S’il est un domaine où l’action ministérielle illustre le changement c’est le budget de l’éducation nationale. L’Assemblée nationale a commencé le 5 novembre l’examen du budget de l’enseignement scolaire. Le ministre a fait voter un amendement renouvelant en 2014-2015 l’accompagnement financier des communes appliquant les nouveaux rythmes. Un autre amendement rend possible le passage des auxiliaires de vie scolaire en CDI.
Un budget pour la réussite scolaire
Rappelant l’engagement de créer 54 000 postes d’ici 2017 dans l’enseignement, Vincent Peillon a défendu son budget le 5 novembre devant l’Assemblée. « Cet engagement porte sur les moyens humains… mais vise également à une amélioration qualitative de notre système d’enseignement, qui en a malheureusement bien besoin… 8 064 postes sont créés pour revenir à un système comprenant des enseignants stagiaires, c’est-à-dire des personnels qui à mi-temps enseignent et à mi-temps sont formés… Ce budget permet également de financer le recrutement de 6 000 emplois professeurs d’avenir, ce qui va permettre de remettre en place une filière d’où sortiront, demain, les enseignants dont le pays a besoin – car nous avons connu, ces dernières années, une grave crise du recrutement. Comme vous le voyez, les moyens financiers accordés à l’éducation nationale traduisent un engagement au service de la réussite des élèves de France ».
Le ministre a aussi rappelé l’engagement en faveur du primaire avec le « plus de maîtres que de classes » et la scolarisation des moins de 3ans. « Ce budget permet aussi, pour le primaire, de revaloriser le métier d’enseignant dans le premier degré », a continué V Peillon, « avec la montée en charge de l’indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves, créée pour bien marquer, à l’intention des professeurs, l’attachement et la considération que nous leur portons. Cela représente, pour 2014, un coût de 55 millions d’euros. De la même façon, le budget prévoit la création de 30 000 contrats aidés, tous affectés à des tâches qualitatives, dont 10 000 contrats aidés destinés à apporter aux directeurs d’école une aide dont ils se sont trouvés dépourvus ces dernières années, ce qui les a placés face à de grandes difficultés dans l’exercice de leurs fonctions ».
L’opposition attaque sur les rythmes
L’opposition a vivement attaqué le ministre sur les rythmes scolaires. » Où est l’intérêt de l’enfant ? Dans les quelque 4 000 communes ayant mis en œuvre votre réforme, les familles sont déstabilisées », affirme F Reiss. « Les enfants, surtout ceux des maternelles, sont désorientés : ils ne font pas la différence entre le temps scolaire et extrascolaire et doivent quitter leur maîtresse pour partir avec des animateurs qu’ils ne connaissent pas. Les parents s’inquiètent légitimement de la sécurité des enfants confiés à des gens peu formés. La réforme des rythmes scolaires est une copie bâclée. De nombreux élus locaux, mais aussi des enseignants et des parents en demandent l’abrogation, ou du moins l’assouplissement ». Le ministre a introduit un amendement gouvernemental prolongeant en 2014-2015 le fonds d’amorçage indemnisant les communes pour les activités périscolaires. « Cet amendement est l’aveu de l’échec de la réforme des rythmes scolaires », a déclaré Damien Abad. « Si elle s’était bien passée, il n’aurait pas été nécessaire de renouveler le fonds d’amorçage en 2014. C’est justement parce que cela ne marche pas et que les communes n’ont pas voulu passer à la réforme dès 2013 que vous êtes aujourd’hui obligés, au nom de l’égalité sur le territoire et de l’égalité devant les charges publiques, de renouveler le fonds d’amorçage ». Vincent Peillon a défendu la réforme. « Je vous le dis donc avec une certaine fermeté, cette réforme sera appliquée parce qu’elle est faite non dans votre intérêt ou dans le mien mais dans celui des élèves et de la France. Cela nous changerait, lorsque l’on parle au nom de la souveraineté nationale, que l’intérêt général soit la priorité ». L’amendement a été adopté. Il promet 50 euros par élève pour toutes les communes et 40 supplémentaires pour es communes bénéficiant d ela dotation de solidarité.
De la CDIsation des AVS aux Rased et à l’innovation
Un autre amendement, déposé par G Pau-Langevin, permet la pérennisation des AVS accompagnant les personnes en situation de handicap. Une bataille a opposé Barbara Pompili au nom des Verts au gouvernement pour un crédit de 150 millions destiné aux internats d ela réussite que les Verts souhaitaient voir dépenser au profit des Rased. » À cet égard, les internats de la réussite posent problème. Les similitudes avec les internats d’excellence n’augurent rien de bon. Pour mener une vraie politique d’aide aux élèves les plus en difficulté, pourquoi s’appuyer sur un modèle décrié, notamment si l’on regarde le coût de ces internats par rapport à la faiblesse numérique des élèves concernés ? Les 150 millions d’euros dédiés à ces internats auraient plus d’effets s’ils venaient renforcer les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté – les fameux RASED –, qui s’adressent dès le primaire à tous les élèves en difficulté, et non à une petite minorité sélectionnée ». L’amendement n’ a pas été adopté. La députée est alors intervenue sur un autre sujet. »En matière budgétaire, un autre point m’interpelle : la faiblesse des crédits dédiés à l’innovation pédagogique. En effet, la refondation doit avoir l’audace et l’envergure nécessaires pour faire mieux et autrement ; or les 55,6 millions d’euros consacrés aux actions pédagogiques nous semblent bien trop maigres ».
François Jarraud