Le gel salarial continuera en 2014, a annoncé Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction publique, le 18 juin. 2014 verra la 4ème année de gel du point Fonction publique. L’objectif de réduction du déficit budgétaire est bien la priorité gouvernementale. Pour l’éducation nationale, seule des mesures catégorielles sont prévues. Or la situation des enseignants s’est bien plus dégradée que celle des autres fonctionnaires.
« Nous n’avons pas pris le choix dégeler le point d’indice » a déclaré Marylise Lebranchu le 18 juin sur France Info. Les fonctionnaires sont devant la perspective d’une 4ème année de gel salarial. Celui-ci avait été précédé de plusieurs années de croissance très faible du point. Autrement dit la perte de pouvoir d’achat, compte tenu de l’inflation (1,6% de mai 2012 à mai 2013 selon Eurostat) va continuer. Dans son rapport sur la gestion des enseignants, la Cour des comptes avait estimé à 8% la perte de pouvoir d’achat des enseignants français depuis 2000, « alors que le pouvoir d’achat des enseignants des autres pays serait en moyenne en hausse, dans l’OCDE, comme dans les pays européens ».
Les enseignants défavorisés par rapport aux autres fonctionnaires
Ce gel frappe toute la Fonction publique. Mais il n’y a en réalité pas d’égalité de traitement. Car la situation des enseignants est très spécifique. En effet, selon la Cour des comptes, les salaires des enseignants , à catégorie égale, sont inférieurs à ceux des autres fonctionnaires. La rémunération annuelle nette des enseignants est de 30 129 € alors que les cadres non enseignants de la Fonction publique gagnent 46 345 €. Cet écart très importante (-35%) est essentiellement du à l’absence de primes chez les enseignants. En clair, quand le gouvernement gèle le point Fonction publique il bloque le salaire des seuls enseignants. Dans les autres ministères le jeu des primes vient modérer la rigueur…
Et par rapport aux enseignants européens
Selon l’OCDE la rémunération brute d’un enseignant du premier degré en début de carrière est de 21 077 € quand elle est de 26 512 dans l’OCDE et de 26 472 en Europe. Les enseignants français touchent 20% de moins que leurs homologues des autres pays développés. Cela n’empêche pas qu’on exige du professeur des écoles français d’effectuer 918 heures de cours par an quand leurs collègues de l’OCDE n’en font que 782 en moyenne… L’écart salarial est encore de15% avec 15 ans d’ancienneté. Dans le second degré la salaire de début moyen en France est de 23 966 € contre 28 262 € dans l’OCDE soit 15% de moins. L’écart atteint même 18% au lycée.
La question de l’attractivité
Cette situation, qui va être aggravée par un nouveau décrochage en 2014, pèse sur le recrutement des enseignants. A diplôme comparable, le master, choisir d’être enseignant est une décision économiquement aberrante. Selon l’OCDE l’écart de rémunération entre le salaire d’un enseignant et celui du titulaire d’un diplôme équivalent est de 20%. Même si « on ne devient pas enseignant pour devenir riche », choisir délibérément ce métier devient chaque année davantage un choix irrationnel qui ne peut se justifier que pour un revenu d ‘appoint. Et là on trouve une autre problématique de l’attractivité : le décalage entre les enseignants et les catégories sociales auxquelles appartiennent les élèves.
Quelles avancées en 2014 ?
Si le point Fonction publique reste gelé, le ministère dispose d’une enveloppe de mesures catégorielles. On sait que les négociations se sont ouvertes avec les syndicats pour le partage de l’enveloppe. Le gouvernement veut faire un geste pour les catégories C, les agents en bas de l’échelle salariale. Gouvernement et syndicats sont d’accord pour revaloriser les professeurs des écoles. Ils discutent d’une prime qui, comme l’ISOE pour le secondaire, serait versée aux enseignants du primaire. Compte tenu de l’enveloppe budgétaire elle devrait se tenir entre 100 et 200 euros annuels. Autrement dit elle ne compensera pas la perte de pouvoir d’achat due à l’inflation en 2013 (environ 500 euros).
Les réactions syndicales
Les syndicats ont protesté contre la mesure et contre le fait qu’elle soit annoncée sans consultation. Bernadette Groison, pour la FSU, « attend du gouvernement qu’il arrête la politique de baisse des dépenses publiques ». Le syndicat relève que la part des rémunérations de la Fonction publique d el’Etat sont passées de 4,4% du PIB en 1999 à 3,2% en 2011. Il réclame la fin du gel et une récupération salarial de 13%.
François Jarraud