Les députés ont terminé le 5 juin au petit matin, vers 2h30, l’examen du texte de la loi d’orientation pour la refondation de l’Ecole. Loin d’être consensuelle, la loi a été vivement attaquée par l’opposition sur le genre, l’orientation précoce ou les devoirs à la maison. De fait elle a favorisé un regroupement de la gauche salué au final par Vincent Peillon. Le texte devrait être officiellement adopté le 5 juin vers 15 heures.
« Je regrette que ce rassemblement n’ait pu avoir lieu. Mais je constate que donner des moyens à l’Ecole publique… n’est porté que par les forces de progrès. Une nouvelle fois la droite n’est pas au rendez-vous. Je remercie les députés des forces de gauche ». Ces derniers mots du débat sur la loi d’orientation et de programmation sur la refondation de l’Ecole, Vincent Peillon les tient le 5 juin à 2h30 du matin. Ils mettent fin à un long débat ponctué d’incidents et d’attaques répétées de l’opposition UMP.
Bien loin de diviser la gauche, les amendements de l’UMP ont provoqué sa réunion face à la droite. Même quand l’attaque était habile. Ainsi quand l’UMP demande la mise en place de l’école du socle obligeant le rapporteur de la commission à un exercice difficile d’acrobatie langagière. Sur cette question , qui oppose les députés communistes aux écologistes et socialistes, comment défendre le compromis ? Yves Durand trouve les mots, parlant « d’école de la proximité des apprentissages », rappelant les éléments de la loi qui rapprochent CM2 et 6ème mais tout en reconnaissant que pour atteindre cet objectif il faudra encore de la concertation pour une « appropriation par tous les acteurs ».
Le moment le plus tendu eut lieu sur le genre. A propos d’un amendement à l’article 31 déposé par les écologistes demandant que l’Ecole « assure les conditions de l’éducation à l’égalité de genre », au lieu de « l’égalité entre les femmes et les hommes », l’UMP dénonce avec force l’entrée de la théorie des genres dans l’Ecole et exige un vote. Surfant sur la vague de la manif pour tous, le député P Hetzel parle de « négation de l’humanité ». V Peillon doit rappeler que « les inégalités de genre relèvent d’une construction historique et culturelle » tout en refusant le texte écologistes. « Nous restons sur la position du Sénat mais c’est la mission de l’Education nationale de lutter contre les stéréotypes ». L’opposition devait revenir à la charge quelques article splus tard en attaquant vivement le document du Snuipp réalisé pour la journée de lutte contre l’homophobie. Utilisant des extraits des travaux des experts publiés dans un dossier spécial, les élus UMP dénoncent un véritable complot dans l’Ecole tendant à favoriser l’homosexualité à l’Ecole, installant « le schéma pervers de réseaux de parents ». L’UMP s’est aussi opposée à l’éducation à la sexualité estimant qu’elle relève des seules familles.
Autre point d’affrontement le DIMA et l’orientation précoce défendus jusqu’au bout mais en vain par l’UMP et l’UDI. La question des devoirs à la maison a aussi opposé la droite à la commission et à Vincent Peillon. Le ministre dut dire que « il n’y aura pas interdiction des devoirs à la maison mais des consignes données aux instituteurs ». La journée vit donc peu d’amendements adoptés si ce n’est un texte socialiste clarifiant le rôle de l’éducation nationale sur le sport à l’Ecole et un amendement écologiste favorisant al continuité école collège pour l’enseignement des langues.
Au final le texte de Vincent Peillon est peu remanié. Le ministre a réussi à faire passer une loi sur l’Ecole alors que sa majorité a des conceptions différentes. Mieux, les attaques de la droite ont entraîné l’union de la gauche sur cette loi. Décidément l’Ecole est bien au centre de l’action gouvernementale.
François Jarraud