Pour une fois, une rentrée sans vagues ? La perspective de la rentrée, définie par la circulaire de rentrée publiée au B.O. du 11 avril, suscite exceptionnellement peu de réactions négatives. La création de près de 7 000 postes est détaillée par le Se Unsa et soulignée par le ministère. Seule la Peep dénonce les nouvelles règles de la carte scolaire.
« Après des années de réduction des emplois, la refondation de l’École consiste d’abord à réinvestir significativement dans les ressources humaines », affirme le ministère dans un communiqué. Les 6 770 créations de postes d’enseignants (en équivalents temps plein) rompent en effet avec les années de suppressions de moyens. Rappelons que 3 000 postes sont attribués au primaire et 3 770 au secondaire, en priorité pour le collège. Ces postes ne compensent pas les 80 000 suppressions des 10 dernières années. Mais ils ajoutent de la chair là où on était arrivé à l’os.
Une nouvelle géographie de l’école
Le Se-Unsa détaille, cartes à l’appui, la répartition des postes dans les départements et met en évidence les limites des politiques rectorales. Ainsi 53 nouveaux postes de Rased seulement sont créés , dont 33 dans la seule Seine Saint-Denis. Dans la grande majorité des départements il n’y aura pas de relance des Rased. La scolarisation des moins de 3 ans va bénéficier de la création de 332 classes à la rentrée. La rupture est nette après des années de fermetures. Elle est visible aussi géographiquement puisque les départements de l’ouest , bien dotés, bénéficient de peu de moyens. Ce sont les grandes agglomérations qui voient s’ouvrir des classes. Justement la scolarisation précoce bénéficie principalement aux enfants des familles populaires. 974 postes concernent les « plus de maitres que de classes ». « On observe des situations diverses selon les caractéristiques des départements. Ainsi dans les départements à dominante rurale, on ne crée pas de poste ou très peu. C’est plus étonnant dans des départements à dominante urbaine, comme en Haute Garonne », relève le Se-Unsa. Globalement la mesure, qui doit apporter un renouveau pédagogique dans les zones défavorisées, cible bien les quartiers : 29 postes dans le 93, 25 dans le 94, 80 en Nord- Pas-de-Calais, 89 à La Réunion. Avec 30 000 élèves supplémentaires prévus, les ouvertures de classes restent insuffisantes : 67 seulement en l’état actuel. Mais un millier de postes n’ont pas encore été ciblés par les Dasen. Les revendications de terrain ont des chances d’être entendues.
A propos de la carte scolaire, la Peep dénonce « une mesure inefficace dans l’accroissement de la mixité sociale dans les établissements ». Le ministère a agi très prudemment et se limite à rétrograder les demandes de dérogation en faveur des options rares. Pour la Peep, l’absence de mixité dans les établissements reflète celle des quartiers.
Rénover la gouvernance
C’est justement aux cadres que s’adresse le Sgen. La circulaire « sera d’abord la feuille de route de tous ceux qui, dans les établissements, dans les écoles, seront chargés de mettre en œuvre la politique ministérielle, au premier rang desquels les personnels de direction et les IEN dans les circonscriptions », relève le Sgen. Or « le pilotage autoritaire des années précédentes a meurtri aussi bien les personnels qui le subissaient que ceux qui étaient chargés de l’appliquer. Certes, la circulaire de rentrée ne manque pas d’affirmer que la refondation est aussi « un changement de méthode », mais il aurait fallu l’expliciter et l’enraciner par des écrits, et s’adresser spécifiquement à ceux qui vont devoir incarner ce changement de méthode, avec toute la difficulté que cela implique en cette période difficile ». Le syndicat appelle à un changement de culture. Rappelons qu’en février, V Peillon avait réuni tous les IEN et tenu des propos favorable sà un changement de posture. « Le management ne ressemble pas à ce que nous sommes. Nous sommes des artisans d’un idéal… Il y aura toujours des fermetures de classes. Il faut être capable de le justifier d’un point de vue pédagogique », avait dit le ministre. Le Sgen estime que la rupture n’est pas assez évidente sur ce terrain.
Finalement la seule contre attaque vient de Sourdun. L’internat d’excellence n’est aps supprimé mais est menacé de normalisation. L’Institut des politiques publiques publie un rapport qui montre que la formule obtient des résultats durables : remotivation, amélioration du niveau en maths. Mais le coût moyen des internats d’excellence est presque le double de celui des structures ordinaires.
François Jarraud