Comment le ministère entend-il impulser le numérique dans les écoles et les établissements ? Alors que V. Peillon doit faire connaître le 10 juin sa « stratégie pour le numérique », le Café pédagogique dévoile sa déclinaison académique. Dans une note signée par le directeur de cabinet de V. Peillon et destinée aux recteurs, que le Café pédagogique s’est procurée, le ministère dresse une feuille de route de ce qui va changer dans les académies et les établissements pour faire entrer l’Ecole dans l’ère numérique. Le texte annonce un bouleversement de la gouvernance académique du numérique avec une meilleure coordination avec les collectivités territoriales. Un délégué académique sera installé dans chaque rectorat pour accompagner les projets ministériels et veiller à la formation des enseignants et des cadres. Chaque académie remplira une « feuille de route » pour la fin juin.
Une nouvelle gouvernance territoriale
« Les recteurs sont invités à oeuvrer à l’installation d’une gouvernance territoriale formalisée avec les collectivités » précise ce texte qui est parvenu aux rectorats il y a quelques jours. « L’ambition du ministre nécessite de renforcer le partenariat avec les collectivités sur le numérique autour de projets partagés ». Le texte donne en exemple les acquisitions de matériels informatiques et la maintenance. Il prévoit la mise en place d’une instance académique réunissant l’académie, le conseil régional et les conseils généraux, l’Espe et le Crdp et des instances départementales concernant le 1er degré et associant académie, communes, Espe, Crdp et éventuellement le conseil général. Un conventionnement autour des projets numériques devra avoir lieu avant la fin 2013. Ces instances doivent être mises en place avant la fin juin 2013.
Les académies devront aussi définir des projets pouvant bénéficier des fonds européens du FEDER et les mener à bien avec les régions (seules susceptibles de recevoir des fonds Feder).
Chaque académie devra nommer un Délégué académique au numérique (DAN) qui pilotera le numérique éducatif dans l’académie. Il devrait représenter le directeur du service publique du numérique éducatif que V Peillon envisage de créer au ministère.
Un plan de formation au et par le numérique
D’ici le 15 juin, chaque recteur devra avoir arrêté un plan de formation au numérique intégré au PAF pour 2013-2014. Il comprendra les actions de formation à distance qui sont prévues dans les 9 heures de formation accordées au professeurs des écoles. Des modules de formation seront proposés à la rentrée sur une plate forme développée par le CNDP.
Le soutien aux actions nationales
Les recteurs sont invités à préciser de quelle façon ils soutiendront les projets numériques nationaux qui devraient être détaillés le 10 juin. Il s’agit de l’accompagnement personnalisé de 30 000 élèves de 6ème des établissements prioritaires dès la rentrée. Dans les établissements retenus un référent encadrera les élèves en salle informatique. Ils bénéficieront « d’un ensemble de parcours personnalisés interactifs adaptés aux besoins de chaque élève » et d’un accompagnement par un enseignant tuteur du CNED. Le projet English for schools proposera à la rentrée deux sites nationaux , un pour les élèves, l’autre pour les enseignants, proposant des « univers cohérents et imbriqués, pour l’apprentissage de l’anglais pour les 8-10 ans. .
Certaines académies devront également définir un « collège numérique pilote » capable de démontrer les apports du numérique. Les académies sont aussi sollicitées pour accompagner le développement des ENT et d’un ENT 1er degré.
Une feuille de route pour la mi-juin
Chaque recteur devra construire pour la mi juin une feuille de route académique reprenant ces différents aspects et proposant des projets académiques. Elles comprendront notamment des actions vers les familles et une convention avec la Caisse des dépots sur le raccordement au très haut débit Internet.
Administration et financement
C’est donc une mobilisation administrative sans précédent que met en place le ministère à un rythme rapide. Elle englobe la création d’une administration locale du numérique sur un schéma pyramidal classique et un effort de formation des personnels. Elle veut associer cette formation au déploiement de matériel. Les récents rapports sur la Corrèze et les Landes ont mis en évidence les dégâts de l’absence de pilotage commun entre académie et collectivité territoriale.
Mais ce document marque aussi l’écart entre les ambitions et les moyens. La stratégie numérique de Vincent Peillon ne pourra exister qu’avec des fonds européens versés aux régions et avec le soutien financier des collectivités locales. Le pilotage pourrait bien alors basculer du coté local. Et il n’est pas certains qu’aux deux niveaux européen et territorial 2013 et 2014 soient de bonnes années pour dégager des moyens.
François Jarraud