Les débats qui s’ouvrent au Sénat sur la loi de refondation de l’Ecole partent du texte, très controversé , de la commission de l’éducation. Si le gouvernement et les partis se déchirent sur ce texte, qu’en pensent les enseignants ? Nous avons demandé à des syndicalistes d’organisations différentes leur point de vue sur ce texte. Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu, Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen Cfdt et Claire Krepper, secrétaire nationale du Se-Unsa ont accepté cet exercice.
Le socle
La commission sénatoriale a inscrit dans la loi le lien entre le socle commun et sa définition européenne. « Ca nous convient tout à fait », estime Claire Krepper. « Il est important qu’il y ait continuité entre le socle défini en 2005 et la loi actuelle. Le socle en sort renforcé en cas d’alternance politique ». Pour Frédéric Sève, « c’est charger la barque. Le plus urgent c’est d’affermir le socle ». Frédérique Rolet rappelle que son syndicat est pour « un vrai socle culturel. Ca ne nous va pas car on est à l’opposé d’un socle lié aux programmes ». Elle espère que le Sénat repousse le texte de la commission sur ce point.
Un cycle commun Cm2 – 6ème
« Ce n’est pas nouveau », souligne F Rolet. « On a vu à l’école la limite des cycles : on continue à parler en terme d’années et les cycles ne se sont pas imposés. Qu’il y ait une continuité entre l’école et el collège c’est très bien. Mais il y aussi la continuité entre collège et lycée à prendre en compte ». Claire Krepper s’inquiète de la durée de ce cycle. « 2 ans c’est trop court pour un cycle ».
L’épreuve multidisciplinaire au brevet
Pour le SeUnsa, Claire Krepper s’étonne de voir ce point dans la loi alors qu’il relève plutot du réglementaire. Frédéric Sève rappelle que son organisation est plutôt pour la suppression du brevet comme examen avec épreuves. Frédérique Rolet rappelle que cela existe déjà avec l’épreuve d’histoire des arts. « Si les liens avec les programmes sont sérieux, s’il y a une vraie évaluation, si ce n’est pas formaté par les élèves, si cela repose sur un vrai travail, alors pourquoi pas ?
Envoyer en formation tous les inspecteurs
Considérant les inspecteurs et les chefs d’établissement comme des freins pour la refondation, la commission sénatoriale souhaite les envoyer en formation. « La formation des cadres et un vrai sujet », reconnaît F Sève. »Le pilotage hiérarchique peut nuire à la réforme mais il n’est pas lié la formation des cadres. C’est une responsabilité collective, ministérielle ». Cet avis n’est pas partagé par le Se-Unsa et le Snes qui se retrouvent sur ce terrain. « Qu’ils aient un autre type de formation ce serait bien. On les a beaucoup formatés pour être des chefs, des gestionnaires , sourds aux demandes de leurs équipes ». « Leur formation est à revoir », estime Claire Krepper. « Il y a du travail à faire si on veut leur apprendre à accompagner les enseignants »…
François Jarraud