Dans son ouvrage, Jean-Claude Carle utilise des travaux de recherche pour appuyer sa vision de l’enseignement. Il prétend connaitre les méthodes pédagogiques efficaces et invite à leur généralisation. Si ces méthodes existent pourquoi ne pas les appliquer ? C’est aussi parce que son syndicat organise une université annuelle très suivie par les chercheurs que nous demandons à Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, son avis sur ce point.
L’ouvrage de JC Carle se présente comme un projet alternatif à la refondation de V. Peillon. Qu’en pensez-vous ?
Cet ouvrage nous rappelle que l’opposition a un autre projet pour l’éducation, avec des ficelles bien connues, la mis en place d’évaluations, la rémunération au mérite. C’est l’idée que les enseignants sont trop livrés à eux-mêmes et qu’il faut les gouverner par les résultats.
JC Carle s’appuie sur des travaux scientifiques de recherche…
Il instrumentalise les travaux de Zorman et laisse croire qu’il suffirait de mettre en place de bonnes pratiques comme des recettes miracles pour améliorer les résultats des élèves. On sait bien que les enseignants ont besoin de recherches en éducation. Mais elles n’ont pas à être instrumentalisées mais mises au service des pratiques des enseignants. Les recherches peuvent faire évoluer ces pratiques mais ce ne sont pas des recettes miracles. Zorman lui-même ne disait pas que ses travaux conduits à Grenoble avaient vocation à être généralisés. Car à Grenoble, il y avait une méthode, un contexte, un accompagnement particuliers et donc appliquer en copier / coller dans des contextes différents n’aurait pas de sens.
La recherche est utile mais elle ne définit pas une seule manière d’enseigner. Une classe ce n’est aps un groupe de cobayes. C’est un groupe humain avec du relationnel entre enseignant et élèves et entre élèves. Et ce relationnel joue un rôle important dans les apprentissages tout comme le regard de l’enseignant et des facteurs culturels. Tous ces éléments doivent être pris en compte. L’idée d’appliquer une recette miracle quelque soit le public , de manière normative mène à une impasse car elle ne tient pas compte de la dimension relationnelle qui est différente selon les classes. C’est justement là qu’intervient l’enseignant.
JC Carle invite à ne travailler que le cognitif et les fondamentaux et à soumettre le non cognitif à un rôle très second. Qu’en pensez-vous ?
C’est justement méconnaitre les conceptions sur les apprentissages. Les travaux de A Florin par exemple montrent l’importance de la dimension cognative dans les apprentissages. La conception de JC Carle est quasi médicale. Elle oublie la dimension sociale, collective des apprentissages. Pour apprendre il faut du cognitif et du relationnel. La recherche ne doit aps être instrumentalisée. En éducation il n’y a pas de recette miracle.
Propos recueillis par François Jarraud