La publication des bons résultats de maternelle par la Depp inquiète une bonne partie du monde éducatif. La fébrilité est perceptible. Dès sa sortie le document est accompagné d’une explication par le ministre de l’éducation nationale. Elle est suivie d’une analyse du Snuipp, premier syndicat du primaire. Pourtant ils sont porteurs d’une bonne nouvelle pour le citoyen.
Les derniers résultats sur la maternelle ont de quoi inquiéter Vincent Peillon. Alors qu’il veut réformer la maternelle, l’opposition les mettra au crédit de la politique mise en place par X. Darcos. Tout en cherchant à supprimer la scolarisation avant 3 ans, il avait entrepris de raccourcir la maternelle aussi par en haut en faisant de la grande section un petit CP. Tout le programme de maternelle était revu dans le sens d’une préparation à l’école élémentaire. Finalement c’est paradoxalement le ministre qui a le moins aimé la maternelle qui aurait obtenu ces bons résultats.
Evidemment V. Peillon pourra arguer de la durée d’installation de la réforme de 2008 qui était particulièrement impopulaire chez les enseignants. On pourra aussi relever la montée des écarts sociaux déjà bien installée dès la maternelle, l’accroissement des inégalités entre les filles et les garçons. Voilà qui nuance le tableau.
N’empêche. Cette publication est aussi une bonne nouvelle pour le citoyen. On sort de plusieurs années de contrôle de plus en plus étroit des évaluations réalisées par le ministère. Sous Luc Chatel ne sortaient plus des bureaux de la Depp (division des études du ministère de l’éducation nationale) que les résultats qui confortaient la politique ministérielle. Les autres ont du attendre l’alternance politique pour sortir d’un coup. Tout ce qui n’allait pas dans le bons sens était censuré. Et voilà, Catherine Moisan, la nouvelle directrice de la Depp, qui réussit à publier un texte qui met en péril la politique ministérielle.
Le projet de conseil national de l’évaluation du système scolaire a été fort critiqué sur sa composition. Largement composé de membres nommés par le ministre il semble sous contrôle de l’institution scolaire. Il se situe dans la tradition d’une administration qui, sous prétexte qu’elle est plus à même d’obtenir les informations et de faire comprendre les résultats des travaux, échappe ainsi à toute évaluation extérieure. Or preuve est faite, au moins pour le moment, que le ministère laisse sortir des évaluations même quand elles lui déplaisent.
La question qui va se poser maintenant c’est l’usage que fera le ministère des études réalisées. On voit bien l’opposition à V. Peillon s’indigner de sa réforme et recommander le maintien des programmes de 2008. La vérité c’est qu’il faudrait sans doute aller plus avant pour dégager le facteurs qui expliquent vraiment cette évolution. L’autre vérité c’est que dans tous les cas les responsables politiques ne retiennent des résultats des évaluations que ce qui peut servir leur politique.
F. Jarraud