Faut-il réduire la taille des classes en ZEP ? Comment attirer des enseignants en ZEP ? Quel devenir pour les nouveaux métiers apparus dans ces établissements ? Prudence, prudence ! A l’issue de son audition devant les commissions des Finances et de des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, le directeur général de l’enseignement scolaire, Jean-Paul Delahaye, expose sa méthode : faire face mais en dans la concertation.
Pour vous l’éducation prioritaire doit être « une politique scolaire et non le volet scolaire d’une politique sociale ». Comment voyez-vous l’articulation entre la politique de l’Education nationale et celle du ministère de la Ville ?
J.Y. Rochex le dit : depuis 30 ans, une des critiques portées sur l’éducation prioritaire c’est qu’elle n’aurait été qu’un accompagnement dans la descente aux enfers de certains quartiers. L’éducation prioritaire doit d’abord être une politique pédagogique mais en partenariat avec le ministère de la Ville. On travaille beaucoup avec eux. Evidemment on ne va pas avoir un recoupement à 100% avec le découpage de la Ville. Mais on recherche le plus de cohérence possible. On s’est suffisamment plaint des superpositions dans le passé pour ne pas en faire.
Des métiers spécifiques sont apparus dans l’éducation prioritaire. Allez-vous les maintenir ou supprimer ces particularités ?
Il faut les maintenir quand ils correspondent à des besoins d’animation. Ils contribuent à améliorer la vie pédagogique des établissements et sont des facteurs de coordination utiles.
L’éducation prioritaire a du mal à attirer des enseignants. Faut-il modifier la procédure d’affectation des enseignants , créer des corps particuliers ?
C’est un sujet important qui mérite qu’on prenne le temps de la réflexion et de la consultation. Il a été abordé lors des 4 réunions de travail qui ont déjà eu lieu avec les syndicats d’enseignants. On travaille avec eux à une meilleure prise en compte de l’évolution du métier d’enseignant. Mais je n’ai pas encore les conclusions. Les questions de l’indemnité pour les enseignants des zones prioritaires, de leurs conditions de travail et de carrière font partie des discussions. Elles seront aussi portées dans les Assises académiques qui auront lieu en novembre. Elles nous feront des propositions.
Dans votre audition devant les commissions de l’Assemblée, le 23 juillet, vous annoncez des sorties de l’éducation prioritaire. Vous avez une idée du pourcentage d’établissements ou d’écoles concernés ?
On va surtout faire attention. On travaille en partenariat avec les autres ministères, avec les collectivités territoriales et bien sur avec les intéressés. Le groupe de travail de la Dgesco travaille avec des acteurs de terrain et des associations comme l’OZP. Il n’est donc pas possible de donner un pourcentage : ce serait contraire à la démarche que nous suivons. Le Parlement aussi s’est saisi de la question. On est dans une attitude convergente envers l’éducation prioritaire.
Lors du débat de la concertation, il y a un an, les effets négatifs de la labellisation des établissements prioritaires avaient été mis en avant. Comment les éviter ?
On va travailler, comme le Président de la république le souhaite, dans l’idée d’une plus grande progressivité des moyens de l’éducation prioritaire pour éviter les effets de seuil. On a déjà affiné, aussi bien dans l’administration centrale que dans les académies, l’attribution des moyens. Il faut être encore plus progressif. On veut aller au fond de la question mais avec infiniment de précaution. Si on allait trop vite on nous le reprocherait.
Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire ont mis en évidence l’effet déterminent qu’aurait une réelle réduction du nombre d’élèves dans les classes sur le niveau des élèves. Allez vous faire ce choix ?
Je connais bien ce travail. Mais je connais aussi l’expérience de dédoublement des CP en 2002. On a tort de poser la question en termes parcellaires. Réduire le nombre d’élèves est important pour les conditions de travail des enseignants. Mais on sait que si cette réduction n’est pas accompagnée d’une transformation des approches pédagogiques, elle n’est pas efficace.
Propos recueillis par François Jarraud