Le Tour de France du numérique pour l’éducation s’est arrêté à Caen le 20 Février. Quatre nouveaux enseignants innovants, invités par le Café Pédagogique, ont pu échanger sur la façon dont le numérique participe à la construction de projets ambitieux. Dans les dispositifs qu’ils encadrent, ces enseignants ont pu s’apercevoir que cet outil peut favoriser la mobilisation des élèves en donnant du sens et une saveur particulière aux apprentissages.
Gérald Koncz, professeur de technologie à Ducey, a choisi de créer une station météo à l’aide des composants domotiques vus en classe. En inscrivant cette initiative dans le cadre d’un concours « 100 défis pour ma planète » et en établissant un partenariat avec la fondation C.génial, il a réussi à mobiliser ses élèves autour de ce projet. Ceux-ci ont eu à suivre de nombreuses étapes avant la mise en place de cette station : De l’étude initiale, à la réalisation de programmes en passant par l’achat des composants. Cette dynamique de projet a permis de travailler de nombreuses compétences : gestion d’un projet de A à Z, choix du chef de projet, compréhension du rôle et de l’importance de chacun et l’apprentissage du travail collaboratif pour atteindre un but commun. « L’intérêt du numérique dans le projet est double : motiver les élèves en réalisant une partie très concrète et très visuelle puis travailler en petit groupe de 6 élèves très dynamique. »
René Fixe, professeur de Lettres modernes en collège à Caen, a décidé de réaliser la première édition numérique scolaire d’un classique européen de la littérature dramatique : L’Eveil du Printemps de Frank Wedekind. Après un travail en classe sur la découverte du texte, travail sur la biographie de l’auteur, sur un synopsis de la pièce, puis découpage en « plan de travail », les élèves proposent : une aide à la compréhension (vocabulaire), un paratexte (questions de compréhension, de grammaire…), un dossier historique permettant de contextualiser le texte, une transposition de la situation dans un cadre contemporain. La conception éditoriale et graphique de la première édition numérique de cette œuvre, réalisée avec les moyens TIC de l’établissement est un challenge que les élèves tentent de relever.
Youri Tinard, professeur de Lettres et Histoire-Géographie en lycée Professionnel à Coutances, a décidé de faire parler ses élèves et faire qu’ils s’écoutent. Il s’agit d’investir les élèves sur la conception d’émissions de radio et aussi, en parallèle, d’alimenter un blog associé à celui de l’établissement. L’idée est aussi de travailler sur les événements organisés par les professeurs du lycée et les élèves (concours général des métiers ou cross du lycée) pour faire connaître le lycée. « Le bilan peut se présenter de différentes manières. Pour l’enseignant, l’utilisation de ressources numériques est indéniablement un facteur de motivation pour le cours. L’installation matériel, le projet d’intégrer la parole des élèves sur le réseau internet motivent les élèves, notamment ceux qui sont le plus éloignés de la culture écrite et scolaire. Pour les élèves, on revient à des fondamentaux : poser des questions, rédiger un texte de présentation, se documenter, ne pas se tromper car ce qu’on dit est diffusé à l’extérieur de la classe. Enfin, valoriser leur parole et faire que ce ne soit plus l’enseignant l’acteur du cours mais l’élève. Nous pouvons ainsi travailler en équipe avec les élèves, avec des enjeux et cela change la relation prof-élèves, ce qui est franchement bien. »
Frédérique Yvetot, professeure documentaliste à Saint Martin des Champs participe à la création de l’option numérique qui fera suite à l’atelier « informatique et culture numérique » mis en place cette année pour un groupe d’élèves de 5ème, une heure par semaine. Cet atelier est mené par un enseignant de physique, un enseignant de mathématiques et l’enseignante documentaliste. Il porte sur une initiation à la programmation informatique (définition – les variables – les calculs – les conditions – les boucles informatiques), l’utilisation de logiciels de géométrie dynamique et enfin sur la connaissance des réseaux sociaux numériques (définition, identité numérique, paramétrage, droits et devoirs, charte d’utilisation).
« Le numérique existe, les élèves l’utilisent beaucoup et il n’y a pas de raison pour que cet outil ne rentre pas l’Ecole. Il est important de partir de leurs pratiques de façon à faciliter la transmission »
Sur cette nouvelle étape du TDF du numérique pour l’Education, force est de constater qu’en s’engageant dans les projets où le numérique occupe une place centrale, on peut favoriser l’engagement des élèves dans les apprentissages. En reliant les savoirs à un projet concret tout en prenant conscience de sa responsabilité Numérique, l’élève peut parfois dépasser ses inhibitions. Ces 4 expériences menées dans des champs disciplinaires différents nous montrent qu’intégré à une stratégie globale de mise en activé des élèves, le Numérique permet de lever les résistances, le désintérêt de certains.
Prochaine étape, le 6 Mars, à Rouen, puis Rennes, Bordeaux et Strasbourg. Ce sera encore l’opportunité de faire de belles rencontres et d’avancer ensemble sur les chemins d’une « Ecole de la bienveillance » à l’écoute d’une société qui change et d’élèves en pleine mutation. Vous pouvez vous inscrire pour découvrir les projets des enseignants innovants ou pour présenter votre propre projet.
Aurélie Badard