Février 2013 : alors que la ville de Grenoble envisage de passer aux nouveaux rythmes, les enseignants se mettent en grève. Huit mois plus tard, les enseignants doivent faire avec. Comment vivent-il l’introduction des nouveaux rythmes scolaires ? Quel impact a la campagne de l’UMP ? Les secrétaires départementaux du Snuipp et du Se-Unsa témoignent.
« Le passage aux 4 jours et demi a été douloureux », nous dit Patrick Maurey, secrétaire départemental du Se-Unsa Isère. « On ne voulait pas le changement de rythmes mais la ville de Grenoble est passée outre ». Depuis, « elle a le souci que ça se passe bien ». P. Maurey est sensible aux gestes de l’équipe municipale vers les enseignants. « Ils ont respecté la demande des professeurs de ne pas utiliser les salles de classe pour les activités périscolaires. Ils utilisent d’autres locaux.
N’empêche , les nouveaux rythmes ont dégradé les conditions de travail. « Quant il y a des problèmes, et il y en a forcément au début, les parents se retournent vers les enseignants. C’est à nous de régler au quotidien une foule de détails ». « C’est une pagaille pas possible », confirme Gabrielle Beyler, son homologue du Snuipp. « Malgré les référents mis en place dans les écoles, ça génère beaucoup de travail supplémentaire pour les enseignants ».
Les élèves sont aussi perturbés. « Il n’y a plus de récréation l’après-midi », explique P Maurey. « Les enfants ne décompressent pas et sont excités ». La présence de nombreux adultes inconnus dans les locaux scolaires n’arrange pas les choses. « Les règles de vie ne sont pas appliquées de la même façon. Il faut beaucoup plus souvent reprendre les enfants », explique G. Bayler.
Les nouveaux rythmes ont aussi « déshabillé l’école », souligne -t-elle. Les animateurs sportifs continuent à intervenir sur le temps scolaire mais moins longtemps. En maternelle, les ATSEM doivent participer au périscolaire. « Elles ont moins de temps à consacrer à la préparation de la journée avec la maitresse ».
Tout cela participe d’un sentiment de dépossession de leur école ressenti par les enseignants, selon G Beyler. La vie quotidienne de l’école doit être partagée alors que les professeurs n’ont pas le sentiment d’être écoutés par la mairie. « On ne voit pas ce qu’on gagne dans cette affaire », dit P Meurey. « Mais ce serait dommage que cette bonne idée soit récupérée politiquement ». G Bayler ne pense pas que les nouveaux rythmes poussent les enseignants à voter pour le candidat d’opposition. « Mais avec la gauche où est le changement positif ? », interroge-t-elle.
François Jarraud