Vincent Peillon a clos le 28 mars les Journées de l’innovation organisées par la Dgesco (direction de l’enseignement scolaire, ministère de l’éducation nationale). En plaidant pour la liberté des enseignants innovants face aux injonctions officielles, le ministre a pris une position en nette rupture avec les pratiques de son prédécesseur.
« C’est l’innovation qui maintient le système éducatif à la température normale ». Vincent Peillon a commencé son discours des Journées de l’innovation, le 28 mars, par cette citation d’Antoine Prost prononcée lors du Forum des enseignants innovants d’Orléans de 2012 auquel il avait assisté. Il a d’ailleurs salué le Forum des enseignants innovants, posant ainsi d’emblée le thème principal de son discours.
Rappelant que « l’innovation peut-être dans les méthodes, les pratiques, ou le matériel comme les tablettes », V Peillon a annoncé que « ceux qui innovent doivent savoir qu’ils peuvent compter sur nous. Non pas parce qu’on va prescrire et évaluer. Mais parce qu’on va encourager , permettre et diffuser ».
Le ministre a ainsi pris position dans le débat sur l’innovation officielle, forcément présent dans une Journée organisée par la Dgesco. L’article 34 de la loi de 2005 a créé une innovation officielle sous contrôle ministériel et alimenté une volonté de contrôle très forte de toute innovation sous le ministère précédent. En même temps il a fait rentrer l’innovation dans le jeu administratif ordinaire, les moyens dévolus à l’innovation participant de la gestion ordinaire du système, comme l’a montré le rapport d’Yves Reuter (2011).
Pour Vincent Peillon, « la refondation de l’Ecole est d’abord une refondation pédagogique… Ce n’est pas une loi, une circulaire, un arrêté ou un décret. C’est la capacité qui sera la notre d’entraîner les enseignants ». Dans cette optique le ministre a répété que « l’innovation ne peut pas être une injonction ministérielle, ca ne le sera jamais ». Il a appelé à faire confiance aux enseignants. « Il faut organiser la rencontre entre l’innovation et l’institution », a poursuivi le ministre. « Aucune innovation dictée par le haut ne saurait réussir.. On veut faire en sorte que l’innovation soit encouragée et libérée par l’institution ».
Les Journées de l’innovation ont réuni 32 projets officiels d’enseignants innovants et plusieurs centaines d’officiels durant deux journées à l’Unesco. Le ministère a récompensé lui-même trois projets parmi ses projets officiels en leur remettant des prix.
François Jarraud