Etre historien c’est éclairer le présent avec la lumière du passé. Claude Lelièvre se prête à cet exercice avec un soupçon de malice en revenant sur l’histoire des rythmes scolaires et des grèves à l’éducation nationale…
Dès 2009, un rapport de l’inspection générale un an après la suppression de l’école le samedi matin ( et donc en plein ministère Darcos ) n’hésite pas à énumérer les effets néfastes de la nouvelle organisation de la semaine. La fatigue des enfants est désignée en premier, suivie du manque de temps pour les apprentissages ( « De l’avis général des enseignants, le temps manque pour faire tout le programme » ). Les conclusions du rapport soulignent que les enseignements artistiques et de découverte ( histoire-géographie ou sciences ) sont généralement sacrifiés au profit des ‘’fondamentaux’’( les mathématiques et le français ; ce qui alourdit d’autant les journées, est-il précisé ). Le rapport de l’inspection générale indique que « l’évolution souhaitable n’est pas dans le retour au samedi matin, mais dans la scolarisation du mercredi matin, en vue d’alléger la journée de travail ».
Les réactions de deux secrétaires syndicaux selon « Le Monde » du 9 septembre 2009 : « Le Syndicat des enseignants, le SE-Unsa ( qui demande « une mise à plat des rythmes » ) estime par la voix de son secrétaire général, Christian Chevalier, qu’ « il n’est jamais trop tard lorsque la volonté politique est là ». Son homologue au SNUipp, reste réservé sur le rajout d’une demi-journée de travail . « On a raté l’occasion, explique-t-il, et il est très difficile de changer à nouveau ces rythmes qui influent sur l’organisation des familles, mais aussi des mairies pour les centres aérés et sur un multitude d’associations ». Dans le même temps, 67% des personnes interrogées par le CSA pour le sondage de rentrée commandité par le SNUipp se disent favorables à une diminution de la journée scolaire à 5H 30 et à un retour aux quatre jours et demi.
Trois exemples historiques de taux de participation à des grèves nationales dans l’enseignement primaire :
29 janvier 1987 ( pour les salaires, contre des diminutions de postes, et surtout contre le projet d’un statut de maître-directeur initié par René Monory ) : de 75% à 85% selon les écoles d’après le principal syndicat du primaire, le SNI. 45% selon le ministère.
27 janvier 1989 ( pour la ‘’revalorisation’’ des instituteurs, à l’adresse de ‘’Jospingre’’ ! ) : de 60% à 80% selon les départements pour le SNI, 52% selon le ministère.
20 novembre 2009 ( contre la suppression des postes, des RASED, pour le respect des maternelles, à l’adresse de Darcos ) : 69% selon le principal syndicat du primaire ( le SNUipp ), 48% selon le ministère.
Claude Lelièvre