Jean-Marc Ayrault a annoncé le 27 août ses décisions pour maintenir l’équilibre du régime des retraites. Il écarte l’augmentation de la CSG. Mais les taux de cotisation seront relevés dès 2014 et la durée de cotisation allongée à partir de 2020. Les syndicats d’enseignants se partagent entre une acceptation de la réforme et un appel à la grève le 10 septembre.
Après avoir reçu les syndicats et le patronat, le premier ministre a pris sa décision. Pour faire face au déficit des régimes de retraite, le gouvernement a décidé d’augmenter les cotisations salariales et patronales de 0,15 points en 2014, puis de 0,05 en 2015, 2016 et 2017 de façon à atteindre +0,3 point pour les salariés et les employeurs en 2017. La durée de cotisation requise pour une retraite à taux plein passera de 41,5 ans à 43 ans entre 2020 et 2035. Elle augmentera d’un trimestre tous les 3 ans. « A l’issue de ce processus, la génération née en 1973 devra avoir cotisé 43 ans pour bénéficier d’une cotisation à taux plein, contre 41 ans et demie aujourd’hui pour la génération née en 1956. Nous pourrons alors nous arrêter là, à 43 ans, puisque, à partir de 2035, la démographie permettra aux régimes de retraite de s’équilibrer » , a précisé le premier ministre.
JM Ayrault a écarté la possibilité d’une modification du régime des fonctionnaires. « Tous les salariés du public, comme ceux du privé, sont concernés par la réforme », a-t-il précisé. « La durée de cotisation des fonctionnaires est alignée sur celle des salariés du privé, elle le sera en 2017 pour les agents des régimes spéciaux. Leur âge effectif de départ à la retraite augmente régulièrement. A l’exception des fonctionnaires en catégorie active, comme les pompiers ou les policiers, les fonctionnaires partent à la retraite à un âge effectif proche des salariés du privé. Quant au calcul des pensions, la commission Moreau a montré que les taux de remplacement étaient proches, autour de 75%. Si l’on voulait aligner les règles, cela demanderait de revoir les modes de rémunération des fonctionnaires – et notamment la question des primes qui ne comptent pas pour la retraite – sans apport financier pour le système de retraite ».
« En 2000, il y avait encore quatre retraités pour dix actifs ; aujourd’hui, il y a près de cinq retraités pour dix actifs ; en 2035, ce sera sept retraités pour dix actifs. A l’horizon 2020, le besoin de financement est de l’ordre de 21 Md€, dont 7,6 Md€ pour le régime général et les régimes assimilés ; à l’horizon 2035, il pourrait atteindre 27 Md€. Pour y parvenir, il n’est pas d’autre solution que d’allonger la durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d’une pension à taux plein », a rappelé le premier ministre. « Ne pas le faire, ce serait s’exposer soit à une diminution des pensions des actuels comme des futurs retraités, soit à une augmentation insupportable des prélèvements. Les Français comprennent que les gains d’espérance de vie dont ils bénéficient doivent être partagés entre le temps du travail et le temps à la retraite ».
Le gouvernement annonce encore la création d’un compte pénibilité pour certains emplois et la création d’un simulateur de retraite en ligne permettant de connaître, en fonction de l’âge de départ, le montant futur de la retraite.
Les syndicats d’enseignants sont divisés sur ces mesures. Le Se-Unsa souligne des points positifs et « considère que les premières réponses définitives positives qu’elle a obtenues du Premier ministre valident la méthode de concertation dans laquelle elle s’est investie. C’est à partir du texte précis du pré-projet de loi, rendu public le 4 septembre qu’elle se déterminera lors d’un bureau national extraordinaire, le 9 septembre ».
La FSU appellera avec la CGT à une journée de grève le 10 septembre. « La FSU attendait du gouvernement qu’il revienne sur l’âge légal de départ à la retraite toujours fixé à 62 ans, qu’il renonce à tout allongement de la durée de cotisation… Elle invite les salariés, les retraités mais aussi les chômeurs et les jeunes à se faire entendre pour peser… La FSU appelle à la mobilisation unitaire pour la journée d’action interprofessionnelle avec grèves et manifestations le 10 septembre prochain ». Le syndicat avait averti en juin 2013 des dangers d’une augmentation de la durée de cotisation. Les 43 annuités exigées en 2035 devraient amener l’âge de départ en retraite à taux plein des enseignants à 68 ans…
F Jarraud