Chaque année, l’Université d’Automne du SNUIPP est un rendez-vous incontournable de la rentrée scolaire, qui permet de réunir dans un même lieu chercheurs, sociologues, pédagogues, didacticiens avec des femmes et des hommes du terrain, praticiens. La treizième université a eu lieu ces 18, 19 et 20 octobre 2013 à Port-Leucate. L’organisation de cet événement n’a pas failli dans la réussite de son objectif principal : questionner l’école dans son ensemble, ses modes de fonctionnement, ses personnels, ses réussites et ses échecs, ses pratiques mais aussi rechercher la meilleure voie possible pour la réussite de tous les élèves – dans une année particulièrement mouvementée pour l’institution tant les chantiers de réflexion (rythmes, programmes, formation des enseignants,…) sont multiples.
Un programme riche et varié, des intervenants de qualité
Ainsi, trois jours de conférences et de rencontres se sont succédés, de tables rondes, d’échanges et de débats, sur des sujets divers et variés : la thématique des devoirs, l’enseignement de la géométrie au cycle 2, les langues à l’école, l’acquisition de l’orthographe, l’aide aux enseignants débutants, les formes contemporaines de médicalisation de l’échec scolaire,… En plus des intervenants connus et reconnus, et traditionnellement attendus, comme Rémi Brissiaud, André Ouzoulias, Yvanne Chenouf ou Mireille Brigaudiot, il fallait noter la présence de Serge Tisseron sur le thème d’une nécessaire et indispensable complémentarité entre la culture du livre et celle des écrans, celle d’Agnès Van Zanten, qui a présenté les causes et les conséquences de la ségrégation scolaire ou encore une intervention de Stéphane Diagana, plus générale, sur l’importance du sport pour la santé qui a néanmoins ouvert quelques pistes de réflexion sur les pratiques d’activités physiques à l’école.
Des professionnels du terrain curieux et enthousiastes
Outre les intervenants, on trouvait sur places près de 400 professionnels du terrain venus de 62 départements de France (milieu urbain ou rural), d’âge et de génération différents, motivés, intéressés, de fonctions diverses et variées : enseignants en maternelle, enseignants en élémentaire, enseignants au collège, adjoints ou directeurs, maîtres formateurs ou conseillers pédagogiques de circonscription, spécialisés ou non, syndiqués ou non… Certains venaient pour la première fois, d’autres pour la… treizième fois ! Un mot d’ordre général pour tous : débattre, confronter ses idées et ses pratiques et faire avancer les choses pour l’école et les élèves… Le rassemblement dans la diversité !
Marie Petitpoisson : confronter des points de vue dans une ambiance conviviale
Agée de 27 ans, Marie est professeure des écoles depuis quatre ans, dans l’Ain, à Ferney-Voltaire et remplace cette année en CLIS. Son remplacement dans cette classe à profils particuliers lui a été annoncé la veille de la rentrée. Après la Toussaint, il y aura onze élèves dans sa classe, elle parle d’une « belle expérience » mais aurait aimé s’y préparer à l’avance. Elle a découvert l’Université d’Automne grâce à un collègue déchargé syndical dans l’école qui en a parlé et qui a incité les enseignants de l’établissement à s’y rendre.
Quand on lui demande ce que cette expérience lui apporte, Marie répond que « depuis deux ans, cela lui a apporté beaucoup de réflexion et pas de déception ». Cela lui permet de « prendre du recul » par rapport à ce qu’elle fait en classe, de « renouveler ses pratiques de classe », de « réfléchir autrement en rencontrant des collègues qui viennent de partout. Les conférences sont intéressantes car elles abordent des thèmes qui reviennent dans notre vie professionnelle quotidienne ». Et d’ajouter : « l’an passé, ça m’avait de suite reboostée pendant les vacances de la Toussaint. Cette année, la conférence d’André Ouzoulias sur la phonologie de la GS au CP m’a particulièrement faite réfléchir aux méthodes utilisées, je sais maintenant qu’il faut que j’utilise plus d’écrit ; les autres m’ont moins marquée dans le cadre de ma CLIS mais elles me serviront pour plus tard. »
En rentrant de l’Université d’Automne, elle promet de faire un retour détaillé à ses collègues, elle regrette simplement que l’information de l’Université d’Automne ne passe pas plus : « je recommande cet événement et je recommande de plus diffuser son information. C’est un bon moment d’échanges. C’est important d’avoir un temps de recul où on s’arrête. Dans le rush de la classe, on ne le fait jamais. Ici, on réfléchit avec des avis divergents dans une ambiance conviviale ».
Et en effet, la réussite de ce temps fort de réflexion autour de l’école tient à cette capacité qu’ont les organisateurs à privilégier des entrées très différentes dans la réflexion, à proposer des thèmes multiples, à offrir un programme éclectique et passionnant, pour des intervenants et des professionnels eux-mêmes passionnés.
Alexandra Mazzilli