La « Semaine de langue française et de la francophonie » se déroulera du 16 au 24 mars 2013 : elle sera l’occasion de célébrer comme chaque année la vitalité et la richesse du français, et plus particulièrement de fêter son vocabulaire en valorisant tous les projets réalisés autour de l’opération « Dis-moi dix mots ». L’édition 2013, intitulée « Dis-moi dix mots semés au loin », s’intéresse plus particulièrement à « l’attrait que le français exerce sur les langues du monde » à travers des « mots voyageurs » qui « construisent des ponts, à la fois virtuels et concrets, entre les cultures. » La semaine de la langue française apparaît alors tout autant comme une célébration de l’ouverture au monde et du métissage entre les cultures : c’est le sens que lui donnent les organisateurs dans un programme de festivités qui invite à la créativité et aux échanges.
Aurélie Filippetti donnera le coup d’envoi de l’édition 2013 de la Semaine de la langue française et de la Francophonie, en présence des partenaires de l’opération et de plusieurs auteurs de langue maternelle étrangère ayant choisi le français comme langue d’expression. « Pour ma part, confie la Ministre de la Culture, j’ai avec les mots de la langue française une relation profonde, vitale. D’abord parce que la langue française est la langue de l’intégration de ma famille dans la communauté nationale qui l’a accueillie. Mais aussi parce que vivre dans les mots – ceux de la langue française – c’est à mes yeux éprouver l’exercice de la liberté, de l’émancipation. Cette relation intime est en permanente construction, par les lectures, les spectacles et aussi les conversations. Parler, écrire, nous humanise. La langue offre ainsi dans la cité un outil irremplaçable de civilisation, dont chacun peut s’emparer non seulement comme un héritage précieux fait de règles et de codes à respecter, mais comme une richesse immense ouverte aux évolutions nées de l’imagination. »
Le « désir de français » sera aussi fêté le 14 mars par une rencontre littéraire au Petit-Palais : Julia Kristeva, Atik Rahimi, Eugène Green, Akira Mitzubayashi et Vassilis Alexakis diront « pourquoi ils ont fait le choix d’écrire dans la langue de l’autre et comment ils habitent cet entre-deux langues ». Des traducteurs témoigneront aussi de « cette double identité intime et littéraire ». Interrogé sur les mots français entendus dans son enfance qui les premiers lui ont fait aimer cette langue, le romancier et cinéaste afghabn Atiq Rahimi fait ainsi cette jolie réponse : « Voilà Alice, elle dort » sont mes premiers mots français appris à Kaboul au lycée franco-afghan. Un beau voyage au pays des merveilles de la langue française. »
De nombreux événements sont organisés tout au long de cette période. En collaboration avec le Printemps des poètes, un livre manifeste est ainsi à paraître : dix auteurs (Tahar Ben Jelloun, François Cheng, Sylvia Baron Supervielle, Jacques Roubaud, Jacques Reda…) y feront écho à « La défense et illustration de la langue française » de Joachim du Bellay paru en 1549. A l’École nationale supérieure des Arts décoratifs se déroulera une exposition, « L’art des mots, la force de l’image » : les étudiants se sont emparés des dix mots du concours (atelier, bouquet, cachet, coup de foudre, équipe, protéger, savoir-faire, unique, vis-à-vis, voilà) pour produire des créations visuelles ; ce travail « propose de scruter les imaginaires, personnels ou collectifs, que ces mots inspirent », il veut « amener le visiteur à reconnaître chaque mot sans jamais le voir écrit ». Le 24 mars, au Bataclan, un match d’improvisation francophone permettra de fêter le mélange des cultures de façon vivante et spontanée. Le site officiel de l’opération propose un concours de définition : « Consultez les textes publiés par les internautes pour commencer la journée par un sourire et lancez-vous : choisissez un mot, ou les dix, et proposez vos définitions poétiques, humoristiques, voire loufoques, jouez sur la polysémie de ces mots, la synonymie, la polyphonie, les expressions où ces mots figurent…
Une seule contrainte : pas plus de 120 caractères. » De l’autre côté de l’Atlantique, un « Sablier québécois » intitulé « Minute papillon » invite sous une autre forme à la créativité : « À vos téléphones portables, appareils photos ou caméras pour mettre en scène l’un ou les dix mots de la Semaine. La règle de la seconde édition de ce concours de films pourrait se résumer par « un pour dix », autrement dit un film d’une minute pour 10 mots. » A Aix-en-Provence, on pousse les langues à se frotter les unes aux autres par une « corrida des mots » : « rédiger un texte en espagnol de 15 à 20 lignes contenant 10 mots français couramment employés « tels quels » en espagnol. » La Ligue Slam de France participe à la fête par l’opération « ExSlamez vous ! 10 mots, 10 tournois dans 10 villes. TV5MONDE organise sur Internet un concours de poésie parrainé par le chanteur Christian Olivier des Têtes raides : « Les amateurs de poésie du monde entier sont invités à poster leurs poèmes sur le site de TV5MONDE du 11 février au 8 mars. Une seule consigne : les poèmes doivent contenir les 10 mots de Semaine de la langue française 2013. »
On découvrira sur le site de la manifestation le programme précis de tous les événements prévus, qui, sur internet, dans les librairies ou dans les musées, en France et ailleurs, invitent chacun à festoyer la langue. Les enseignants y feront aussi leur miel en y trouvant des idées d’activités pédagogiques susceptibles de favoriser le plaisir des mots, de développer tout à la fois créativité et connaissances.
Jean-Michel Le Baut