Sous un ciel bas et pluvieux, moins d’un millier de lycéens et d’étudiants ont défilé le 5 novembre à Paris, de la place de la République à celle de la Nation, contre les expulsions et pour le « droit à l’éducation pour tous ». Pourtant les trois organisations lycéennes (Fidl, Unl, Gsl), l’UNEF et des syndicats et associations engagés dans le mouvement depuis son commencement (RESF, Sud Education, CGT’Education, FSU, GISTI, JC, LDH, La Voix des Roms), appelaient les jeunes à l’action. En vain.
Cafouillage dans les horaires et les lieux d’appel à la manifestation (entre 12 et 13h, entre Bastille et République ?), récente reprise des cours après quinze jours de vacances, détermination affichée de Vincent Peillon (excluant « toute nouvelle mesure susceptible d’assouplir la législation en matière d’expulsion de familles d’enfants scolarisés »), et conditions météorologiques déplorables expliquent-elles la maigreur du défilé parisien du mardi 5 novembre ?
Grise mine
Le cortège, composé d’à peine un millier de jeunes (lycéens, étudiants) et de moins jeunes, frappe par sa grisaille et son manque d’entrain : peu de signes distinctifs, peu de cris et très peu de banderoles ; rien à voir avec les dernières mobilisations vivantes, colorées, déterminées. Une certaine gravité est de mise, les slogans (« On veut l’égalité avec ou sans papiers », « Nous sommes tous des enfants d’immigrés », « Droit à l’éducation pour tous »,« Ayrault au boulot ! ») scandent, de façon sporadique, l’avancée des marcheurs, qu’une jeune fille tente de galvaniser avec des mots inaudibles déformés par une énorme sono.
La composition du cortège à son arrivée place de la Nation confirme l’impression : l’enthousiasme festif des débuts a laissé la place à une mobilisation, restreinte, plus politique, plus « adulte » stricto sensu ; une vingtaine de travailleurs africains regroupés sous une banderole de la coordination des « sans-papiers » et une quinzaine de militants de Réseau Education sans frontières tenant une grand pancarte affirmant « Jeunesse sans papiers, jeunesse volée » ferment la marche suivie par un imposant dispositif policier.
« On n’est pas fatigués »
Alors que les jeunes manifestants, -beaucoup de visages fermés, de regards graves-, s’apprêtent à se disperser, la jeune fille à la sono incite à préparer en « AG inter-lycées » les prochaines échéances de la mobilisation et une autre manifestation parisienne jeudi 7 novembre, notamment. Même si cette dernière assure à ceux qui sont encore présents: « Nous allons mettre le feu dans les lycées en poursuivant notre action », certains regagnent le métro d’un pas nonchalant ; d’autres scandent encore : « on n’est pas fatigués ! ». La « fatigue » du mouvement crève les yeux cependant.
Samra Bonvoisin