La croissance du nombre d’élèves très importante à la rentrée 2013, importante en 2014 va réduire d’autant la marge de manoeuvre de l’éducation nationale pour mettre en place les réformes voulues par le ministre de l’éducation nationale.
+ 70 000 à la rentrée 2013
Selon les évaluations du ministère de l’éducation nationale (DEPP), près de 70 000 élèves supplémentaires seront scolarisés à la rentrée 2013. Cette hausse très sensible (environ 10% d’une génération) portera moitié sur le primaire et moitié sur le secondaire. 17 000 nouveaux élèves devraient entrer en préélémentaire essentiellement du fait de la croissance démographique. Après des années de baisse de la scolarisation, le ministère prévoit une hausse de 3 000 enfants de moins de 3 ans. A cela s’ajoutent plus de 16 000 écoliers qui entreront à l’école élémentaire à la prochaine rentrée. Ce sont donc 34 200 élèves supplémentaires que l’école devra accueillir soit l’équivalent de 1 400 classes.
Dans le secondaire, le gros de la croissance se portera sur le collège qui accueillera 16 800 élèves supplémentaires. Les effectifs diminueront en 6ème et 5ème mais augmenteront en 4ème et 3ème. Le lycée général et technologique verra ses effectifs augmenter de 9000 lycéens. Enfin le lycée professionnel accueillera 12 800 élèves supplémentaires malgré la fermeture des Bep.
+ 40 000 à la rentrée 2014
A la rentrée 2014, 32 000 nouveaux écoliers devront être accueillis dont 3 000 moins de 3 ans. Mais c’est sur l’école élémentaire que la hausse se porte, le pré élémentaire sera stable. Dans le secondaire la hausse est moins importante (+ 9 100). Le collège gagnera 4 000 élèves supplémentaires. Le lycée général et technologique 8 500. Mais le lycée professionnel perdra 3 600 élèves.
Les réformes freinées
La rentrée 2013 sera la première rentrée depuis des années où le nombre de postes augmentera. On ne sera donc pas dans le scénario de ces dernières années où la hausse démographique s’accompagnait de fermetures de classes directes ou indirectes (à travers la suppression des postes de remplaçants). Mais sur les 3 000 postes créés à la rentrée dans le premier degré, presque la moitié devront être consacrés à la croissance démographique. C’est autant de postes en moins pour mettre en place le plus de maîtres que de classes voulu par V. Peillon. Le dispositif phare de la refondation, susceptible de lutter contre la baisse de niveau constatée dans le système éducatif français, se déploiera de façon moins importante que prévue. Moins d’enseignants pourront constater le changement dans les 53 000 écoles françaises. Ce frein perdurera à la rentrée 2014. La « priorité au primaire » sera décidément difficile alors que la réforme des rythmes agitera les écoles.
Dans le secondaire les 35 500 élèves supplémentaires pourraient absorber environ 3 000 postes sur les 3 800 emplois supplémentaires créés à la rentrée. Là aussi les moyens disponibles pour mener des politiques seront amputés. Mais la situation deviendra meilleure en 2014 alors que des réformes du lycée et du collège pourraient voir le jour en 2015.
Déjà aux prises avec de nombreuses difficultés pour mettre en place ses réformes, dont la moindre n’est pas la difficulté de recruter des enseignants, les efforts de V. Peillon vont être freinés par l’insolente croissance démographique française. Un des rares domaines où la France s’impose en Europe.
François Jarraud