Il y a bien un lien entre performance scolaire et ordre dans la classe. C’est ce que rappelle l’OCDE qui ressort, pour l’occasion, une étude de 2009. Elle établit un lien très fort entre les résultats et le calme en classe. Mieux elle montre qu’agir sur l’ordre en classe peut fortement atténuer les inégalités de performance scolaire liées aux inégalités sociales. Enfin, sans le vouloir, elle souligne une particularité du système éducatif français : être un de ceux où les élèves sont les plus gênés par le bruit en classe.
A l’occasion de Pisa 2009, l’OCDE a demandé aux élèves d’apprécier la fréquence du bruit dans leur classe. Pour les 4 cinquièmes des élèves de 15 ans le désordre en classe ne nuit aux apprentissages que rarement. Pour les trois quarts d’entre eux, l’enseignant n’a que rarement à attendre le retour au calme pour reprendre son cours. Et les deux tiers des élèves assurent qu’il n’y a jamais de désordre en classe. L’étude montre aussi que, de Pisa 2000 à Pisa 2009, la situation ne s’est pas détériorée. Les pays de l’OCDE ont vu diminuer la part des élèves qui déclarent être dans une classe où règne le désordre.
Voilà pour la moyenne. Car Pisa 2009 montre que les pays sont inégaux devant ce problème. En Corée du sud ou en Thaïlande, moins de 10% des élèves rapportent qu’ils sont gênés par le bruit pour travailler. Moins de 10% déclarent que leur enseignant doit attendre pour continuer son cours au Japon ou à Shanghai. L’ordre en classe n’est pas une spécialité asiatique. En Europe, en Roumanie, au Danemark, au Portugal, au Royaume-Uni ou en Russie, le climat scolaire est particulièrement calme. C’est le cas aussi aux Etats-Unis où seulement 10% des élèves déclarent être gênés. La France se situe par contre en bas du tableau.
Or il y a bien un lien entre performance scolaire et ordre en classe. « Les classes et les écoles où il y a davantage de problèmes de discipline sont moins propices aux apprentissages », déclare l’OCDE, « parce que les enseignants doivent dépenser davantage de temps pour créer un environnement ordonné avant de commencer leur enseignement ». Dans la majorité des pays il y a un lien entre le climat de la classe et sa composition sociale. C’est le cas par exemple en France. Mais même en tenant compte de cette variable, les classes où le calme règne performent davantage. Pour l’OCDE, « l’impact des inégalités sociales sur les performances scolaires peut être atténué par un climat disciplinaire positif à l’école ». La discipline en clase est bien un des rares leviers dont on dispose pour lutter contre les inégalités sociales à l’école.
Revenons sur le cas français. Presque la moitié des élèves déclarent qu’il y a du désordre en classe et 20% ne peuvent pas bien travailler à cause du bruit en classe. C’est pire seulement en Grèce (la moitié des élèves ne peuvent pas travailler normalement), au Luxembourg, en République tchèque, au Brésil ou au Qatar. Ces 20% on va les trouver plutôt dans les établissements populaires et le désordre ambiant va accentuer les inégalités scolaires. La particularité française c’est d’avoir un fort niveau d’indiscipline dans un système qui prône la discipline et qui ne s’embarrasse pas du bien-être des élèves. « Généralement les pays où la discipline s’améliore sont ceux où les élèves développent de meilleures relations avec les professeurs », écrit l’OCDE. C’est bien le modèle éducatif qui est atteint.
François Jarraud