La grève. Combien de divisions ? Les enseignants du primaire seront évidemment divisés entre grévistes et non grévistes. Mais les grévistes eux-mêmes ne semblent pas d’accord entre eux…
Combien de grévistes le 12 février ? Le Snuipp estime que 60% des enseignants du primaire feront grève le 12 février. Avec de fortes inégalités selon les départements, certains atteignant de très hauts niveaux. On attend 80% de grévistes à Paris et Lyon, dans le Gard, le Loiret, le Puy de Dôme ou les Pyrénées atlantiques, 87% dans les Alpes maritimes, 88% dans l’Isère. A coté dans le Gers, le Lot, l’Orne ou la Haute-Savoie le mouvement devrait être pratiquement nul. Ces prévisions syndicales sont contestées par le ministère qui annonce 29% de grévistes.
Les deux principaux syndicats du primaire s’opposent. Le Snuipp, appelle à la grève pour sauver la refondation. « Un échec de la réforme des rythmes fragiliserait la priorité au primaire que nous avons saluée et qui est concrètement attendue dans les écoles… Cette réforme des rythmes insuffisamment préparée relègue au second plan des sujets essentiels pour une meilleure réussite des élèves : révision des programmes, scolarisation des tout-petits, revitalisation de la maternelle, avenir des RASED, Education prioritaire, direction d’école. A nouveau, nous demandons au ministre la mise en place d’un agenda de la priorité au primaire avec ouverture de discussions pour que des premières mesures concrètes interviennent pour la réussite des élèves dès la rentrée 2013 », écrit le syndicat.
Inversement le Se-Unsa, ne fera pas grève, même si certaines sections départementales appellent à l’action, pour défendre la loi de refondation. » Rejeter cette loi, c’est rester sur l’héritage de ces cinq dernières années. Après son adoption, beaucoup restera à faire pour sa déclinaison concrète, mais elle marque des avancées essentielles pour notre système éducatif…. Après 5 années d’une semaine Darcos décriée, après 5 ans de journées surchargées qui épuisent les enseignants et leurs élèves, il est nécessaire d’avancer. Pas n’importe comment ! C’est pourquoi le SE-Unsa exige que des garanties soient données aux enseignants déjà sous pression… Le décret permet aux enseignants de peser sur les choix locaux d’organisation de la semaine de chaque école. Ils craignent de ne pas faire le poids face à des élus trop pressants. Des exemples de désaccord sur une pause méridienne rallongée alimentent ces craintes. Mais le texte est clair. D’une part, le conseil d’école y est force de propositions. D’autre part, ce sont bien les DASEN qui arrêteront l’organisation de chaque école ».
Les autres syndicats manifestants sont contre la loi de refondation. F.O., la Cgt, Sud, la CNT et la Faen rallient tous les mécontents de droite et de gauche et appellent tous les enseignants, primaire et secondaire, aussi à manifester et à faire grève le 12. Ils manifestent pour le rejet de la loi d’orientation. Une loi qui apporte des moyens nouveaux au primaire.
L’opinion publique au défi d’y comprendre quelques chose. On aura donc un drole de cortège le 12 février. Entre un syndicat du primaire qui manifeste contre le gouvernement mais entend garder les avantages accordés par la loi d’orientation et trois syndicats qui sont hostiles à ces moyens nouveaux ? Qui travaillera pour qui ? Il est probable que l’opinion et les médias ne détaillent pas des différences aussi sophistiquées et que l’ensemble du mouvement soit compté dans l’opposition à V Peillon. Mais comment justifier un mouvement contre un ministre qui amène des moyens nouveaux à l’éducation pris d’ailleurs sur les autres ministères ?
Vincent Peillon semble serein. « Il y a un mouvement parce qu’il y a des professeurs qui sont inquiets pour leur organisation de vie », a-t-il déclaré à l’AFP le 10 février. « Tous les adultes se sont arrangés sur le dos des enfants français. Après, ils se plaignent que le niveau baisse! » C’est presque une accusation…
François Jarraud