Avec un nouveau numéro de « Pisa à la loupe », l’OCDE rappelle que les familles populaires ne sont pas condamnées à avoir de mauvais résultats scolaires. Les écarts de performance entre catégories sociales peuvent être très faibles. Mieux encore ils peuvent être réduits rapidement. Un rappel qui tombe à pic au moment où le gouvernement veut prendre des mesures qui favorisent l’intégration comme… la réforme des rythmes scolaires.
Aujourd’hui dans les pays de l’OCDE les enfants des familles populaires ont deux fois plus de chances que ceux des milieux privilégiés d’avoir de faibles performances en lecture. L’écart moyen entre ces catégories est de 88 points, soit plus d’une année scolaire. Mais cette situation n’est pas identique entre les pays. Certains connaissent un faible écart entre failles populaires et favorisées. C’est le cas par exemple du Canada, de la Finlande, de la Norvège ou de Hong Kong.
L’écart entre enfants de riches et enfants de pauvres est-il une fatalité ? Pour un pays comme la France où l’écart de performances entre groupes sociaux est au dessus de la moyenne de l’OCDE, la question de l’évolution de cet écart est intéressante. Des pays ont-ils réussi à réduire l’écart ? La comparaison des résultats de Pisa 2000 avec Pisa 2009 permet de répondre affirmativement. Des pays réussissent à élever leur niveau de performance général tout en réduisant l’écart entre riches et pauvres. Pisa à la loupe cite en exemple, parmi d’autres, l’Allemagne.
L’impact des rythmes scolaires. Secouée par ses mauvaises performances dans Pisa, l’Allemagne a entrepris des réformes structurelles. Elle a remis partiellement en question l’orientation précoce. Elle s’est surtout attaquée au temps scolaire en remettant en question les après-midi libres. Des crédits ont été débloqués pour que les enfants ne soient plus livrés à eux – mêmes l’après – midi. Dans la moitié des écoles les rythmes scolaires ont bougé.
Dans le cas de la France, un marqueur important de l’inégalité est l’immigration. Qu’elle soit de 1ère ou de 2de génération, être un enfant d’origine immigrée signe un écart négatif de performances. Autrement dit, pour que le système éducatif de la France cesse d’être plus injuste que dans la moyenne des pays de l’OCDE, il faut agir sur l’intégration des enfants issus de l’immigration. Cela passe par l’aménagement du temps scolaire. Cela passe aussi par une autre politique d’éducation prioritaire. D’ores et déjà on sait que ce sont dans les zones défavorisées que V Peillon veut installer la scolarisation avant 3 ans et le « plus de maitres que de classes ». En attendant ces déploiements il reste une certitude : l’Ecole peut devenir moins injuste socialement. Mais il faut vraiment le vouloir.
F. Jarraud