Que se passerait-il en cas de défaite électorale du PS en 2017 ? L’UMP prépare cette échéance. Le 12 septembre, elle réunissait une convention pour « libérer l’école » et faire connaitre son programme pour l’école. Même s’il garde des aspects contradictoires, le programme éducatif de l’UMP s’inspire des expériences américaines pour inscrire davantage de différenciation et de hiérarchisation dans un système éducatif français déjà connu comme le plus socialement inégalitaire de l’OCDE.
» La réforme de l’école doit être préparée en amont. Les grandes réformes il faut les faire dès la première année au pouvoir avec des ordonnances ». Jean-François Copé ouvre la convention de l’UMP du 12 septembre consacrée à la « libération » de l’école par la perspective d’une alternance brutale en début de mandat, les années suivantes permettant ensuite d’affiner. Celle-ci est justifiée par « l’immense gâchis financier » de l’école mais aussi par l’absence de liberté. » On a des équipes éducatives assommées par la bureaucratie et une démarche démotivantes », affirme JF Copé, comme si le caporalisme ambiant n’avait rien à voir avec la décennie où son parti gouvernait.
L’épouvantail socialiste
Une autre raison de tout changer c’est la main mise socialiste sur l’éducation. Devant les 300 participants, Olivier Vial , président de l’UNI, a agité laborieusement l’épouvantail socialiste. D’après lui, la réforme de l’Ecole entreprise par V Peillon a pour but de changer al société c’est à dire de fabriquer des électeurs socialistes. Les programmes d’histoire sont modifiés pour effacer les présidents UMP et faire de Mitterrand l’héritier de de Gaulle. Enfin, V Peillon fait entrer dans l’école des associations qui vont déformer l’éducation sexuelle et faire passer probablement la théorie du genre. Dans cette perspective il est urgent de réagir.
Un programme encore contradictoire
Les 36 propositions de l’UMP visent aussi à rassembler large pour une alternance politique. Du coup, il y a certaines contradictions visibles aussi dans les interventions des tables rondes du 12 septembre. Ainsi l’UMP souhaite aussi récupérer le soutien des enseignants. Annie d’Esquerre, professeur de français, « qui a du accepter un poste en L.P. », exige « la restauration de l’autorité du professeur face aux « récidivistes » qui restent en classe. Elle demande la suppression des procédures qui empêchent de sortir un gêneur de la classe et veut donner au professeur un droit de le réorienter dans son propre intérêt. « Restaurer l’autorité est plus important que la transmission des savoirs ». Dans la salle, une enseignante de L.P. explique qu’elle a trop d’élèves handicapés ou allophones dans sa classe. Cette image de la toute puissance professorale est annihilée on le verra par l’autorité du chef d’établissement que l’UMP veut aussi établir. Sur le plan pédagogique, on voit dans les tables rondes alterner des partisans du numérique et de l’innovation pédagogique, comme JM Fourgous, défenseurs d’une pédagogie active, avec le retour aux fondamentaux et au par coeur, défendu avec vigueur par Patrick Hetzel ou Hervé Mariton.
Les bases de l’école libérale
Mais ce 12 septembre, Hervé Mariton, Benoist Apparu, Jacques Legendre peuvent déjà dessiner le modèle alternatif au projet socialiste pour l’Ecole. La base c’est l’autonomie des établissements. « Il faut que les établissements puissent gérer leur dotation horaire à leur guise de façon à mieux s’adapter aux élèves », explique B Apparu. Et, comme il y aurait trop d’établissements avec la transformation des écoles primaires en établissements, il faut confier aux principaux de collège la gestion des écoles de leur secteur. Le projet UMP va plus loin que les orateurs du 12 septembre. Il préconise le chèque éducation comme base du financement de l’école dans un pays où toute carte scolaire aurait disparue. Les établissements n’auraient plus de budget pré établi mais disposeraient de ressource qu’en fonction du nombre d’élèves inscrits. Ce système introduirait une concurrence sauvage entre établissements. Il préconise aussi les « écoles à charte », c’est à dire des écoles publiques disposant d’une large autonomie pour le recrutement des élèves et les programmes. C’est clairement le modèle américain qui est proposé aux électeurs.
Tirer les conséquences d’évaluations régulières
Le second principe c’est le principe hiérarchique et de responsabilité. Les chefs d’établissement doivent devenir de véritables managers. Ils doivent pouvoir embaucher et évaluer les enseignants. Il faut donc que le statut des enseignants change. Ils devraient travailler plus longtemps, être moins nombreux, aller vers l’accompagnement des élèves et être mieux payés en échange. Appliqué aux élèves, ce principe se traduit par la fin « de l’immense tabou de l’école unique », selon JF Copé et « un discours de réalité pour l’orientation des élèves », selon H Mariton. Les élèves, comme les enseignants, doivent être soumis à des évaluations répétées et « dont on tire toutes les conséquences ». Les établissements mettraient en place des groupes de niveau de façon à ne pas mélanger les bons et les faibles. Il y aurait un examen en CM2 pour sélectionner les passages en 6ème, puis des collèges pour les 6èmes et 5èmes et d’autres pour les 4èmes et 3èmes avec un sans entre eux. Du coup, à la place du collège unique, l’UMP prévoit des voies parallèles. Par exemple des Maisons familiales d’éducation en ville, sur le modèle des Maisons familiales rurales où les jeunes pourraient être en pré apprentissage précocement. Le modèle des « écoles de production », représentées par leur DG Christophe Girard, est mis en avant.
Inculquer une culture française
Enfin c’est le retour des fondamentaux « avec les conséquences que cela peut avoir sur les autres disciplines », précise H. Mariton. Il faut augmenter les horaires de français et de maths et garantir, selon JF Copé, » une maitrise correcte de l’histoire de notre pays », entendez une nouvelle histoire chargée d’inculquer « une culture française ».
Un véritable contre projet
Ce contre-projet prend à rebours les valeurs portées par la refondation de V. Peillon. « Peillon est orthogonal par rapport à ces éléments », affirme à juste titre P. Hetzel. Sa grande force , qui n’est pas mise en avant par l’UMP, c’est que cette école existe déjà dans nombre de pays développés : c’est le modèle américain que le gouvernement conservateur est en train d’installer en Grande-Bretagne. En cas d’échec de la refondation, l’UMP est prête au changement. Et on sait qu’il serait rapide et brutal.
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