Où en est la formation professionnelle en France ? Eric Charbonnier, expert de la direction de l »éducation de l’OCDE, a présenté le 15 avril au » Collectif 21 des présidents pour l’amélioration de la formation professionnelle » la lecture de l’OCDE sur un domaine où la France a des progrès à faire. Mais dans quel sens ? C’est sur ces orientation que le collectif entend peser alors que l’Etat annonce une réforme en profondeur.
Sur quelles bases réformer la formation professionnelle ? Et pour qui ? Ces deux questions sont au coeur de la réforme de la formation professionnelle engagée par le gouvernement avec l’objectif d’une conférence nationale et d’un loi cet été. Dans cette perspective, des organismes du secteur de la formation professionnelle ont constitué le « Collectif 21 des présidents pour l’amélioration de la formation professionnelle », présidé par Yves Attou et représentant environ un tiers des organismes du secteur. S’estimant tenus à l’écart de la réforme, ils entendent se faire entendre en complément des partenaires sociaux. Le 15 avril, le collectif tenait une première audition avec Eric Charbonnier, expert de la direction de l’éducation de l’OCDE offrant ainsi l’occasion d’une mise à nu du système français au regard des autres pays.
Pour Eric Charbonnier, la formation professionnelle est d’autant plus importante en France que 140 000 jeunes sortent du système éducatif sans diplôme reconnu et qu’il est plus difficile en France de trouver un emploi sans diplôme que dans les autres pays de l’OCDE. 11% des jeunes de 15 à 19 ans sont en dehors du système éducatif et le strois quarts sans emploi. Autre particularité française, les diplômés du secondaire participent relativement peu à la croissance économique, à la différence de pays comme l’Allemagne ou l’Autriche. Cela tient au fait que ces diplômes sont très éloignés du monde professionnel.
La formation professionnelle est moins développée et moins financée en France que dans la moyenne de l’OCDE. Un pourcentage assez faible des actifs y a accès et pour un nombre d’heures assez faible. La France fait partie des pays où moins d’individus ont accès à peu d’heures de formation professionnelle. Enfin moins on est diplômé moins on a de chance d’accéder à la formation professionnelle. Plus on est âgé plus on est exclu de cette formation. Alors que l’age du départ en retraite augmente on continue à ne pas s’intéresser àla formation des séniors.
Il y a donc une double urgence. IL faut à la fois améliorer le système éducatif où l’échec scolaire est très lié à l’origine sociale et la formation professionnelle, elle aussi en difficulté pour s’adresser au public le plus défavorisé.
D’où une série de recommandation portées par E Charbonnier. Pour l’OCDE, il faut associer davantage le monde professionnel à l’enseignement secondaire, former les jeunes à un métier sans oublier les compétences générales. L’orientation entre lse secondaire et le supérieur doit être améliorée pour les lycéens professionnels et technologiques. Ils représentent la moitié des bacheliers mais ont du mal à accéder aux formations supérieures courtes et échouent en université. L’OCDE revendique aussi la création d’un droit différé à la formation professionnelle pour les jeunes sortis sans qualification. Il faut qu’ils puissent reprendre des études tout en gardant éventuellement leur emploi.
L’étude PIAAC. L’OCDE devrait nous permettre d’en savoir davantage sur l’état de la formation professionnelle en France. Elle rendra public à l’automne les résultats de l’étude PIAAC sur les compétences des adultes de 16 à 65 ans. 24 pays ont participé à l’enquête. Nul doute que le collectif soit aussi à l’écoute de ces enseignements.
François Jarraud