La promesse de François Hollande d’inclure l’entreprenariat dans les enseignements soulève une fronde au sein même de l’éducation nationale. Même Jules Ferry est mobilisé…
C’est l’historien Claude Lelièvre qui réveille Jules Ferry pour l’opposer à F. Hollande. » C’était bien la peine d’avoir mis son intronisation à la présidence de la République sous les auspices de Jules Ferry, juste devant la statue du ‘’commandeur’’. Un Jules Ferry qui a déclaré le plus clairement du monde, et à plusieurs reprises , que la tentation d’aller dans ce sens traversait et traverserait notre société moderne, mais qu’il ne fallait surtout pas y céder ».
Présidente de l’Apses, l’association des professeurs de SES, Marjorie Galy voit dans les propos présidentiels un projet idéologique. » Oui, les jeunes ont un vrai besoin de connaissances relatives au monde du travail et aux différents métiers. Oui, ils sont angoissés – à juste titre – par le chômage et notre mission est de les aider. Mais pourquoi se focaliser sur l’entrepreneuriat et pas sur l’ensemble du champ professionnel ? Pourquoi ce métier plutôt qu’un autre ? Et puis, que met-on derrière l’expression « esprit d’entreprise » ? Quand nous organisons une sortie scolaire et qu’on cherche avec les élèves le meilleur transporteur, quand on monte un projet humanitaire, quand les élèves s’impliquent dans les instances de leur lycée, c’est aussi de l’esprit d’entreprise. Bizarrement, je n’ai pas l’impression que c’est de celui-ci qu’il est question dans les annonces de François Hollande. On semble plutôt très tourné sur le seul secteur marchand et sur la mythification du « chef d’entreprise ».
Le Sgen Cfdt demande qu’on revienne sur terre. » Il est temps de proposer des mesures plus concrètes et plus opérationnelles… Les entreprises doivent assurer l’accueil des jeunes, sans discrimination, dans le cadre des stages qui sont organisés du collège à l’université. Il faut aussi concrétiser la coopération entre école et entreprise là où elle est nécessaire, notamment dans le suivi pédagogique des stages. Il faut enfin former aux pratiques du dialogue social dans les entreprises, comme dans le service public, parce que l’insertion professionnelle ne s’oppose pas à l’exercice de la citoyenneté ».