid24476/universite-eist.html
L’avis du SNUipp
http://www.snuipp.fr/rien-de-nouveau-sous-le-soleil
Contributeurs : François Muller, CARDIE : Cellule Académique de Recherche et Développement en Innovation et Expérimentation, et des enseignants. (février 2011)
Deux autres dossiers pour compléter celui-ci :