Un malheur n’arrive jamais seul. Comme si la grève lycéenne ne suffisait pas, le ministre de l’éducation nationale devra aussi compter avec les mouvements des adultes début novembre. La question des rythmes scolaires ne va pas seulement mobiliser des syndicats enseignants le 14 novembre. Les puissantes fédérations des services publics FO et CGT donneront une ampleur nouvelle au mouvement. Du 5 au 20 novembre, tout semble réuni pour une agitation tous azimuts.
Une seule semaine pour les lycéens ?
Les lycéens se souviendront-ils de Léonarda ? Les organisations lycéennes tentent dès le 4 novembre de ranimer les cendres. Dans un communiqué commun avec la Fsu, la Cgt et Sud, la Fidl et l’Unl, les eux principales organisations lycéennes, appellent clairement à manifester à partir du 5 novembre. « Nous exigeons le retour des élèves expulsés avec leurs familles », écrivent-ils et ils fixent des exigences qui marquent la volonté d’entrer en guerre : retour de Léonarda « avec toute sa famille » mais aussi de 4 autres élèves expulsés depuis mai dernier. « Nous exigeons un changement de loi afin que l’expulsion des jeunes en parcours de formation (apprentis, lycéens, étudiants…) ne soit plus possible », ajoutent-ils. Le SGL, habituellement plus modéré, appelle lui aussi à manifester. Deux manifestations sont prévues mardi 5 et jeudi 7. Au soir du jeudi 7 les lycéens, qui ont peu de chances de voir ces revendications satisfaites, rentreront-ils dans leur lycée ou le mouvement viendra-t-il s’ajouter au mouvement des enseignants ?
Enseignants et territoriaux dans la rue
Un premier appel à la grève est lancé le 13 novembre. Là il ne s’agit pas des rythmes mais de la journée de rattrapage imposée à tous les enseignants en récupération du lundi de rentrée. Sud Education a déposé un préavis de grève pour cette journée. « Alors que le ministère va ouvrir les chantiers de la refonte des métiers… il faut s’opposer à cette logique de travailler plus et gagner pareil », écrit le syndicat.
Le 14 novembre, c’est un tir de barrage particulièrement nouveau que va rencontrer le ministre. Pour la première fois des syndicats de personnels territoriaux et enseignants feront grève ensemble contre la réforme des rythmes. Si l’appel est signé par des syndicats d’enseignants minoritaires (Cgt, FO, Sud, Faen), le mouvement pourra s’appuyer sur les puissantes fédérations des services publics de la CGT et de FO (ainsi que de Sud). « En faisant glisser les missions d’enseignement de l’Éducation nationale vers les communes, (la réforme) crée de graves inégalités de traitement sur le territoire, et une confusion entre scolaire et périscolaire (locaux, activités…) », disent les syndicats. « Elle va à l’encontre de l’intérêt des enfants et de celui de l’ensemble des acteurs concernés. Cette réforme bâclée a été mise en oeuvre contre l’avis d’une majorité des personnels et de leurs organisations syndicales ». L’intersyndicale « apporte son soutien aux mouvements locaux prévus les 12 et 13 novembre » et appelle à la grève le 14 novembre et à réunir des assemblées générales locales « dans le cadre unitaire le plus large possible ».
C’est que, coté enseignants, s’il est certain que le Se-Unsa et le Sgen ne se joindront pas au mouvement, la situation du Snuipp, premier syndicat du primaire, est ambigüe. La Snuipp 75 appelle à la grève le 14 novembre. Quant au Snuipp national il lance du 4 au 20 novembre une « quinzaine d’action » dans les départements « sous formes de grèves, de rassemblements et d’audiences auprès des DASEN ». Les syndicats locaux pourront donc participer au mouvement des autres syndicats. La quinzaine aura comme point d’orgue, le 20 novembre, un « rassemblement national de délégations départementales » devant le ministère de l’Éducation Nationale. Il s’agit pour le Snuipp de faire confirmer « la priorité au primaire » mais aussi « d’ouvrir des discussions pour assouplir le décret (sur les rythmes) et permettre de nouvelles organisations adaptées à la maternelle, aux réalités locales et aux besoins professionnels des enseignants ». Sans s’afficher hostile à toute réforme des rythmes, le Snuipp se donne la possibilité de jouer sa partition dans le mouvement.
Tout cela suffirait déjà à inquiéter un ministre. Mais ces mouvements se produisent dans un contexte d’ensemble très préoccupant pour le gouvernement. Il lui faut éviter la conjonction des mécontentements.
François Jarraud