Communauté francophone au sein d’un univers anglophone, comment le Québec va-t-il traiter les questions de laïcité ? La réponse arrive le 10 septembre avec la publication par le gouvernement d’une « Charte des valeurs », une charte de la laïcité à la mode québécoise. Elle risque de diviser l’Ecole.
« On considère qu’il est normal qu’un enseignant ou une enseignante porte la kippa juive, porte la croix ou le hidjab ». Le président de la F.A.E., un syndicat qui réunit un tirers des enseignants québécois, a pris nettement position contre le projet gouvernemental. « Peut-on convertir les élèves du simple fait de porter une croix dans le cou ? On pense que non », déclare-t-il dans Le Devoir. Pour lui, la charte « ouvre un front et permet à des individus de tenir des discours d’intolérance qui sont fondés sur les préjugés…La laïcité, ce n’est pas un meuble qu’on sort d’un bungalow… C’est plus complexe que ça, c’est sensible. Ça fait référence à l’histoire d’une nation ».
Jusque là les problèmes de laïcité se règlent au Québec de façon concrète et non sur des principes. Une approche pragmatique qui doit beaucoup au droit anglo saxon. C’est la règle de « l’accomodement raisonnable ». Quand un salarié se plaint que ses droits religieux ne sont pas respectés on vérifie les faits et on cherche le compromis. Ainsi il est légal pour un enseignant de porter une kippa, une croix ou un voile en classe. Alors qu’en France, la question des congés religieux ne pose pas problème, c’est au Québec la principale pierre d’achoppement. La Presse.ca montre par exemple que selon les endroits, les autorités locales d’éducation, à Montréal même, autorisent ou interdisent des jours de congés supplémentaires pour les fêtes usulmans, juives ou orthodoxes.
Du coté de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), inutile d’entrer le mot « charte » ou « laïcité » sur son site. Le syndicat attend la publication de la charte avant de prendre position. La question semble bien diviser le monde enseignant.
F. Jarraud