« L’écart en terme d’emploi entre les jeunes qui ont un niveau d’instruction et ceux qui ont abandonné tôt leurs études n’a cessé de se creuser » affirme l’OCDE qui publie le 25 juin l’édition 2013 de Regards sur l’éducation. Ce constat général est particulièrement vrai pour la France. Mais ce n’est pas tout. Tenez vous bien : le diplôme est plus fort que le chocolat…
Ecarts devant le chômage
Le taux de chômage des personnes qui n’ont pas achevé le deuxième cycle du secondaire est de 13% dans l’OCDE contre 5% pour les diplômés du supérieur. La crise a aggravé les choses en renforçant la concurrence pour l’emploi. En France le taux de chômage pour les jeunes sans formation est passé de 14 à 18% depuis 2008. C’est un des taux les plus forts de l’OCDE. Le taux de chômage est de 11% pour les jeunes ayant un baccalauréat et de 6% pour les diplômés du supérieur.
Ces moyennes sont évidemment à nuancer selon les filières. Certaines filières professionnelles par exemple peuvent avoir un taux de chômage inférieur à celui des bacheliers technologiques ou professionnels. Mais globalement, en France, le taux de chômage st identique entre bacheliers professionnels et généraux. Ce qui, pour l’OCDE, pose la question de la reconnaissance du professionnel.
Ceux qui tiennent les murs
La France se distingue par la difficulté du retour en formation en dehors des l’âge socialre classique. Dans de nombreux pays de l’OCDE on peut reprendre ses études après avoir quitté l’école. En France c’est quasi impossible et l’OCDE met l’accent sur cet obstacle. Peu de jeunes sans qualification âgés de 25 à 29 ans sont en formation en France : seulement 1% contre 10% en Allemagne. La proportion de ces jeunes au chômage est de 22% en France contre 14% dans l’OCDE, c’est un des taux les plus importants de l’Organisation.
Que rapporte le diplôme ?
Dans tous les pays de l’OCDE le fait d’être diplômé du supérieur augmente fortement le salaire. L’écart entre une formation secondaire et supérieure peut atteindre 65% aux Etats-Unis ou au Brésil. En France l’écart entre le revenu d’un salarié ayant un diplôme inférieur au bac et un salarié ayant un diplome du supérieur varie de l’indice 79 à 147. L’avantage st plus important pour les hommes (83 à 157) et moins fort pour les femmes (75 à 145).
Mais l’OCDE fait mieux en calculant la balance pertes / profits pour les poursuites d’études. Ainsi, en France, l’OCDE estime à 97 888 $ le gain net d’un bachelier et 74 234$ pour une bachelière. Pour un diplômé du supérieur le gain sera de 225 495$ pour un homme et 156 192$ pour une femme. L’écart entre les sexes est très marqué. Faire des études génère aussi des gains pour la collectivité, évalués à 59 440$ pour un bachelier et 130 208$ pour un diplômé du supérieur. Le diplômé paiera plus d’impôts, aura moins besoin d’aide sociale, sera moins au chômage par exemple.
Mais ce que montrent aussi les données OCDE c’est l’écart générationnel important pour les diplômés du supérieur. Avec la Corée et la Grèce, la France fait partie des pays en tête de l’OCDE pour une rémunération particulièrement élevée des séniors. On retrouve ici la thèse de Louis Chauvel sur « la guerre des générations ». « Jamais les seniors n’ont connu un revenu moyen aussi élevé et un patrimoine aussi important » assénait-il en 2010. « Alors que le chômage est le mode d’entrée dans la vie adulte des jeunes depuis les années 1980. Ces mêmes jeunes sont étranglés entre des salaires de plus en plus bas et un coût du logement de plus en plus élevé. Les générations plus anciennes ont pu financer leur logement par l’inflation. Politiquement la situation est identique. En 1981 pour un député de moins de 40 ans il y avait un député de plus de 60. Aujourd’hui il y en a 9 ! Les vieux ont accaparé le pouvoir ! »
Le diplôme plus fort que le chocolat
Mais on n’aurait tort de limiter l’efficacité du diplôme aux gains financiers qu’on peut en attendre c’est à dire à la qualité de l’investissement. Ou même au fait que le citoyen éduqué est généralement un meilleur citoyen, plus impliqué, plus confiant, moins extrémiste, que son homologue moins diplômé. Le diplôme a aussi la qualité de dissoudre le chocolat et les graisses inutiles. C’est du moins ce qu’affirme l’OCDE qui a calculé le pourcentage d’obèses dans la population en fonction du diplôme. Il y a un lien nette entre obésité et niveau d’instruction. Ainsi en France le diplôme divise par deux le taux d’obèses pour les hommes et par plus de trois pour les femmes. C’est fort, non ?
François Jarraud