Le Conseil de Paris a adopté le 25 mars le projet de Bertrand Delanoë sur la réforme des rythmes scolaires. Le même jour, la grève des enseignants du primaire, soutenue par une large intersyndicale, a réuni 35% des enseignants selon le ministère, 55% selon les syndicats. Même si le mouvement des enseignants s’essouffle, deux camps restent face à face.
Le projet municipal
Après un débat animé où l’opposition a pris l’engagement de lancer « une véritable concertation » si elle arrivait au pouvoir en 2014, le conseil de Paris a adopté un peu avant midi le 25 mars le projet de Bertrand Delanoë par 94 voix pour contre 69. Les élus écologistes ont voté avec le PS le projet du maire. Le Front de gauche a voté contre en condamnant toute la loi d’orientation. Le projet municipal prévoit que les 3 heures périscolaires soient regroupées en deux moments d’une heure trente le mardi et le vendredi. Ces jours là les cours s’arrêteront à 15 heures. Et la ville proposera des activités artistiques, culturelles , sportives.
Colombe Brossel, maire adjointe en charge de l’éducation, a rappelé les engagements, impressionnants, de la ville. Ainsi Paris recrutera un millier d’équivalent temps plein supplémentaire d’animateurs ainsi qu’une centaine d’ASEM. « On s’engage sur l’amélioration du périscolaire existant » , a déclaré C Brossel qui a annoncé une amélioration du taux d’encadrement. « Tout ne s’arrête pas aujourd’hui. On va enrichir le projet avec les communautés éducatives », précise-t-elle en réponse aux attaques de l’opposition sur la concertation. Le coût global du projet municipal est évalué à 40 millions. La Ville pense en recevoir 6 de l’Etat et 16 de la CAF. Elle promet de trouver la somme manquante sans augmenter les impôts.
Une grève encore suivie
L’intersyndicale du primaire parisien, qui regroupe le Snuipp , Se Unsa, Cgt, Sud, FO, Cnt, avait appelé à la grève pour cette journée de débat municipal. Selon les syndicats 55% des enseignants du primaire ont fait grève. Le ministère parle de 35% et la ville de Paris de 40%. Une centaine d’écoles étaient fermées. Dans tous les cas on est à environ la moitié de la mobilisation du 12 février, signe d’un certain essoufflement. Interrogé par el Café, Jérome Lambert, secrétaire départemental du Snuipp 75, conteste cet essoufflement et estime la mobilisation encore très forte.. Il dénonce l’absence de concertation avec la ville et juge les propositions Delanoë insuffisantes. L’intersyndicale demande au recteur de le refuser. Environ un millier de personnes se sont réunies le matin devant l’Hotel de Ville avant de défiler jusqu’au rectorat. Les banderoles dénonçaient le manque de concertation ou encore appelaient à ne plus voter PS. Dans l’après midi l’assemblée générale a confirmé la combativité de l’intersyndicale.
« Le gouvernement pour qui j’ai voté fait n’importe quoi ». Directrice et militante Sud, Françoise Salmon souligne « l’énorme fossé » que le conflit a creusé avec la Ville et « la déception » envers le gouvernement. Favorable à la réduction des vacances d’été et à la semaine de 4,5 jours, elle estime que le projet municipal « n’empechera pas la fatigue des enfants avec deux journées à 6 heures de classe » et « une semaine déséquilibrée ce qui est en contradiction avec les recommandations des chronobiologistes ». « Je ne vois pas comment la ville qui est incapable d’avoir des animations de qualité actuellement fera pour mettre en place des activités périscolaires pour tous les élèves », poursuit-elle. Elle confie la crainte des enseignants de voir tout ce qui fait le sel du métier, les activités artistiques, les sorties, glisser vers le périscolaire laissant aux enseignants un enseignement plus sec. C’est aussi la crainte de Céline Mouty, une professeure des écoles en maternelle. « Mes conditions de travail vont s’aggraver. Les sorties c’est fini » nous a-t-elle dit. L’engagement du maire de maintenir les professeurs de la ville de Paris sur le temps scolaire et d’embaucher des professeurs de langues semble là aussi se retourner contre lui.
Une page a bien été tournée à Paris le 25 mars. Mais la contestation n’a pas disparu. Mardi 26 mars, on annonce 8% de grévistes et 17 écoles fermées. Pour certaines ce sera la semaine des 4 jeudis. En effet, quatre fédérations appellent à une grève nationale le 28 mars.
François Jarraud