L’éducation nationale doit sortir de sa coquille. A la veille de la Journée de réussite éducative, qui a lieu le 15 mai, George Pau-Langevin, ministre déléguée à la réussite éducative, montre que cette Journée s’inscrit dans une pensée sur l’éducation. En lien avec la réforme des rythmes scolaires et les PEDT, la Journée participe d’une « révolution culturelle » programmée rue de Grenelle.
Mercredi 15 mai, la première Journée de la réussite éducative réunit des participants d’horizons divers. Son objectif c’est de mettre plus de cohérence entre les différents acteurs ?
Aujourd’hui pour lutter pour la réussite des élèves il y a beaucoup d’acteurs qui travaillent chacun de son coté. C’est le cas par exemple des dispositifs de réussite locale où il y a des collectivités locales, des associations et des personnels de l’éducation nationale. Mais l’éducation nationale, en tant qu’institution n’est pas partie prenante de ces projets. Donc je pense qu’il faut que tous ces gens qui interviennent se rencontrent se parlent et fassent le bilan de ce qu’il doit faire. Nous réfléchissons depuis plusieurs mois à cette collaboration. Il faut qu’elle puisse se concrétiser par un projet de charte de la réussite éducative qui énoncera les principes sur lesquels peut s’appuyer une politique de réussite éducative.
Un des éléments intéressants dans le travail commencé c’est d’arriver à mieux articuler les interventions des uns et des autres. Par exemple quand un enfant a des difficultés scolaires regarder s’il a des problèmes de santé ou de famille. C’est toute cette idée de cohérence que nous faisons vivre dans cette journée de la réussite éducative.
Il y a des thèmes que l’on s’attendait à trouver et qu’on ne voit pas au programme. Comme la carte scolaire, l’enseignement prioritaire…
L’éducation prioritaire fait l’objet d’une réflexion pluri partenariale. Cette préoccupation est sous jacente puisque les quartiers d’éducation prioritaire recouvrent presque ceux de la politique de réussite éducative. On travaille avec le ministère de la Ville sur ce sujet et en même temps il y a une concertation au ministère de l’éducation nationale avec les organisations syndicales sur ce sujet, sur ses incidences financières par exemple. On fera à l’automne des Assises de l’éducation prioritaire.
La Journée va aboutir à la rédaction d’une charte ? Aura-t-elle des aspects financiers ?
Les participants vont se mettre d’accord sur des principes communs qui doivent être respectés si l’on veut faire une politique de réussite éducative digne de ce nom. Les propositions seront débattues et ils proposeront cette charte à la signature des ministres et des associatifs. Elle pose des aspects fondateurs, pas financiers. Qu’est ce que ça veut dire de travailler ensemble sur la réussite éducative. On s’aperçoit que selon les endroits on met sous le même terme des activités différentes. Il y aussi la question aussi des méthodes. On voit que là où les politiques réussissent les intervenants ont pris l’habitude de travailler ensemble, d’échanger des informations. On va ainsi faciliter la mise en place des Projets éducatifs territoriaux (PEDT) et des attitudes que l’on attend des gens avec la modification des rythmes où il faut déjà harmoniser ce qui se fait autour de l’Ecole. Cette politique de réussite éducative prend son sens aussi par rapport à la politique des rythmes scolaires.
Effectivement on voit dans tous vos projets (Conseil de l’innovation, Vie lycéenne etc.) la volonté d’ouvrir l’Ecole sur son environnement. Etes-vous satisfaite de l’avancée de cette idée ou trouvez vous les résistances très fortes ?
Pendant longtemps l’éducation nationale s’est protégée de son environnement en partant de l’idée d’assurer l’égalité des prestations offertes aux enfants de manière à ce que d’un bout à l’autre du territoire les enfants aient accès au même savoir. C’était cela le fondamental de l’égalité et on avait une école neutre qui se protégeait de l’extérieur. On s’est rendu compte à l’usage que l’Ecole était prise dans un territoire et qu’elle devait prendre en compte son identité dans le souci des enfants. C’est une révolution culturelle. De la même façon on avait fait abstraction de la famille. Or on voit que le poids des déterminismes sociaux, malgré le travail des enseignants, est très important. Donc si l’on veut que les enfants réussissent on doit prendre en compte la famille réelle, telle qu’elle est, et l’aider à remplir son rôle d’éducateur. C’est un renversement de point de vue.
Le sénateur Carle vient de sortir un opuscule où il demande à l’Ecole de se concentrer que sur les fondamentaux. Vous êtes su rune position opposée ?
Je pense que si l’école travaille en liaison avec les autres acteurs sans doute il y aura une répartition du travail plus simple. Si on arrive à organiser cela avec cohérence cela facilitera la tâche des enseignants qui pourront se concentrer sur certains points. Les deux démarches ne sont pas contradictoires.
Propos recueillis par François Jarraud
Vous pourrez suivre le déroulé de la Journée de la réussite éducative sur le compte Twitter du Café pédagogique.