En général quand un ministre de l’éducation nationale met en avant un programme numérique c’est qu’il est sacrément en panne ailleurs. Luc Chatel nous a fait le coup et même Xavier Darcos dont les rapports avec l’ordinateur n’étaient pas d’une grande familiarité. Reconnaissons que l’intérêt pour le numérique est sincère et profond chez Vincent Peillon. Le ministre a annoncé dès son arrivée sa volonté d’avoir une politique numérique ambitieuse. Vincent Peillon a exposé le 20 février son programme numérique devant le Conseil des ministres. Outre la création d’un « service public de l’enseignement numérique », le ministère annonce un service d’aide aux élèves en difficulté et d’accompagnement à l’apprentissage de l’anglais au primaire. Une offre de ressources culturelles gratuites fournies par les établissements nationaux est aussi annoncée. La mise en place du « service public de l’enseignement numérique » devrait s’accompagner d’une réorganisation des services du ministère avec, dit-on de source non-officielle, une direction du numérique.
Ce que dit la loi d’orientation
Devant le conseil des ministres, le 20 février, V Peillon a rappelé que le numérique est « au coeur du projet de loi ». Deux articles du projet de loi y font référence ainsi qu’une partie de l’annexe. La loi prévoir de « mettre à disposition des écoles et des établissements d’enseignement des services numériques permettant de prolonger l’offre des enseignements qui y sont dispensés et faciliter la mise en oeuvre d’une aide personnalisée aux élèves » ; de « proposer aux enseignants des ressources pédagogiques pour leur enseignement, des contenus et services destinés à leur formation initiale et continue ainsi que des outils de suivi de leurs élèves et de communication avec les familles » et enfin « d’assurer l’instruction des enfants qui ne peuvent être scolarisés dans une école ou dans un établissement scolaire ».
L’annexe définit le service public numérique come organisant » à destination des élèves et des enseignants une offre de productions pédagogiques numériques à finalités éducatives, culturelles ou scientifiques. Il met aussi à disposition des enseignants des ressources pédagogiques, des outils de suivi de leurs élèves et de communication avec leur famille, ainsi que des contenus et services destinés à leur formation initiale et continue. Ce service permet, enfin, d’assurer l’instruction des enfants qui ne peuvent être scolarisés en établissement ». enfin « un réseau social professionnel offrira aux enseignants une plateforme d’échange et de mutualisation ».
Au conseil des ministres
Devant le conseil, V Peillon a précisé trois chantiers. A destination des élèves, il a annoncé la mise en place d’un service d’aide personnalisée aux élèves en difficulté touchant 30 000 élèves dès la rentrée 2013 ainsi qu’un service d’accompagnement à l’apprentissage de l’anglais à l’école primaire développé par le Cned. Pour les parents, c’est une aide à l’apprentissage de la lecture qui sera développée par le Cndp. Enfin pour les enseignants, le ministre annonce « une offre de ressources pédagogiques culturelles et scientifiques » proposée par les grands établissements nationaux. Ces trois annonces concrètes rappellent des projets ministériels avortés sous les gouvernements précédents (par exemple le grand service de ressources scientifiques ) ou des services déjà sous-traités par les collectivités territoriales (l’aide aux élèves).
Vers un réseau social professionnel ?
Les nouveautés sont donc pour plus tard. Parmi elles, le ‘réseau social professionnel » a été présenté le 20 février par Jean-Marc Merriaux, directeur général du CNDP, lors de la Social Media Week organisée par Serious Game Lab. JM Merriaux prépare une « plate forme de contenus » avec des éditeurs (Belin, Beebac par exemple) avec des fonctionnalités sociales. Ce réseau doit accompagner « une révolution manageriale » dans l »éducation nationale , c’est à dire un nouveau management à tous les niveaux : des personnels mais aussi dans la classe et dans l’établissement.
Une nouvelle direction du numérique ?
Quelle place pour ce « service public de l’enseignement numérique » dans l’organisation du ministère ? Depuis plusieurs jours, le bruit court d’une réorganisation de l’administration centrale avec la création d’une direction du numérique. Actuellement il n’existe qu’une sous-direction qui partage le numérique avec d’autres tâches. La réorganisation administrative symboliserait l’importance nouvelle accordée au numérique. De façon toujours non-officielle, on dit que l’annonce pourrait en être prochaine. Plusieurs noms circulent pour prendre la tête de ce service. Par exemple celui d’un conseiller du ministre.
François Jarraud