Au CRDP de Lille, le 13 février, l’expression « mutualisation des pratiques » prend tout son sens. La deuxième étape du « Tour de France du Numérique pour l’Education » propose les projets de 4 enseignants innovants invités par le Café Pédagogique. Avec les ateliers, les visiteurs découvrent une partie des potentialités du numérique en matière d’éducation.
Marie-Hélène Fasquel, professeure d’anglais au Lycée Giraux Sannier à Saint-Martin-Boulogne, s’est lancée dans la création de livres électroniques sur l’environnement. Elle a choisi l’utilisation d’outils du Web 2.0 en anglais dans un contexte de partage et de collaboration avec des partenaires européens. Grâce à ce dispositif, les élèves de seconde qui participent à ce projet ont pu progresser dans les cinq activités langagières mais en particulier en expression écrite dans une perspective actionnelle et internationale.
Pour Marie Hélène Fasquel, « La réussite la plus importante de ce projet est celle de la prise de conscience des problèmes environnementaux. Celle-ci découle d’un travail de groupe et d’une utilisation optimale des nouvelles technologies au service d’une cause. L’innovation réside dans la responsabilisation entière des élèves et dans leur implication personnelle du début à la fin du projet, dans un espace-blog européen et dans un esprit de coopération. L’ambition du projet a su leur donner une ambition personnelle qui est déjà perceptible dans les travaux mis en ligne et les progrès conséquents. »
Christelle François, professeure d’Histoire-Géographie au CFA chambre des métiers et de l’artisanat à Tourcoing, et Delphine Desmet, Ingénieur pédagogique multimédia, mènent une expérimentation auprès d’un groupe de 25 apprentis en CAP. Cette démarche d’ouverture culturelle à travers le réseau social twitter, amène les apprentis à préparer leur dossier d’Histoire Géographie qui sera soutenu oralement à l’examen du CAP en y intégrant la recherche d’informations culturelles et en les invitant à réagir à celles-ci grâce au réseau social. « C’est une vraie réussite. Les élèves retravaillent le programme, font le tri dans leurs connaissances. Ce projet les pousse à sortir du cadre purement scolaire et à être plus rigoureux dans la construction de leurs phrases lors de la production d’écrits »
Lucas Gruez, professeur d’Histoire-Géographie au Collège Albert Samain de Roubaix, a choisi d’utiliser le Numérique en impliquant ses élèves dans la construction d’une imprimante 3D « FabLab ». Ce projet construit en plusieurs phases a été un moyen de mobiliser les élèves les plus fragiles et de prévenir ainsi le décrochage scolaire pour certains. Dans un premier temps, les élèves se sont concentrés sur la recherche documentaire sur internet (sites français et anglais) à propos des Fablabs et des imprimantes 3D. Ils ont ainsi rempli un «process book» dans lequel ils consignaient toutes leurs recherches. Outre les grands principes, ils se sont attachés à trouver des objets à réaliser avec l’imprimante qu’ils allaient fabriquer. Dans le même temps, un kit RepRap a été commandé en Allemagne, c’est-à-dire une imprimante 3D open-source qui peut créer des pièces en plastique pour fabriquer une autre imprimante 3D. Des photos du montage ont été faites à chaque séance pour documenter l’avancement. Ce sont les élèves qui ont réalisé les différents aspects du montage : calculs, assemblage, soudures, ils ont également participé à la mise en place de l’interface informatique.
Pour Lucas Gruez, « Le premier bilan est très positif. Les élèves ont pu prendre conscience que compétences et savoirs scolaires ne sont pas des éléments déconnectés et artificiels mais que ce qui est appris à l’École permet de progresser, de construire et de se construire ».
Jean-Michel Chevalier, professeur de Mathématiques au collège Victor Hugo d’Harnes, a crée un atelier « Géométrie / Art » qui s’adresse aux collégiens et plus particulièrement aux élèves de sixième. Il s’inscrit dans une démarche de projet : en mettant en œuvre différentes techniques, les élèves produisent un dessin avec un rendu de haute qualité, digne d’une production d’adulte et donc valorisant. Les techniques utilisées sont aussi bien traditionnelles avec usage des instruments usuels de la géométrie (crayon, règle et compas) que contemporaine avec l’utilisation des outils informatiques (logiciels de construction géométrique et de dessin matriciel ou bitmap). « L’usage du numérique dans le projet Géo|ART permet aux participants, de jeunes collégiens, de parvenir à une qualité de réalisation qui ne pourrait être atteinte avec les outils traditionnels de la géométrie et du dessin. Nul besoin de compétences particulières : la réussite est assurée pour ceux qui font preuve de suffisamment de persévérance. »
A Lille, on a encore pu constater que les enseignants investissent massivement ce nouvel outil dans des dispositifs variés qui répondent aux besoins spécifiques des élèves. Le numérique peut aider à la personnalisation des enseignements et des parcours qui constitue une priorité puisqu’elle contribue à l’égalité des chances.
La semaine prochaine, le TDF du Numérique pour l’Éducation posera ses valises (ou devrais-je dire ses ordinateurs !!) à Caen. Après Caen, ce sera Rouen et Rennes. Nous serons heureux de vous rencontrer pour poursuivre nos échanges et, ainsi, repartir dans nos établissements foisonnants d’idées, d’astuces et avec l’envie de se lancer dans l’aventure du Numérique dans nos classes respectives. Il est encore temps de vous inscrire et même de proposer vos projets !
Aurélie Badard