8 février – 13 heures
Vous voulez du changement ? Peillon a doublement bousculé son administration le 8 février. D’abord en réunissant tous les inspecteurs de l’éducation nationale, qui interviennent au primaire, et tous les directeurs académiques (Dasen) pour échanger avec eux sur la refondation et, notamment, les rythmes scolaires. Cela ne s’était jamais fait. C’est la première fois qu’un ministre parle directement et même échange avec la totalité des IEN. Ensuite en leur tenant un discours à l’opposé de ce qu’ils ont entendu ces dernières années et à quoi ils ont été formés : dans l’éducation nationale ce n’est pas le management qui compte mais le pédagogique. Des propos qui reflètent aussi une certaine angoisse devant les résistances. Jusqu’où son ministère est-il capable de soutenir cette idée ?
Imaginez 1 400 inspecteurs et près de 200 Dasen et recteurs réunis, selon l’ordre hiérarchique, dans un même amphithéâtre. Vincent Peillon a devant lui l’ensemble des corps intermédiaires qui pilotent l’enseignement primaire. Le ministre va utiliser ce temps pour faire passer un discours à la tonalité très républicaine qui tient en trois points : les rapports à avoir avec les enseignants, la nouvelle gestion , leur rôle dans la mise en place des rythmes. Il entend aussi bousculer les résistances et invite fortement les inspecteurs à défendre la refondation.
L’essentiel ce sont les professeurs. Vincent Peillon a nettement invité les inspecteurs à s’emparer du rôle de soutien. « Il faut à la fois tenir le discours de la norme, de l’Etat, et être capable d’adapter nos exigences aux particularités… Les professeurs doivent être reconnus comme étant l’essentiel de ce qui nous fait faire face ensemble ». Cela ne l’a pas empêché de s’en prendre aux « dindons », un collectif d’enseignants hostile à la réforme, jugeant « inacceptable » l’image qu’ils donnent du métier. Mais le ministre demande aux inspecteurs de débattre pas de réprimer. « Vous devez entrer dans ces discussions avec sollicitude… Vous avez beaucoup d’angoisse à lever « .
Une nouvelle gestion ? « Je vois à quel point il y aune crise de confiance dans nos institutions », a déclaré V Peillon. « Nous sommes des pédagogues et nous avons à faire en sorte que la pédagogie soit au coeur de l’éducation nationale dans les rapports entre nous, avec les parents , avec les collectivités locales ». Le ministre a tranché avec les habitudes prises depuis deux quinquennats. « Le management ne ressemble pas à ce que nous sommes. Nous sommes des artisans d’un idéal… Il y aura toujours des fermetures de classes. Il faut être capable de le justifier d’un point de vue pédagogique ». Nouvelle gestion aussi pour les IEN eux-mêmes. « Nous avons du temps. Donnons du temps au temps ce sera donner de l’intelligence à l’action ». Là l’allusion visait directement une autre partie des participants. « Il devrait dire cela à mon dasen », souffle un IEN derrière moi..
Les IEN face aux rythmes. Le ministre invite fortement les IEN à soutenir la réforme. « Ceux qui aiment l’école ont un rendez-vous avec la nation », dit-il. « J’attends que vous alliez au contact avec toutes les collectivités locales… Le décret et la circulaire ne sont pas des corsets ». Ce sont les IEN finalement qui porteront la réforme. « J’ai tenu à ce que vous ayez le dernier mot ». D’après la circulaire ce sont les Dasen qui décideront des rythme au vue des rapports des IEN.
Des inspecteurs attentifs. « Il nous a dit que les inspecteurs doivent être des acteurs majeurs pour la mise en place de la refondation. Donc il faut vraiment entendre la parole du ministre et lui poser des questions », nous dit Patrick Roumagnac, secrétaire général du SIEN-Unsa. « La réforme n’est pas facile à mettre en oeuvre et la pression est bien là », explique Michel Gonnet, secrétaire général du Snpi Fsu. Son syndicat s’inquiète aussi du manque de compétences réglementaires des IEN sur le temps périscolaire. Il souhaite une évolution des rapports avec les enseignants. Mais c’est sur le plus de maître que de classes et sur l’évaluation que les inspecteurs travaillaient en huis clos l’après midi.
François Jarraud