Tout au long de la semaine, l’Assemblée nationale va étudier la loi de refondation de l’Ecole proposée par Vincent Peillon. Le texte est déjà très critiqué et dénigré. En quoi est-il important pour l’avenir de l’Ecole ?
Après 10 ans de gouvernements de droite qui ont sacrifié l’éducation, les impatiences sont grandes dans le monde de l’école. Ce sont elles que l’on entend très fort aussi bien chez les parents que chez les enseignants.
Ce sont les parents du 93 qui n’en peuvent plus de voir les enfants sans enseignant et les collèges sombrer. Ils veulent tout de suite que l’Etat remplisse son rôle en mettant des enseignants dans les classes.
Ce sont les enseignants, un peu partout, qui sont déçus quand ils constatent que la rentrée prochaine sera à peine meilleure que celle de 2012. Il y aura toujours des classes chargées faute d’enseignants. Les Rased manqueront toujours pour prendre en charge des enfants qui en ont largement besoin et qui font de la classe un espace dangereux ou difficile à gérer. Ils voient aussi qu’on leur demande encore de nouveaux efforts , y compris financiers le mercredi pour les enseignants du primaire, alors que leur salaire net est en baisse depuis plusieurs années.
Chacune de ces impatiences est légitime. Et chacune mérite d’être entendue. Or elles n’obtiendront pas de réponse à la rentrée 2013.
Est-ce pour autant que la loi Peillon soit mauvaise ?
Dans le contexte budgétaire de 2013 elle demande un effort financier énorme aux élus mais insuffisant par rapport aux besoins. C’est qu’il n’est pas possible de régler en un an les effets de 10 ans de gestion y compris sur le seul plan matériel.
La loi engage l’avenir sur des points qui n’auront pas d’effet immédiat. C’est le cas avec la réforme de la formation qui instaure une vraie formation professionnalisante. C’est sur le long terme qu’elle changera les choses sur le terrain. Mais c’est sans doute le seul moyen de les changer réellement.
L’autre grande réforme est encore plus illisible. Il s’agit de la territorialisation. Elle se lit dans la réforme des rythmes, dans les nouvelles compétences des collectivités locales. De toutes les mesures de la loi d’orientation c’est la moins bien défendue par le gouvernement. L’opinion publique n’a pas du tout été préparée à cette transformation lente mais effective de l’Ecole. C’est pourtant probablement celle qui peut avoir les plus gros effets. Dans un système éducatif immobile et rigidifié par son fonctionnement vertical, ce retour de l’horizontalité ne peut que remettre le système en route.
Durant de nombreuses années on n’a vu dans l’Ecole qu’un remède aux problèmes du présent. Vincent Peillon travaille lui pour le long terme. Les députés ont aussi la responsabilité du moyen terme. Si les premiers échanges en commission ont montré qu’ils sont prêts à soutenir la loi Peillon, ils devront aussi conjuguer le présent et le futur.
François Jarraud