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« Maîtriser l’Hydre ? » pouvait-on lire sur les affiches. Comment maitriser les risques côtiers ? La question touche à plusieurs disciplines : SVT, géographie mais aussi physique-chimie, SES… Du 26 au 30 aout, une vingtaine d’enseignants ont choisi de participer à l’Université d’été Mer-Education organisée par l’institut universitaire européen de la mer (IUEM). Une première qui a réuni 36 enseignants dfont Julien Cabioch, professeur de SVT.

Dans une approche interdisciplinaire, l’université d’été propose d’explorer les problématiques sciences-société liées à la mer et au littoral pour vivre une expérience immersive avec les chercheurs au cœur de la « Science en train de se faire » et concevoir des projets pédagogiques innovants et/ou interdisciplinaires. Un programme chargé attend les professeurs volontaires pour cette formation de prérentrée avec 35 heures de parcours, du lundi 9h au vendredi 18h30.

Un profil rapide des enseignants inscrits depuis juin et dépêchés au technopôle de Brest-Plouzané pour la formation: sur 36 professeurs, 23 enseignent en Bretagne, 2 en Guyane, 19 au lycée, 17 au collège. Même si les 23 professeurs de SVT sont en majorité, la formation, qui se veut interdisciplinaire, compte aussi des enseignants en physiques-Chimie, en Sciences Eco et arts plastiques.

« Risques, aléas, vulnérabilité, adaptation » sont autant de termes qui peuvent prendre un sens différent selon les disciplines scientifiques. Ces termes sont donc explicités au cours d’un atelier pour un meilleur enseignement du risque. Jacques Boucart, ancien maire de l’Ile de Ré et spécialiste des submersions marines a fait le déplacement pour expliquer cette notion de risque. « La mémoire humaine est défaillante face aux aléas environnementaux quand il s’agit de submersions ». Les activités et métiers de la recherche, les modes de production de la connaissance, les fondements de cette connaissance, la dynamique de cette production, la validation des connaissances sont abordés tout au long des deux premières journées de formation au cours desquelles les enseignants redeviennent étudiants dans les amphithéâtres de l’institut. Une conférence « De l’idée à la publication » menée par Emma Michaud, chercheur au CNRS, exposera de façon très claire « le long parcours d’une moyenne de 54 mois » nécessaire avant la publication d’un article scientifique.

Des parcours à la carte pour les enseignants

Trois parcours thématiques permettent aux enseignants de rencontrer des scientifiques issus de différentes disciplines des sciences de la nature aux sciences humaines et sociales. Ceux-ci travaillent en collaboration dans trois projets de recherches interdisciplinaires :

– Géologie externe : évolution du trait de côte

– Phytoplanctons toxiques : risque et prévention

– Conchyliculture

Utilisation d’outils de mesure topographique, prélèvement de plancton, visite d’un élevage d’ormeaux sont autant de travaux pratiques proposés pour le plus grand plaisir des enseignants.

La présentation d’Alain Menesguen (biologiste, océanographe et directeur de recherche à l’Ifremer) de la problématique de la prolifération des algues vertes notamment en Bretagne, a mis en avant les enjeux socio-économiques sous-jacents à la résolution du phénomène. Une fois encore des échanges nombreux entre les enseignants et le spécialiste.

Après la recherche, la pédagogie

En fin de semaine, place à la pédagogie et au réinvestissement possible des notions abordées en classe. Comment construire une séquence pluridisciplinaire ? Rassemblés par groupes de 5, les enseignants échangent et élaborent des projets qu’ils présentent ensuite aux chercheurs. Ces derniers découvrent le cadre plus ou moins rigide des programmes scolaires, des horaires, des classes à examen, des options et des enseignements d’exploration. Tout un moule dans lequel les spécialistes de l’éducation ont la liberté de créer des séquences originales.

La semaine se termine à Océanopolis, partenaire de l’Université d’été, où Anne Rognant, la responsable du Service Education des publics et de la Culture Scientifique, effectue la visite des coulisses et expose les activités pédagogiques proposées à Océanopolis. De la zone de bouturage des coraux tropicaux à la nurserie de requins zèbres sans oublier le laboratoire, les professeurs s’invitent au plus profond du grand aquarium de Brest à quelques heures de leur rentrée. L’an prochain, l’IUEM proposera une université d’été ayant pour thème interdisciplinaire « le climat ». Tout un programme !

Le retour des enseignants est flatteur.  » Cette université d’été inaugurale est une belle opportunité offerte aux enseignants par le LabexMer. La même avidité de connaissances et de partage entre chercheurs et enseignants, de quoi se réjouir !’, nous a dit Catherine Voison, enseignante en arts plastiques à Morlaix.  » Mes motivations pour ce stage: rencontrer des chercheurs et des enseignants, travailler ensemble et transmettre ensuite ce que j’ai appris aux élèves (en cours de MPS et en accompagnement personnalisé). Ce que j’ai apprécié: tout ou presque », affirme Magali Cauvin, enseignante en physique-chimie.

Julien Cabioch

Interview d’Anouck Hubert, chargé de mission pour les universités d’été

Vous étiez chargée de la coordination de ces premières universités d’été « Mer-Education », quel est votre bilan à la fin du stage ?

Les objectifs de formation et d’immersion dans le monde de la recherche me semblent avoir été atteints, à l’issue de la semaine de formation les enseignants ont acquis de nouvelles connaissances et ont une meilleure représentation du monde de la recherche, la proximité et la rencontre privilégiée avec les chercheurs dans le cadre des 3 parcours d’immersion y sont pour beaucoup. Beaucoup de pistes d’améliorations pour les prochaines éditions, notamment la phase problématisation et la phase de réinvestissement pédagogique qui seront réorganisées. Les aspects pluridisciplinaires seront davantage mis en avant et nous tacherons de recruter un panel d’enseignants issus de différentes disciplines pour un meilleur équilibre entre sciences de l’univers et sciences humaines et sociales.

Quelles ont été les priorités dans la construction des parcours proposés ?

Nous avons souhaité proposer aux enseignants une immersion privilégiée par petits groupe auprès de chercheurs travaillant dans le cadre de projets interdisciplinaires. L’idée était de décliner le thème « Risques, sciences et société en milieu côtier » dans ses différents aspects environnementaux bien entendu mais aussi économiques et sociaux.

Chaque professeur a payé 50 euros pour la semaine, une somme modique compte tenu du programme et de l’organisation mise en place. Quelles ont été les autres sources de financement ?

La plus grande partie des frais liés à l’organisation ont été pris en charge par le Labex Mer au titre du volet formation de ce projet scientifique financé dans le cadre des investissements d’avenir, mais l’organisation de cette première édition de l’université d’été Mer-Education n’aurait pas été possible sans les soutiens financiers de nos partenaires : l’UBO, l’Ifremer, Océanopolis, la Région Bretagne, le conseil général du Finistère, BMO Brest Métropole Océane. Pour les prochaines éditions nous devrons renforcer les partenariats et les soutiens financiers afin de pouvoir pérenniser l’université d’été Mer-Education.

L’an prochain, le thème sera le climat. Pourriez-vous écrire quelques mots sur cette future formation ? Où peut-on prendre des informations à ce sujet ?

Nous devons encore choisir des dates et affiner le sujet, les informations seront très prochainement disponibles sur le site liaison lycées université de l’UBO, et bien entendu sur le café pédagogique dès l’ouverture des inscriptions !

Lire le programme détaillé de la semaine Mer-éducation 2013

Site internet de la formation