Aider à la mise en place des projets éducatifs territoriaux (PEDT) n’est-ce pas aussi réformer l l’Education nationale ? Les Assises régionales de l’éducation partagée, réunies le 25 avril à Romainville (93), ont nettement appelé à la création d’un statut du directeur d’école et à la modification du conseil d’école. Réunissant élus et administrateurs territoriaux, associations et enseignants elles ont permis de mutualiser les expériences des projets éducatifs locaux et de rassurer des acteurs qui, en Ile-de-France, ont fait le choix d’appliquer la réforme des rythmes dès 2013.
C’était une promesse de la Ligue de l’enseignement et du Réseau français des villes éducatrices (RFVE) : accompagner en régions les communes dans la mise en place des nouveaux rythmes scolaires et des projets éducatifs territoriaux (PEDT). Le 25 avril, la Ligue et le RFVE ont réuni une centaine de personnes, essentiellement des élus et cadres territoriaux, des associations et quelques enseignants, pour mutualiser les expériences et porter un dialogue ‘apaisé ». Ouvertes par le président de la communauté d’agglomération Est ensemble et maire du Pré Saint-Gervais, Gérard Cosme, les Assises ont été pilotées toute la journée par Paul Bron, maire adjoint de Grenoble et vice-président du RFVE. Une intervention de Daniel Franji et Renaud Morel de l’IFE a présenté des exemples britanniques de projets éducatifs locaux et mis en évidence les conditions de pertinence de ces projets.
Réformer les conseils d’école ?
La première table ronde de la journée a permis un échange sur les questions soulevées par la mise en place des PEDT. La question du financement a été abordée par Paul Bron pour qui les communes doivent faire comme l’Etat : donner la priorité à l’Ecole. Une évolution de la CAF sur le financement des activités périéducatives est aussi attendue. Pierre Fraudeau, président de la Fcpe 78 pose la question des inégalités entre communes. Daniel Grossain, vice-président de l’Andev, élargit cette remarque aux inégalités sociales : comment atteindre les personnes les plus éloignées de l’école ? Les questions de gouvernance sont abordées par Colombe Brossel, maire -adjointe de Paris, qui montre comment la ville doit travailler à des échelles différentes pour créer les PEDT. Il faut à la fois prévoir au niveau d’une très grande ville où les arrondissements sont de la taille d’une ville moyenne et faire du sur mesure pour chaque école de quartier en s’appuyant sur le réseau associatif de voisinage.
Mais c’est surtout l’évolution statutaire de l’école qui se trouve au coeur de la discussion. Pour Paul Bron, la question du statut de l’école primaire est posé par cette réforme. Il souhaite un changement de statut des directeurs d’école. L’idée est reprise par Colombe Brossel pour qui le conseil d’école doit évoluer dans sa composition pour s’ouvrir à l’environnement des écoles. Didier Jacquemain, directeur général des Francas appelle aussi l’éducation nationale à reconnaitre les autres acteurs de l’éducation.
Pour mettre en place la co-éducation
C’est justement des expériences de PEDT qui ont été au coeur de la seconde table ronde. Vice-présidente de la Ligue de l’enseignement, Claire Pessin-Garric estime que » l’école ne peut pas trouver toute seule les réponses éducatives. Il faut des partenariats et des projets communs ». Les collectivités doivent sortir de la logique de prestataire pour devenir partenaire d’une » conduite participative de l’école pilotée par les collectivités ». Aurore Brachet, responsable du bureau des politiques éducatives d’Argenteuil, situe le PEDT dans » une philosophie d’accompagnement au changement permettant à tous les acteurs de rentrer dans le projet ». Mathieu Hanotin, vice-président du conseil général du 93, fixe au PEDT l’objectif de changer le capital culturel des enfants. Le département a un programme d’accompagnement des collégiens exclus qui travaille en ce sens.
La conclusion de la journée est revenue sur les aspects statutaires. Pour Paul Bron » il reste encore du chemin à faire pour le statut et la professionalisation du métier d’animateur, la place des personnels des collectivités et la pérennisation des financements de la loi pour les collectivités ». Jean-Louis Brison, Dasen du 93, estime que les conseils d’école doivent être réformés. Le PEDT va enfin permettre de simplifier les dispositifs existants, qui souvent s’empilent, tels que les CEL, PEL, PRE etc.
George Pau-Langevin clôt la journée avec cette promesse : « l’éducation nationale a bien pris conscience des besoins de tout le monde, de cette nouvelle voie qui s’ouvre et de la nécessité de travailler ensemble. La co-éducation ce n’était pas dans notre habitude. Il est urgent de renverser la vapeur surtout dans nos quartiers populaires ». Ce sont « les besoins de l’enfant qui priment ». Il faut » de la cohérence autour de lui et que les adultes lui donnent le meilleur ».
Quelles évolutions seront imposées à l’école pour mettre en place cette co-éducation ? Pour les organisateurs des Assises le déploiement des PEDT entraine une rupture pour l’éducation nationale.
François Jarraud
PS : Merci à Anna Angeli pour ses notes.
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