Comment concilier « apaisement » et négociations sur le métier d’enseignant ou sur le socle ? C’est l’enjeu de cette année pour le Se-Unsa. Pour Christian Chevalier, son secrétaire général, la refondation entre dans une nouvelle étape décisive pour l’avenir de l’Ecole. Le Se-Unsa entend bien faire avancer ses idées avec un ministre tout acquis à la concertation.
« C’est la rentrée de l’apaisement« , affirme Christian Chevalier le 29 août. Il souligne la rupture avec les rentrées précédentes. Il y a les 3046 postes créés dans le primaire et les 3764 du secondaire. Il y a les discours « bienveillants » du ministre, la « qualité du dialogue social » et une nouvelle conception de l’école. Le syndicat ne croit pas à de nouveaux embrasements à propos des rythmes. Il pense que les municipalités vont naturellement améliorer leur offre d’activités sous la pression des familles et que les enseignants vont apprendre à travailler avec les partenaires locaux au point que les nouveaux rythmes changent les pratiques pédagogiques. Voilà pour l’hommage rendu à Vincent Peillon.
Et puis il y a les enjeux de l’année. Pour le Se-Unsa, les enseignants « n’ont pas d’enthousiasme » pour la refondation car celle ci n’a pas encore de retombées concrètes sur les conditions de travail et de rémunération, même s’il croit déceler « un début de desserrement du caporalisme ». Mais « on entre dans le temps des personnels » du fait des chantiers ouverts par V. Peillon. Ils sont de taille puisque le ministre a ouvre des discussions sur le métier d’enseignant, le collège, l’enseignement prioritaire, les programmes, le socle.
Pour le Se-Unsa, « le système ne changera que si les enseignants s’approprient le changement ». A Vincent Peillon de faire le nécessaire. « Il faut ouvrir les décrets de 1950 » affirme le Se-Unsa de façon à aligner le métier redéfini à la réalité de son exercice. Là dessus rien ne semble faire peur au Se-Unsa ni l’annualisation des services, ni le corps unique enseignant qui serait un remède aux difficultés de mutation et de carrière. Mais « si on demande aux enseignants de nouvelles activités il faudra donner du grain à moudre ». Mais C Chevalier a un doute sur la capacité de V. Peillon à trouver de nouveaux moyens. Le syndicat va se mobiliser cette année pour obtenir l’intégration des professeurs d’EPS dans le corps des certifiés. Une initiative qui vise directement le Snep Fsu…
La réforme du collège est un autre point difficile de l’année. C’est « le niveau de tous les dangers ». Le syndicat prône une réforme du temps scolaire avec une ouverture sur le transversal, l’apprentissage du travail scolaire sur le temps scolaire, une pédagogie tournée vers le socle. Le Se-Unsa pose aussi, après le Snpden, la question du bac « qui ne dit rien des acquis réels des bacheliers ». Le syndicat lui trouve tous les défauts : encouragement à la fraude, inadaptation à la demande du supérieur, coût élevé, « temps perdu pour les apprentissages ». Il souhaite un nouvel examen qui évalue les compétences . Les établissements du supérieur choisiraient ensuite les étudiants en fonction des compétences validées.
Infatigable, le Se-Unsa croit encore dans la capacité de réforme de l’Ecole. Il défend une autre Ecole. « Le métier va changer avec le numérique. Il faut passer de l’école de la défiance à la confiance. Il faut que les enseignants prennent le pouvoir sur leur métier ». Une vision délibérément optimiste dans un temps difficile.
François Jarraud