Alors que s’effectue la première rentrée de gauche, l’Association des régions de France (ARF) estime qu’elle est « au coeur « de la nouvelle politique éducative. Alors il faut du changement. Et les régions entendent mettre en place des internats de réussite, réformer la carte des formations, prendre en charge l’orientation, multiplier les usages du numérique, en partenariat avec l’Etat et les établissements. L’ARF fixe déjà le moment de la naissance d’une nouvelle école. Et sous -estime probablement les freins étatiques.
« Plus que jamais l’école doit être un creuset qui permet d’accéder au plus haut niveau de connaissances et à la meilleure qualification professionnelle possible », déclare François Bonneau, président de la commission éducation de l’ARF. Pour l’association qui regroupe les régions françaises, la reprise économique met la question de la formation des jeunes au premier plan. Il est impératif de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes. Dans un pays où 400 000 emplois ne trouvent pas preneur, cela passe aussi par une meilleure orientation. Tous ces sujets entrent dans les compétences régionales.
Expérimenter le service public d’orientation
Ainsi la loi d’orientation donne aux 26 régions un rôle dans l’élaboration de la carte de la formation professionnelle qui sera votée par chaque conseil régional. « On nous accuse de localisme et d’adéquationnisme », rappelle François Bonneau. « Mais on discute de cette carte avec les branches professionnelles et l’Etat ». Toutes les régions travaillent en ce moment à l’élaboration du document avec les rectorats. Elles en attendent moins de gaspillage dans les moyens de la formation professionnelle et plus de facilité pour l’insertion des jeunes.
L’orientation est une autre occasion de collaboration avec l’Etat. « Les usagers reprochent la complexité du système actuel », souligne F Bonneau. « Il y a trop d’intervenants qui ne se connaissent pas ». Huit régions expérimentent le « service public régional d’orientation » (Bretagne, Aquitaine, Centre, Limousin, Pays de la Loire, Poitou Charentes, Rhône Alpes, Auvergne). Les régions veulent mettre dans l’orientation « plus de fédération, d’articulation, une véritable politique d’orientation coordonnée ».
Un nouveau modèle pour les manuels scolaires
Le numérique est sans doute le dossier qui tient le plus à coeur à F. Bonneau. Rappelant que les régions ont équipé les lycées (2,6 lycéens par ordinateur en LGT, 2 en L.P.), « le problème c’est les usages », reconnaît F. Bonneau. « Il faut de la formation initiale et continue et des contenus. On demande aussi un accompagnement sur place dans les établissements ». F. Bonneau rappelle aussi que l’encadrement n’a jusque là pas été mobilisé sur cette question. Interrogé sur la maintenance du matériel, F Bonneau demande que les collectivités soient soutenues par l’Etat. La loi d’orientation leur transfère la charge de la maintenance mais l’Etat ne donne rien pour le faire.
Mais c’est la question des contenus qui semble la plus urgente à F. Bonneau. « La création de contenus est un sujet majeur », estime-t-il. « On la soutiendra en complément des manuels scolaires ». Mais l’ARF attend des éditeurs « un autre modèle économique et pédagogique ». Il s’agit de faire évoluer le manuel pour en faire un instrument évolutif et malléable. L’ARF veut aussi que les éditeurs fassent évoluer le modèle économique. F. Bonneau donne pour la première fois des dates. Le nouveau programme d’histoire-géo de terminale dans trois ans pourrait être l’occasion du premier nouveau manuel et l’ARF veut que cette transformation se fasse sur 5 ans.
Pilotage des lycées
Ce ne sera pas la seule influence pédagogique directe de la région dans les établissements. L aloi d’orientation met en place des contrats tripartites Etat- Région – Etablissement en lieu e t place des contrats d’objectifs rectorat – établissement. Ces contrats porteront sur les TICE, l’ouverture sur l’environnement culturel de l’établissement, les moyens pédagogiques. Etat et ARF sont en train d’élaborer une convention type. Les premiers contrats devraient être signés en 2014-2015.
« Avant, communes, départements, régions étaient des supplétifs », ajoute F. Bonneau. « Aujourd’hui, il y a une coresponsabilité. La responsabilité de l’Etat est centrale, par exemple sur les diplômes, les programmes. Mais ça ne peut fonctionner que si les collectivités sont mobilisées dans la même direction ». Pour l’Ecole c’est bien un changement culturel qui s’engage.
François Jarraud